Partie I

348 23 47
                                    

De fines gouttelettes d'eau s'écrasaient avec violence sur le verre, avant de continuer leur course le long du bâtiment. Hinata regardait la pluie tomber, le menton posé dans le creux de sa main, las. Ses yeux, d'un miel ambré singulier, n'exprimaient que l'ennui. Il n'avait même pas envie de rentrer chez lui.

Il savait que personne ne l'attendait et qu'une fois le pas de sa porte franchi, il allait retrouver le quotidien morne de sa vie, cloîtré entre quatre murs. Même si son chat lui apportait un peu de réconfort, il se sentait toujours seul. Il n'avait aucun but dans la vie et cela l'ennuyait profondément.

Comme s'il était destiné à être une âme perdue en quête d'action.

Il n'avait jamais vécu de réelle angoisse ; l'action le fuyait et l'amour ne l'intéressait pas. Seule la tristesse avait eu l'obligeance d'étreindre son cœur lorsqu'il s'était retrouvé orphelin, à l'âge de sept ans. La douleur s'est peu à peu ternie au fil des années, laissant le temps à l'ennui de prendre sa place. Maintenant, il regrettait de n'avoir rien eu de palpitant dans sa vie.

À aucun moment, il ne s'était senti important pour quelqu'un, comme si l'humanité cherchait à le fuir. Kenma, son meilleur ami, préférait s'enfermer dans sa bulle de silence et de sérénité, plutôt que de lui parler. Il aurait volontiers donné son âme au diable pour seulement avoir le privilège de savourer une partie de jeux vidéo entre amis.

Hinata se prenait souvent à penser que si son chat pouvait parler, sa solitude serait peut-être moins encombrante.

La sonnerie stridente le tira de ses sombres pensées. Avec des gestes las, le jeune homme rassembla ses affaires dans un sac avant de quitter la salle, ne se donnant pas la peine de saluer le professeur qu'il n'avait écouté que d'une oreille.

Une fois qu'il eut quitté l'établissement, il laissa ses yeux fatigués vagabonder sur la rue. Il n'y avait pas grand monde. Les rares passants qu'il voyait se hâtaient de rentrer chez eux, se protégeant du mieux qu'ils pouvaient de la pluie et du vent avec leur parapluie.

La pluie fouettait les cheveux roux flamboyants de Shoyo, tandis que le vent lui envoyait de l'air frais en plein visage, lui provoquant de petits frissons qu'il accepta avec délice. Si tomber malade pouvait apporter un peu de piment dans sa vie ...

Un léger grattement attira son attention. Il tourna la tête vers la droite et aperçut une silhouette qui se découpait sur le mur d'une ruelle semblant mal entretenue. L'eau qui lui tombait devant les yeux lui brouillait quelque peu la vue, si bien qu'il ne voyait pas avec précision.

Hinata s'apprêtait à continuer son chemin lorsqu'il vit la forme floue tomber à genoux. Il lui sembla entendre un gémissement provenant de cette silhouette. Il s'arrêta au beau milieu de la rue, en proie à un dilemme intérieur.

Devait-il aller voir si tout allait bien ou faire comme si de rien n'était et continuer son chemin ?

Peut-être était-ce un de ces types qui faisait partie d'un gang ; un délinquant donc. Mais en même temps, il pourrait faire partie d'un de ces gars malchanceux qui avait besoin d'aide. Le rouquin se rendit compte qu'il se mordait la lèvre lorsque le goût métallique du sang envahit sa bouche.

Il hésita encore quelques secondes avant de prendre sa décision. Il n'aurait certainement pas d'autres occasions de rendre sa vie un peu plus excitante, alors pourquoi pas ? Il avança d'un pas timide en direction de la silhouette qui avait disparue, avant de raffermir sa démarche et d'apparaître, ainsi, plus déterminé.

Il s'arrêta finalement près du mur. La pluie lui cinglait le visage, si bien qu'il eut du mal à identifier les traces présentes sur le mur au niveau de son ventre. Il écarquilla les yeux lorsqu'il réalisa que c'était du sang. Il suivit les taches. Il put apercevoir une longue traînée du liquide poisseux, ainsi que le début d'une empreinte de main.

Les sévices de ton pardon [KageHina]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant