chapitre 2 : bienvenue en Sicile [2]

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Syracuse, 13:34

En fin de matinée, la petite voiture rouge de Marcella se gara devant l'immense propriété de leur oncle Gennaro. L'immense villa blanche qui se dressa devant elles rempli Giana de frisson lorsqu'elle sortit de l'automobile en même temps que Marcella. Le souffle court, elle ôta ses lunettes de soleil, ne s'attendant clairement pas à tant d'opulence de la part de cet homme dont les jumelles n'avaient pas arrêté de parler et de vanter sa grande gentillesse durant tout le trajet. C'était beaucoup trop impressionnant pour elle. Dario était si modeste. On lui aurait dit que le propriétaire de cette maison était son oncle qu'elle ne l'aurait pas cru.

Francesca sortit à son tour de la voiture et fit claquer sa portière en la refermant. Giana sursauta, poussant un petit cri aigüe. Une main sur sa poitrine, elle se tourna vers les jumelles qui la dévisageait avec la même tête.

— Tout va bien Gia ?

— Oui ! C'est juste que... j'imaginais pas du tout... ça ! fit-elle en désignant la villa luxueuse.

Les lèvres de Marcella s'étirèrent en un sourire moqueur. Elle savait exactement ce que sa belle-sœur ressentait.

— Vous êtes sûres que nous nous trouvons à la bonne adresse ?

Elles n'eurent même pas le temps de répondre à sa question qu'une voix forte s'éleva au loin, confirmant à Giana qu'elles se trouvaient bel et bien au bon endroit.

— Francesca ! Marcella ! Ciao bella !

Zio Gennaro ! s'écrièrent-elles en chœur.

Giana tentait encore de comprendre ce qu'il se passait que déjà, les filles couraient à la rencontre de l'homme habillé tout en blanc qui sortit de chez lui, brandissant son fédora dans les airs pour les saluer, le visage illuminé d'un immense sourire. A priori, il était tout aussi heureux de les voir.

Un bras posé sur son ventre, Giana remit ses lunettes sur son nez et, à petit pas, rejoignit le trio réuni sous le porche. Dans les bras de leur oncle, Francesca et Marcella souriaient et pleuraient en même temps. L'émotion était au rendez-vous, aucun doute là-dessus. La jeune maman sût qu'ils parlaient de son Dario en vue des condoléances que leur présenta Gennaro, peiné lui aussi par la disparition tragique de non neveu.

Ils se séparèrent à l'arrivée de Giana, qui, un sourire triste, salua Gennaro très respectueusement avec beaucoup de retenue.

Dai ! Pas de ça avec moi ! Viens là ragazza !

Le quinquagénaire balaya ses paroles formelles d'un mouvement de la main et colla deux bises bruyantes sur chacune de ses joues, puis, comme pour se présenter au bébé, posa une main sur son ventre. Son garçon réagit à ce contact en donnant un coup de pied, ce qui fit réagir Gennaro qui poussa un cri de joie, visiblement surpris.

— Oh ! On dirait qu'il est content de me connaître lui aussi !

Giana rit et hocha la tête, en larmes.

— Ne pleure pas ragazza. Ton fils est fort. Il va te donner toute la force dont tu auras besoin et puis, tu n'es pas toute seule, Zio Gennaro est là.

— Merci Gennaro.

— Entrez donc ! Il fait une chaleur terrible dehors ! Entrez, entrez !

À l'abri du soleil et de la chaleur, Gennaro installa ses invités dans son somptueux salon. Luxueux, moderne et épuré, tout s'agençait parfaitement avec le décor exotique et rustique de l'extérieur. Aucune porte ne séparait les différentes pièces de l'étage du dessous si ce n'était de grandes arches en pierre finement taillées dans du marbre. Giana avait une vue imprenable et magnifique sur toute la maison. Elle était époustouflée et agréablement surprise. Toute cette richesse, c'était inattendu. Francesca et Marcella courraient partout comme des petites filles. Leur connaissance des lieux firent comprendre à Giana que ce n'était pas la première fois qu'elle mettait les pieds ici. Elles connaissaient tout le monde, même les domestiques qu'elles saluèrent et prirent dans leur bras avec joie.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant