Le Versant du Soleil (HB tome 3)

5

Alessio

Je méritais la gifle.

Je méritais même une putain de bonne dérouillée... !

Je lui avais dit de la merde et je faisais n'importe quoi. N'importe quoi.

Toute cette colère commençait à me faire peur. Vraiment. Ca dépassait le simple fait d'avoir reçu un baiser, c'était... fort... et je ne comprenais pas.

Il y avait quelque chose là-dessous, quelque chose que je refusais d'aller voir.

Tout ce que je savais, c'était que je devais rester loin de Dani, il le fallait il le fallait il le fallait.

Parce que Chloé...

Parce que... parce que... oh, mon Dieu.

─ Dommage que Dani soit partie, dit Yoann.

─ Elle est pas très bien, en ce moment, soupira Magali.

Elle me regardait, en plus, et il me semblait que c'était avec reproche. Est-ce que Dani lui avait dit quelque chose... ?

Je tournai la tête, honteux, incapable de soutenir son regard.

─ En tout cas, elle embrasse bien, reprit Yoann, les pieds croisés sur la table basse. Enfin, j'ai pu gouter à ses lèvres de miel !

─ Ferme-la, articulai-je entre mes dents.

Yoann m'observa, l'air agacé.

─ Ben quoi ? C'est vrai. Tu sais que j'en rêve depuis que je l'ai vue, je te l'ai dit.

─ Tu vas la fermer, putain ? m'écriai-je, le sang battant à mes tempes. Ca intéresse personne, ce que tu dis.

─ Moi, ça m'intéresse, dit Jules, la bouche pleine de chips.

─ Dommage que c'était juste un Action ou Vérité. J'aurais bien continué.

« Tais toi- tais toi-tais toi » pensai-je.

La bile me montait à la gorge, j'avais trop chaud, je tremblais comme un drogué en manque.

─ Elle a un copain, rappela Soraya en levant les yeux au ciel.

─ Ouais, OK, mais moi je suis libre, j'ai encore le droit de rêver, non ? Si je pouvais, je la dessaperais pour lui montrer ce que je sais faire.

J'entendis Magali pousser un cri strident, et tout à coup, voilà que j'étais à califourchon sur Yoann, en train de lui en envoyer une bonne dans la tronche, puis une deuxième. Il me la rendit derechef. Je n'esquivai que partiellement et le coup, s'il me fit plutôt mal, eu le mérite de me remettre les idées en place.

La « déssaper »? Lui « montrer ce qu'il savait faire » ?! Il se prenait pour qui ? Il était... non, mon Dieu, j'étais pire que lui. Un minable. Il ne faisait que parler...

Moi, j'étais passé à l'acte.

Je l'avais embrassée.

J'étais en colère, je voulais lui rendre la monnaie, mais, mais... j'avais embrassé Daniela !

La panique me gagnait, irrépressible.

« Bordel qu'est-ce qui m'arrive ? » pensai-je, épouvanté.

─ Mais putain Clément qu'est-ce qui t'arrive ? brailla Yoann en même temps, geignard. Lâche-moi.

─ Je t'avais prévenu que si tu parlais encore d'elle, je te défonçais, espèce de petit con.

─ Cette nana te rend fou, mon pauvre vieux ! Tu perds la tête ! Tu m'as dit que c'était OK ! C'est ton ex, pas ta nana.