VI

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Trois semaines s'étaient passées depuis le magnifique sourire de Thomas, rapidement suivi de tant d'autres. Des petites étoiles qui venaient éclairer les nuits de Newt. Et avec les sourires, leur relation s'était considérablement améliorée. Elle s'était épanouie telle une fleur, nourrie de rires et de secrets. C'était une belle amitié, fleurissant au fil des nuits et s'embellissant de rêves en rêves. Car c'était maintenant ça : un rêve. La peur n'existait plus, la monotonie était loin, le brouillard envolé dévoilant un magnifique soleil d'été. Laissez désormais place à la vie, aux sourires et aux belles amitiés qui mériteraient qu'on trinque pour elles chaque putain de jour de cette putain de vie !
Alby lui reparlait à nouveau. Il avait dit "salut" et Newt avait répondu "salut". Il avait demandé "comment tu vas ?" et Newt avait dit "bien". Et Alby avait sourit...
Sa relation amicale avec Minho n'avait pas changé, toujours joyeuse et mouvementée. Si Newt voulait bien donner son avis, il dirait que son amitié avec Thomas était différent de celle qu'il avait avec Minho. C'était plus complexe comme relation, plus difficile aussi : il faisait toujours attention à ce qu'il disait de peur de faire un faux mouvement qui les sortirait du chemin de l'amitié. Car Newt avait la drôle d'impression que d'autres sentiers, plus sinueux et tordus, frôlaient sans arrêt le leur, droit et simple, sans embûche, ronce ou cailloux. C'était très perturbant. Un peu comme quand on s'arrête et qu'on se rend compte que chacune de nos moindres actions a un impact sur notre vie. Et si je loupe mon car ? Si je prends fraise au lieu de pomme ? Si je décide d'aller à droite ? Si je ne lui dis pas bonjour ? Si je refuse ? Si j'accepte ?
Dire ? Parler ? Oser ? Garder ? Courage ? Lâcheté ? Intelligence ? Stupidité ?

C'était la nuit, leur moment à eux et Newt se mordait encore la langue. Il avait failli se moquer du brun et il ne savait pas si ça allait être bien reçu. L'humour et les moqueries se faisaient rares avec eux. Ils oscillaient entre vérités, confidences, faits et honnêté. Ou presque...

"Pourquoi as-tu eu peur ?"

C'est la question de Thomas. Il l'a déjà posée deux fois. C'était la troisième. Newt se mord la langue, il ne sait pas quoi dire et quoi ne pas dire. Il faudrait être franc c'est vrai, mais est-ce que un petit mensonge ne vaut pas mieux que la vérité crue, piquante, pleine de défauts et d'amertume ? Celle qui vous étreint la gorge et vous fait regretter d'avoir oser, celle qui vous tord les entrailles et qui vous verse de l'acide dans la gorge. Ça coule, ça coule le long de votre trachée, ça brûle, ça brûle votre estomac, ça arrache, ça arrache le courage. Là, vous n'assumez plus. Vous avez honte et pourquoi ? On ne sait pas, mais vous avez honte, ça on le sait. Les pieds dans le plat dirait l'expression.

"Pourquoi as-tu eu peur de moi ? Newt ? Ça va ?"

Bien sûr que non ça ne va pas. Es-tu bête Thomas ? Ta question a remué des couches et des couches de souvenirs, qui avaient réussi à rester confiner au fin fond des pensées de Newt. La poussière s'est enlevée, les cartons sont sortis, assume ta peur bon sang ! Sors les souvenirs, décortique-les ! Sors les souvenirs Newt. Sors. Les. Souvenirs.

Quand vous rêvez, vous ne savez pas quand. Vous ne connaissez pas l'intervalle entre le moment où vous fermez les yeux et celui où vous les ouvrez quand commence le rêve. Vous ne vous souvenez même pas du début du rêve. Newt si.
Il sait avoir fermé les yeux. Il connaît le moment où il les a ouvert. Il se rappelle du début. Il se souvient de tout. C'est indélébile dans sa mémoire. C'est marqué, ça reste, pas comme l'encre du style plume qui s'atténue au fil du temps qui passe mais jamais ne repasse.

Il venait d'aller se coucher, il était
23h45 :
Dans un soupir, il enleva son pull et ses chaussettes qu'il lança un peu plus loin. Il ne savait pas où en revanche. Ou du moins, il le saurait le lendemain. Ses volets étaient fermés, les rideaux tirés, son réveil éteint. Pas de risque qu'il se lève à 6h30. En effet, pas de risque. Il se réveillerait à 5h06.

00h00Où les histoires vivent. Découvrez maintenant