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31.12

Les exécutifs du Bonten avaient décidés de partir faire la fête, après tout on était le 31 décembre, cette boîte était la leurs et ils n'avaient pas besoin de faire attention à leurs réputation.

C'était pas n'importe quelle fête étant donnée que chacun devait dissimuler son visage, quoi de plus drôle et d'amusant ?

Les membres du bonten disposaient de masques noirs et dorés, permettant ainsi de reconnaître leur statut.

Ran avait enfilé un costume noir et une chemise blanche laissant apercevoir son tatouage qu'il jumelait avec son frère.

Ça faisait environ deux longues heures que la fête avait commencé, et notre exécutif s'ennuyait, ces temps ci il n'était pas d'humeur à ce genre de réjouissance bien que boire et observer son frère s'amuser lui faisait plaisir.

Sur ces canapés en cuir, il commença à devenir mal à l'aise, tout ça lui montait à la tête et comme il arrivait de plus en plus récemment il se mit à penser, trop penser, jusqu'à ce que cela lui soit insupportable.

Sous le regard de son frère il partit au bar, il voulait commander quelques chose de frais, qui l'hydraterait un minimum.

Il s'assit sur un de ces tabourets, à côté d'une jeune fille, qui ne devait d'ailleurs rien avoir à faire ici. Elle avait de courts cheveux noirs et portait un masque cyan et un costume elle aussi, mais gris.

Il ne s'en soucia pas plus et s'apprêtait à commander mais elle s'adressa avant lui au barman :

- Une bouteille de Soho s'il vous plaît.

Ran la regarda, sûr qu'elle fonderait en excuse en voyant qui il était.

Ce ne fus pas le cas, leurs yeux se rencontrèrent seulement et elle lui adressa un sourire poli avant de payer sa bouteille.

Ran la détailla, elle dégageait quelque chose d'étrange, elle ressemblait à un ange mais pas le genre de ceux des mythes, plutôt celui qui possédait des milliers de yeux.

Elle entama sa bouteille, sous le regard améthyste de son voisin

Il prit la parole :

- que dirait tu de partager ? En la buvant seule tu finira saoule.

Elle l'avait regardé, posant sa bouteille.

- qui est-tu ?

Alors elle ne le connaissait vraiment pas ? D'où venait t'elle, sûrement pas de Roppongi..

-.. je suis Ran Hait-

- je n'attends pas cette réponse, recommence.

Il ne comprenait pas, il avait dit qui il était, alors frustré il recommença :

- je suis Ran Haitani.

- tu es un idiot, ton nom n'est pas qui tu es.

Il rigola nerveusement, il était pas en état de commencer à réfléchir de cette façon.

Il se décida à lui retourner la question :

- et toi alors ? T'es qui ?

Elle répondit comme si c'était la chose la plus normale :

- je sais pas vraiment, j'y réfléchis

Comment ça ? Elle ne savait pas qui elle était ? Elle était amnésique ? Ou bien tarée ?

Ran était intrigué :

- comment ça ?

Elle soupira, il n'était pas le premier à lui poser la question :

-  écoute, tu trouvera sûrement jamais une question aussi compliquée que celle-ci , les idiots répondront leurs noms ou leurs genres. 

C'est la question la plus compliquée parce qu'elle définit, qui on étais, qui nous sommes et qui nous deviendrons. Il faudrait des années pour pouvoir dire exactement, qui on est au juste-

Cette question définit nos goûts, nos envies, nos qualités et nos défauts. Pourquoi ce serait les autres qui te prendrait ton droit de te définir, tu as toutes les cartes en mains, tu peux devenir qui tu veux.

Tu es  libre d'être celui que tu veux être.

Je dirai que cette question, tu peux en écrire la réponse et la gommer, autant de fois que tu le pourra ..

Il avait écouté avec attention son monologue et son cerveau se mit à le tourmenter, les questions lui revenait en boucles.

Elle voyait bien qu'il était perdu et elle lui passa sa bouteille, afin de partager.

Ran but quelques gorgées puis demanda:

- t'es pas un peu jeune pour être ici la miss ?

Elle avait grimacé, pourquoi lui donner un surnom et pourquoi les gens la rajeunissait autant..

- j'ai 20 ans, j'ai un travail, je peux me le permettre.

Il lui aurait donné environ 16 ans, mais il était maintenant curieux.

- vous travaillez dans quoi ?

- je suis psychologue, et vous ?

Ran avait hésité, comment le dire simplement..

- je suis dans la finance.

Il n'avait pas besoin de lui dire que son travail dépassait les lois judiciaires du pays et qu'il manquait cruellement d'éthique, son travail consistait uniquement à appliquer la loi du plus fort.

Il gagnait à chaque fois.

Il lui suffisait de regarder une personne dans les yeux, pour lui ordonner quoi que ce soit, il jouissait d'une autorité palpable, mais pourquoi n'était il toujours pas satisfait ?

Il avait voulu parler de ses pensées noires avec son frère, qui lui avait rit au nez, il était criminel c'était pas lui qui était supposé avoir des traumas. 

Il s'était alors ressaisi devant son frère, reprenant sa place d'ainé exemplaire, 

Il s'était ressaisi devant les autres membres du Bonten, il n'avait pas le droit à l'erreur, impossible.

Elle le regardait et ça lui était insupportable, son regard était tel un rasoir, il le coupait de haut en bas, c'était comme si elle avait lu dans ses pensées les plus profondes, les mieux cachées.

- Votre travail est surement difficile, vous ne pouvez pas vous permettre de vous tromper, je me trompe ?

Il ne répondit pas à cette question.

- Je suis sur que psychologue est un métier rude, vous devez  être capable d'écouter des choses dures .

Ran était réellement intéressé.

- Il faut savoir dissocier, avoir plusieurs vies Mr. Haitani,  le travail reste au travail et le personnel reprend le dessus lorsqu'on en sort.

Elle but une longue gorgée comme si oublier cette année affreuse était une obligation. 

Il restait environ deux minutes avant d'avoir définitivement changé d'année.

Elle fixa les yeux de son voisin.

- Quelle est ta résolution à toi pour cette future année ?

Il se mit à réfléchir .

- Je vais trouver qui je suis. Et toi ?

Elle souri .

- Vivre .

Le décompte fut lancé et les lumières s'éteignirent toutes .

- Bonne année Haitani .

Il avait entendu ce chuchotement dans son oreille, les lumières s'allumèrent et elle n'était plus là, restait comme trace de son passage, sa carte professionnelle.

" Docteur Murasaki "  

Il se promit de revoir celle qui l'avait fait ressentir un minimum de vie ce soir là.

𝐓𝐡𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐡𝐚𝐯𝐞 𝐚𝐧𝐠𝐞𝐥'𝐬 𝐞𝐲𝐞𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant