PDV William
Dans l'immense hall presque aseptisé de l'aéroport, il est impossible de manquer cet être à la chemise hawaïenne, une immense pancarte de la main, en train de sauter dans tous les sens pour être vu. Et évidemment, sur cette pancarte en lettres colorées, presque plus grande que l'homme en question, il fallait que ce soit mon nom, de marqué.
Je grogne, peu ravi des visages qui se tournent vers lui, et ne tarderont pas à nous associer, si tôt qu'il m'aura repéré. Pendant une minute, j'envisage les fuites possibles, mais je connais trop bien l'énergumène. Il me retrouverait même en enfer, si il le fallait.
— WILLIAM !
Repéré. Toutes tentatives de lui échapper sont maintenant vaines, et je ne tarde pas à le rejoindre, avant qu'il ne se mette encore à hurler. Je râle quand il me saute dans les bras, me faisant au passage manger l'écriteau de carton en pleine tronche, mais il n'en a rien à faire.
Parfois, je me demande comment cet être peut partager ne serait-ce que quelques pourcents de mon ADN.
— Te voilà enfin !
— A t'entendre, tu ne m'as pas vu depuis 10 ans. Tu es venu en vacances à Madrid il y a à peine 3 semaines.
— Peut-être, mais tu étais censé revenir la semaine dernière.
Je hausse seulement les épaules, et le suis vers l'extérieur. Je repère bien vite la voiture rouge caractéristique de Charlotte, sa petite-amie. A travers la vitre avant ouverte, elle fait un signe de la main, que je ne lui rends pas. Elle ne m'en tient pas rigueur, tandis que je m'installe à l'arrière, et me prépare à la diarrhée verbale dont va m'assaillir mon cousin si tôt son cul posé sur le siège passager.
Il est tout mon opposé. Avenant, excentrique, haut en couleur. Sociable, aussi. Aucune des qualités que l'on ne peut me trouver, si tant et que ce soient des qualités. Je dirais que cela dépend des jours, et de la quantité de Doliprane que vous avez à proximité. Et pourtant, malgré des caractères diamétralement opposés, nous ne nous sommes jamais quittés. Et il a beau m'agacer, je n'imagine pas qu'il en soit autrement.
— On peut savoir ce que vous foutez ici au lieu d'être en cours ?
— Dis pas merci, du con.
Charlotte me tire la langue dans le rétroviseur, et me tire un sourire. Natt se retourne sur son siège, les dents en avant, débordant de son énergie habituelle.
— On s'est dit qu'on allait t'éviter la présence de Sylvia.
— Ta présence est plus dérangeante.
Au moins, Sylvia n'épuise pas sa salive pour ne rien dire. Et heureusement, car si je supporte mon cousin, je doute de supporter une autre personne de ce genre.
— Et on serait en cours, si tu étais revenu la semaine dernière, comme prévu.
J'ignore la petite pique de Charlotte et m'enfonce sur le siège. C'est bien moins confortable que la première classe que je viens de quitter.
— J'avais besoin de vacances.
La conductrice ricane quand Natt lève les yeux au ciel en se retournant quand elle lui peste de se mettre bien. Il ne reste pas bien longtemps assis correctement avant de se retourner à nouveau.
— Il n'y a vraiment que toi, qui peux te permettre d'arriver avec une semaine de retard à la NSA sans te faire virer.
— On a le même nom de famille, tu as les mêmes avantages.
— Sauf que je ne suis pas un prodige, moi.
Je ne le contredis pas. Natt est bon, dans son domaine. Pour être en dernière année à la NSA, il le faut forcément. Mais il n'est pas autant habité que moi par son art. C'est là toute la différence. Entre une passion, et un besoin vital.
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Amour Muet - Aime-Moi Tome 2
RomansaKanako a mal. Toute sa vie, elle n'a trouvé qu'une seule façon d'exprimer ses émotions avec toute la force dont elles avaient besoin. Chanter. Plus naturel que de parler, pour elle. Ce n'était pas juste une passion. Mais un art de vivre. Une manièr...