Chapitre 5

1K 54 17
                                    


Deux jours et deux nuits, la troisième journée commence alors qu'un rayon de soleil traverse les barreaux qui se trouvent en hauteurs. Ce qui me réveille, mais aussi les autres, n'est pas cette lueur mais les bruits d'un bâton qui tape en répétition sur les grilles. Mes yeux s'ouvrent doucement et je vois Toji qui est debout adossé contre le mur à côté de moi. Depuis notre première nuit, enfin, depuis que nous dormons ici, il n'a pas repris son haori. Je me lève moi aussi puis retire sa veste de mes épaules pour lui donner. Il doit sûrement avoir froid lui aussi. Le jour est supportable puisque nous entrons doucement en période de printemps, mais les nuits restent quand même froide malgré tout. Je m'apprête à lui redonner, lorsque mon père se trouve devant la cellule accompagné d'un samouraï. Celui ci ouvre la grille et entre. Le samouraï de mon père s'approche de moi et attrape mon poignet pour me tirer vers lui afin de me faire sortir de cette prison. J'essaye de me débattre comme je peux mais ses bras finissent par m'emprisonner, me retrouvant immobilisée.

- Lâchez moi !!

Une fois hors de la cellule, il me pose à terre et referme la porte. Je m'approche des barreaux puis les attrape et pose ma tête contre eux. Des larmes commencent à couler de nouveaux alors que je regarde le sol désespérément. C'est à ce moment là que j'entends des pas s'approcher de moi, non pas de derrière moi, mais de devant moi. J'en déduis donc que c'est Toji.

- Je suis désolé, j'ai même pas pu te rendre ton haori. Dis-je en pleurant.

- Je l'aurai pas reprise de toute façon.

- Mais tu vas avoir froid.

- Non, garde le pendant que je ne suis pas avec toi.

- Arrête ! Criais-je alors que le les larmes continuaient de couler. Tu dis ça comme si t'allais mourir.

- Oublie pas, je suis un mercenaire.

Je relève la tête et vois son visage qui est animé par un sourire en coin accompagné d'un clin d'œil. Nous nous fixons pendant un moment avant que mon père m'interpelle. Je lâche les barreaux et recule de la grille à contre coeur pour rejoindre mon père et le samouraï qui l'accompagne. Nous sortons de la prison tous les trois pour rejoindre le palais et lorsque nous y sommes, les fils des Daimyos sont encore là. J'imagine qu'ils vont résider ici pendant un moment, si ce n'est pas déjà le cas. En revanche, là, il a sûrement dû les convoqués. Au moment d'arriver sur l'estrade, le samouraï qui nous accompagnait part et rejoins les gardes. Mon père et moi montons les marchés pour nous diriger vers les fils des Daimyos et au moment où je me retrouve face à eux, ils écarquillent tous les yeux. Hidetada s'approche de moi pour poser une de ses mains sur mon visage et il caresse ma joue avec son pousse. Je ne cache pas que cela me met extrêmement mal à l'aise, le faire devant mon père et les autres fils n'est pas vraiment approprié.

- Que faites-vous ?

- Pourquoi avez-vous pleuré ? Me demande Hidetada

- Pour une certaine raison.

- Puis-je-

- Retirez votre main et la prochaine fois choisissez le bon moment pour faire un tel geste. Le coupais-je en retirant sa main. Si vous voulez bien m'excuser, il faut que j'aille prendre un bain.

- Voulez-vous que je vous rejoigne ?

- Actuellement, j'aurai préféré que ce soit quelqu'un d'autre.

Avant de partir, je les regarde tous un par un pour leur faire comprendre que je ne suis pas du tout d'humeur, mon père compris. Hidetada crispe son visage et lâche un sermon avant que je n'entre. Je me dirige vers ma chambre et prend des affaires pour que je puisse me laver ainsi que me changer aux bains. Je sors de ma chambre pour longer le couloir et une fois arriver à l'extérieur, j'entre dans le vestiaire des bains afin de me déshabiller. Je sors en enroulant mon corps dans une serviette puis pose au final celle ci sur le côté pour entrer dans l'eau brûlante des bains. La chaleur de l'eau me réchauffe et me détend pour une fois depuis maintenant un mois. Je suis enfin tranquille. Ce moment ne dure pas longtemps avant que des bruits de pas se font entendre derrière moi. Je me plonge un peu plus dans l'eau histoire qu'on ne puisse voir seulement ma tête et la personne présente entre dans l'eau. Ce sont des bains publiques alors tous le monde peut y aller, enfin, quand je dis « tous le monde », c'est les nobles et samouraïs qui sont présents dans l'enceinte du palais. Les habitants ont leurs propres bains publiques au Sud de la ville et ils sont donc plus grands. Je reviens alors à la personne en question qui vient d'entrer dans le bain et relève la tête pour voir qui est elle. Même là, j'aurai préféré que ce soit ma sœur. Son corps large et musclés, je dois l'avouer, se tient devant moi puis c'est son regard fixe, qui reste d'abord sur mon visage puis descend au fur et à mesure plus bas sur mon corps. Cet aire de pervert ne le laisse pas indifférent, d'ailleurs c'est ce qui est en partie repoussant dans sa personnalité. Je ne le connais pas assez pour en faire des conclusions hâtives, mais pour l'instant, c'est l'image que j'ai de lui. Hidetada Tokugawa.

TOJI FUSHIGURO Où les histoires vivent. Découvrez maintenant