Chapitre 4.2 - rework

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Wassalie

Je marche seule dans la forêt enneigée du Mont O'deidh. Il fait nuit noire. Malgré mon manteau épais et mes bottes fourrées, je tremble de froid. Je ne me rappelle plus comment je suis arrivée là ni ce que je fais là. Le vent et la neige cinglent mon visage rougi tandis que je resserre les pans de mon manteau. Où est ma maison ?

J'avance droit devant, baissant la tête pour me protéger des rafales. J'arrive difficilement au sommet d'un rocher et constate que je me trouve sur le plus haut sommet du Mont O'Deidh. Jamais je ne me suis aventurée jusque-là. La température est trop basse pour y vivre. Chaque inspiration brûle mes poumons. Mes lèvres gercées se craquellent.

Je distingue sur ma gauche une arche ou plutôt ce qui s'apparente aux ruines d'un portail. Au prix d'un effort incroyable, je m'en approche et pose ma main sur un pilier épais. C'est un ouvrage très ancien. Je peux sentir sous mes doigts les reliefs de gravures bien que je ne distingue pas grand-chose dans la pénombre.

Tout mon corps est à l'affut car je ressens un profond mal-être. J'ai le sentiment d'être dans un endroit interdit. Maudit. Mon instinct me hurle de m'enfuir. Mais je ne peux détacher mon regard de cet antique portail dont le sommet semble vouloir se perdre dans les nuages.

J'entends un cognement dans mon cœur qui menace de me faire évanouir. Je tombe à genoux, vidée de toute énergie. Je manque d'air, paralysée. Il y a quelque chose près de moi. Quelque chose de tellement malfaisant que la montagne elle-même semble s'être arrêtée de vivre.

Wa... ssa... lie...

La voix qui a murmuré mon nom gèle mes os.

Je... le...veux...

Donne... le... moi...

Qui... Qui est là ?

Je... le... veux...

Toi... seule... peut... me... le... donner...

Donner quoi ?

Donne... le... moi...

Wa... ssa... lie...

Soudain, je suis transpercée par une douleur fulgurante.

Le hurlement que je pousse résonne si fort que les sentinelles qui montent la garde devant ma porte entrent précipitamment. Je bondis hors du lit, terrifiée et me griffe la peau, tentant d'apaiser désespérément la douleur qui ne me quitte pas. Les deux gardes se lancent un regard inquiet avant de s'approcher prudemment.

— Que se passe-t-il ? me demande le premier. Êtes-vous souffrante ?

Je porte soudain mes mains à ma gorge, privée d'air. Je ressens une pression sur ma trachée, comme si quelqu'un essayait de m'étrangler.

Ma vue se brouille juste avant que je perde l'équilibre et m'effondre par terre.

— Va chercher Diego et dame Mandra ! ordonne un des gardes. Vite !

Le soldat part en courant. L'autre s'agenouille près de moi et m'immobilise, s'asseyant à califourchon sur moi, maintenant mes bras de chaque côté de mon corps.

— Vous allez vous faire mal à vous lacérer de la sorte ! s'exclame-t-il.

Mais j'ai l'impression que l'enfer rampe sous ma peau. J'ai tellement mal ! Je vois mon sang se teinter d'une couleur noirâtre et pulser sous ma peau claire qui décuple ma panique. Je regarde avec effroi ce poison noir remonter le long de mes jambes, de mon ventre, de mes bras. Quelque chose est en train d'essayer de prendre possession de moi. Je peux le sentir dans tout mon être.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant