Chapitre 8 : Cinq mille dollars

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Nous sommes samedi. Ça fait une heure que je relis la même ligne en repensant à ma dernière conversation avec lui.

"Je pars demain à Tokyo. D'ici mon retour, je veux que tu réfléchisses sérieusement à ma proposition"

Ce soir-là, j'ai été étonnée d'apprendre qu'il abordait des sentiments pour moi depuis le collège. J'ai été son premier amour. Pourquoi ? Je n'ai pas eu le temps de le questionner. Je me rappelle juste son discours persuasif.

"J'ai réellement besoin d'une assistante compétente. Tu as le profil parfait et ce serait dommage de démissionner à cause d'un type qui n'en vaut pas la peine."

"Le crédit de l'appartement est à ton nom et votre compte bancaire est commun. Si vous divorcez, tu perdras tout."

"Faisons un marché, je me charge de lui et en échange bosse pour moi"

Je me suis renseigné auprès d'un notaire. Si nous nous séparons, je devrais le payer pour récupérer ma part de l'appartement. C'est ma faute. J'avais signé le crédit de banque seule mais j'avais ajouté son nom dans l'acte de propriété. A présent, je suis dans une impasse. Travailler pour J-World n'est plus une option mais une nécessité. J'ai besoin d'un revenu stable pour garder mon logement. Il y a ensuite le problème de Sébastien. Il est au chômage et il possède la moitié de ma fortune. Mentionner le divorce maintenant est désavantageux pour moi et même si j'essaie de le poursuivre pour adultère, la procédure durera des mois. Je soupire et laisse tomber le bloc de cinquante pages. Ce n'est pas si mal de travailler pour Cooper mais je déteste l'idée d'entretenir une liaison avec lui dans le bureau. De base, c'était pour rembourser les dettes et maintenant, ce serait pour me sauver la mise ? Ma fierté ne s'en remettra jamais. Et puis, il est aussi complice dans cette affaire. Il était déjà au courant de sa tromperie et n'a pas eu la délicatesse de m'en faire part avant. Il m'a dupé pour que je signe ce saleté de contrat.

"Qu'est-ce que je dois faire pour que tu daignes enfin à me regarder ?"

Mes joues rougissent à nouveau. Je m'empresse de les taper pour évacuer la chaleur. N'y pense même pas Cassandra. Tu t'es fait berner une fois par un homme, cela prouve qu'aucun n'est digne de confiance. Sois concrète et retiens-le pour de bon : l'argent ne te trahira jamais. J'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir et reprends le livret. Sébastien s'approche, le corps parfumé de gel douche et se penche vers moi pour me parler. Auparavant, notre proximité ne m'aurait pas gêné mais actuellement, je ne ressentais rien d'autre que de la répugnance. Courage Cassandra, joue le jeu !

-Comment avance la mémorisation ?

-Je suis en retard.

En vérité, j'ai déjà tout retenu que ce soit le règlement ou l'identité de tout le personnel. Ce n'est pas difficile. Je me suis enfermé dans le bureau pour accomplir ce miracle. Ça m'a servi de prétexte pour ne pas dormir à côté de lui. Le matin, je pars à sept heures et le soir, je rentre à vingt-et-une heure. Aujourd'hui est le premier jour où nous nous fréquentons à nouveau. Sébastien commence à me masser les épaules. Qu'est-ce qu'il veut ?

-J'ai réservé un restaurant ce soir. Il est temps de décompresser ma chérie.

Ce salaud doit payer son ex-amante pour qu'elle se taise. La question est s'il va me mentir et m'utiliser encore une fois pour parvenir à ses fins.

Le diner est copieux. Je lui raconte brièvement mes nouvelles responsabilités qui consistent en l'absence de la tête de la firme de relire les anciens rapports de réunions, de me renseigner sur les nouveaux projets et les entreprises que nous côtoyons et de réviser mes devoirs.

Signée à l'infidélité - censuréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant