La dépression de l'horizon

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Quand les heures sont sombres,
Que je vire du chien au loup,
Les bonheurs se suicident
Et se jettent par les fenêtres
Comme la peur les submergent,
Ils perdent toute confiance
Et fuient leur douce maison
Pour la livrer aux spectres,
Fantômes blafards et blêmes
Et ombres superstitieuses
Qui s'installent insidieuses
Sur les murs de mon antre
Et forment leur décor
De peine et de tourment.

L'ennui ou bien l'effroi
Alternent leur chanson,
Murmurent leurs maux crispés,
Sur ma peau qui se tanne
Et frissonne sous leurs ongles,
Comme ils viennent la hanter
D'amertume, de regrets,
Ou de remords malsains.
Et tous leurs crissements,
Mourant vers un silence gisant,
Viennent glacer mon échine,
Pourtant striée de sang,
Pour y ouvrir une plaie,
Profonde et ruisselante,
Comme un vautour y vient 
Dévorer sa charogne,
Comme des mouches y viennent
Repaître leur engeance.

Et lentement, si lentement,
Les songes se replient,
En des espaces étroits,
Qu'un maître vil et caché
Vient réduire au chagrin,
En enveloppant de néant,
Obscur et inquiétant,
Ce qu'il me reste de corps
En un cercueil de plomb.

La complaisance culmine
En mon cœur écharpé,
Et la délectation sublime
Nourrit mon asphyxie.
Bientôt l'air lui même
Sera enfin absent,
Et je serais heureux
D'avoir atteint mon rien.

Hauts ébats... et heurts pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant