1.IX

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"J'cartographie tous les orages autour de ton nom porté"

NAËL


Ce matin là, il s'était levé suant, en transe et surtout effrayé.
Il avait passé la nuit à cauchemarder, voyant en boucle l'accident de sa bien-aimée. Il l'entendait au téléphone, comme ce soir là où ils étaient en appel.

Il avait revécu tout l'accident et maintenant, il se retrouvait dans le noir, apeuré comme un enfant de cinq ans. Seul quelques rayons du soleil osaient traverser les volets fermés mais ça n'y changeait rien.
C'était comme si l'on venait de déterrer sa plus grande peur.

Sa respiration sifflait à travers la pièce et on aurait pu croire qu'il allait mourir tant cela semblait pénible pour lui de respirer.
Il était tourmenté, replié sur lui-même, sous la couverture, comme s'il voulait se cacher d'un mal qui se trouvait dans la pièce.

Il tendit le bras avec difficulté pour prendre son téléphone sur la table de chevet. Il se fit violence pour ne pas pleurer, il avait déjà du mal à gérer sa respiration alors il n'avait pas besoin de s'ajouter d'autres problèmes.

Il déverrouilla l'objet, ouvrit la conversation qu'il avait avec la femme qui se trouvait six pieds sous terre et écouta les derniers vocaux qu'elle lui avait envoyé : le 20 Juin 2020.
La veille de sa mort.
Elle était si joyeuse, sa voix était si douce et il était si amoureux.
Est-ce qu'elle aurait été la même si elle savait ce qui lui arriverait le lendemain ? Est-ce qu'elle lui aurait dit la même chose ? Est-ce qu'elle lui aurait fait ses adieux ?

Il n'en savait rien mais il l'écoutait.
Il réécoutait chaque mot, les analysait à un tel point qu'il savait quand elle souriait, quand elle reprenait sa respiration ou quand elle avait ce petit rire qui ressemblait à un rictus dédaigneux mais qui, finalement, n'était qu'un signe qui voulait dire qu'elle était heureuse avec lui, qu'elle l'aimait et ça lui seul le savait.
Il s'apaisa en l'entendant parler, son visage venait se graver dans sa tête et il aurait tout donné pour la revoir une seule seconde.

Une fois qu'il avait écouté tous les vocaux datant de ce jour, il ôta sa couverture et s'assit sur son lit en posant son téléphone sur la table.
Il avait l'impression de devenir fou, il avait besoin de se détendre.

Il réalisait qu'il ne pouvait plus continuer ainsi, il était sur une pente glissante et il sentait que la mort l'attendait en bas.
Ce n'était pas ce qu'il voulait pour lui, il ne voulait pas sombrer dans sa tristesse, ni se noyer dans le flot de ses pensées parce qu'il savait où ça pouvait le mener.

Il resta dans cette position durant un long moment, plongé dans le noir et assis sur ce lit.
Il ne savait plus quoi faire.

Ce fut la sonnerie de la porte d'entrée qui l'extirpa de ses pensées.
Il se leva lentement, comme si son corps était meurtri.
Et peut-être qu'il l'était réellement après avoir fait tant d'effort.

Il se dirigea vers la porte d'un pas lent et la sonnerie continua à résonner dans tous l'appartement.
Ça lui faisait mal au crâne.

Il atteignit la porte et l'ouvrit rageusement, laissant apparaître un gars de la cité.

- Naël bien ou quoi ? Lui dit le jeune homme.

- Tu veux quoi ? Demanda-t-il, un peu en rogne.

- J'viens récupérer un truc d'Isma, c'est lui il m'envoie. Répondit l'ami de son frère.

- Vas-y.

Il se décala pour le laisser entrer, il avait oublié que son frère gérait tout un tas de conneries.
Il se rendit dans sa salle de bain pour prendre une douche.

à nos âmes ébranléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant