Chapitre 8.3 - rework

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Hyro

Il n'y a pas grand monde dans les rues d'habitudes animées des quartiers populaires. Il est presque midi. Seules les auberges regorgent de travailleurs et ouvriers qui viennent chercher un peu de repos et de chaleur avant de reprendre leurs ouvrages. Un mélange d'odeurs de poisson, de viande et d'hydromel flotte dans l'air, contrastant avec les odeurs de saleté, de pisse et d'humidité.

Quelques bandits sont dissimulés dans les ruelles les plus sombres pour se livrer à leurs activités illégales. Je pourrais les débusquer facilement grâce à mes sens surdéveloppés mais je ne tiens pas à me faire remarquer et, bon-sang, j'ai déjà assez à faire.

J'atteins enfin ma destination : la maison close de la Rose Ecarlate. De tous les bordels de Myrtha, c'est celui que je fréquente depuis presque quatre ans. À seize ans, j'ai fait la connerie de m'amouracher d'une fille de nobles commerçants qui avaient pour habitude de venir présenter leurs étoffes au palais. Elena, c'était son nom, était du même âge que moi et avait immédiatement succombé à mon charme malgré la froideur permanente que je dégageais. Nous avions pris l'habitude de nous retrouver en secret dans une allée de la bibliothèque royale et elle avait été ma toute première amante.

Au bout de quatre mois, jeune et sot que j'étais, je lui ai demandé d'officialiser notre « relation ». Elle m'a ri au nez avant de de me rabaisser, me rappelant que je n'étais qu'un serviteur du Roi. Depuis, je préfère les bordels. Sans attache. Sans histoire. De toute façon, mes obligations envers le Roi et ma traque des démons occupent tout mon temps.

J'ai rencontré Valeria à la Rose Ecarlate, une Sang-Mêlée sans pouvoirs, un peu plus âgée que moi. Elle est élégante et raffinée, contrairement à la plupart des putains de la ville. Et intelligente. Avec elle, je peux parler librement et m'abandonner. Je n'ai pas besoin de faire semblant. Être juste... Hyro.

J'aperçois enfin la maison close, une bâtisse étroite à plusieurs étages dont le crépis s'est écaillé depuis longtemps. Une rose enflammée est peinte sur la façade, emblème de l'établissement et symbole des esclavagistes de chair à qui appartiennent les hommes et les femmes qu'ils prostituent.

Je suis riche, et plusieurs fois, j'ai proposé à Valeria d'acheter sa liberté. Car elle n'a rien à faire dans un endroit pareil. Mais pour une raison que je ne comprends pas, elle décline chaque fois mon offre. Alors je continue de venir la voir car elle est devenue plus qu'une femme de joie dans ma vie. Une amie. Et une amante.

Erbast, le colosse qui garde l'entrée m'ouvre grand la porte en me voyant arriver.

— On ne vous avait pas vu depuis un moment, Mage, me dit-il en me saluant d'une poignée de main.

— J'ai dû m'absenter quelques mois, je mens.

— Votre présence va réchauffer le cœur de Dame Magaria !

Et sa bourse, je pense.

Car je suis un fortuné, n'hésitant pas à offrir de généreux pourboires à Magaria, la maquerelle de la maison, afin qu'elle traite Valeria avec respect et la protège davantage que les autres filles. Valeria n'en a jamais rien su, mais c'est le moins que je puisse faire pour elle.

Une odeur de tabac, d'opium, d'alcool et de transpiration agresse mon odorat sensible malgré les effluves d'encens et de bougies parfumées. Comme d'habitude, tout est sombre, dans une ambiance tamisée. Des rires surjoués et des gémissements se font entendre de toute part.

Au bout du couloir apparait le grand salon, utilisé pour les représentations, soirées privées, ou les orgies. Deux filles nues sont affalées sur des énormes coussins, à moitié endormies. J'emprunte l'escalier étroit sur ma droite et grimpe jusqu'au troisième étage.

Je longe un nouveau couloir avec de nombreuses portes, certaines ouvertes laissant entrevoir des couples en plein ébats. Je m'arrête devant la chambre de Valeria et frappe trois petits coups puis deux longs. Notre code. J'entends une chaise se renverser au sol et quelqu'un courir vers la porte. Je souris déjà lorsque la jeune femme ouvre et se jette à mon cou. Je l'enlace à mon tour avant qu'elle ne me tire à l'intérieur, refermant la porte d'un coup de pied.

— Hyro ! Mais où étais-tu passé ? J'étais morte d'inquiétude ! s'exclame-t-elle.

— Disons que j'ai fait un long voyage...

— Tu plaisantes ! Je ne t'ai pas vu depuis six mois ! Quand j'ai appris la mort d'Erin... et toi qui avait disparu... J'ai présagé le pire ! J'ai essayé d'entrer en contact avec Diego, mais la sécurité du palais était tellement renforcée que je n'ai pas réussi et... bref ! Ouf ! Je ne sais quoi dire ! Je suis soulagée ! elle termine avant de s'installant dans son divan tout en m'attirant dans ses bras.

Je m'allonge sur elle en prenant garde à ne pas l'écraser et caresse ses jambes nues. Sa peau est douce, comme toujours. Et elle sent bon. Elle porte un genre de nuisette en dentelles courte.

— Tu m'as manqué, Val, je chuchote, impatient et excité.

— Moi c'est ta bouche qui m'a manqué, me taquine-t-elle en guidant ma tête vers sa poitrine.

Je souris avant de poser mes lèvres sur ses seins par-dessus la fine dentelle qui les couvre.

Nous avons pour règle de ne jamais nous embrasser. Pour ne pas franchir une limite qui changerait notre amitié particulière. Valeria est habituée à la sauvagerie et la brutalité. Entre mes bras elle retrouve sa dignité et sa féminité. Je l'ai toujours touchée avec douceur et respect. Elle est mon bol d'air. Et je suis le sien.

Je laisse ma main descendre entre ses cuisses et la caresse lentement avant de glisser un doigt à l'intérieur de son intimité brûlante et déjà humide. Elle arque son dos et gémit en savourant mes mouvements. Je relève légèrement la tête pour la contempler. Même si je ne peux pas voir distinctement son visage, j'en devine les contours. Sa bouche entrouverte, Ses yeux fermés, son visage légèrement crispé sous l'effet de la tension que j'exerce dans son entrejambe. J'admire sa chevelure épaisse et rousse étalée autour de sa tête. Elle est belle. J'en suis certain.

Lorsqu'elle se cambre en hurlant mon nom, ses doigts crispés sur le divan, je dépose un baiser suave sur sa nuque.

— Et bien en tout cas, tu n'as pas perdu la main, murmure-t-elle avant de se lever, légèrement pantelante.

Satisfait, je la regarde déambuler comme un chat avant qu'elle ne me plaque assis contre le divan. Elle défait ma cape, me dévêtit de mon pull, puis déboutonne ma tunique qu'elle fait glisser le long de mes épaules. Elle caresse et embrasse mon torse musclé tandis que ses mains s'évertuent à enlever ma ceinture et mon pantalon. Sa bouche parcourt mon corps, de plus en plus bas. Je pousse un râle lorsqu'elle me prend entre ses lèvres.

Mes yeux se ferment. Ma tête bascule en arrière pour mieux m'abandonner à elle. Elle s'arrête au bon moment, juste avant que j'explose. Elle connait mon corps et mes réactions par cœur.

Puis, tandis que je rouvre lentement les yeux, elle s'assoit sur moi, laissant ma virilité la remplir toute entière.

— Bordel, Val... je marmonne.

Elle sourit. Puis se met à bouger. Pour nous combler. Jusqu'à ce que je crie son nom, moi-aussi.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant