Ce qu'ils méritaient de vivre.

Cadeau.

Domaine du bataillon d'exploration, 25 décembre 840.

Les jours étaient passés à la vitesse des flocons qui tombaient dehors depuis quelques temps, c'est à dire, lentement. D'une lenteur tellement effroyable qu'Erwin ne voyait pas son travail avancer, et cela l'agaçait profondément.

C'était la fin de l'année, et les intempéries hivernales ne permettaient pas au bataillon d'organiser d'expéditions. Tous les soldats, y compris les gradés et les vétérans, avaient droit à deux semaines de repos, histoire de reprendre des forces pour la nouvelle année. Mais Erwin était fou de travail, assoiffé de la moindre avance qu'il pouvait prendre dans ses archives. Le repos, il avait horreur de ça, mais tout ce labeur épuisant se lisait dans les traits creux et affinés de son visage. Certes, les effets misérables de son acharnement était visibles, mais par ailleurs, l'administration du bataillon n'avait jamais été aussi en ordre depuis qu'Erwin avait été promu Major, et ça, le blond en était fier, peu importe le prix et l'énergie que cela lui coûtait.

La mélodie instrumentale qui servait de bruit de fond cessa, obligeant le Major à se lever, et à décrocher de son travail, déposant sa plume imbibée d'entre bleue marine sur son socle en ivoire, pour replacer le minuscule diamant au centre du disque qu'il venait de retourner, laissant place au magnifique et impressionnant Requiem de Mozart.

L'envie de retourner à son bureau se dissipa soudainement lorsqu'il fit de nouveau face aux piles interminables de documents posées sur sa table. Il se résigna à ouvrir l'armoire en bois de chêne qui se trouvait sous son tourne-disque, et resta un instant accroupis devant les étagères remplies de diverses bouteilles d'alcool, se décidant finalement à opter pour un léger verre de Whisky pour ce soir là. Il préleva le contenant du meuble, et découvrit une enveloppe blanche qui était dissimulée derrière la bouteille ambrée. Erwin l'a saisit, se rappelant soudainement à quoi elle servait, et à qui elle était censée être remise. L'anniversaire de Levi, c'était aujourd'hui, et cette lettre lui était tout bonnement destinée.

Il se pinça l'arête du nez. Comment avait-il pu oublier l'anniversaire de son propre Caporal? Il regarda par le fenêtre, fixant les étoiles qui scintillaient déjà dans le ciel, rappelant à Erwin qu'il n'était pas sorti de son bureau de toute la journée, et par conséquent, n'avait pas aperçu ne serait-ce que l'ombre du noiraud.

Pourtant, il n'était pas trop tard, et Erwin était bien trop obstiné que pour se contenter de lui remettre son cadeau le lendemain. La question n'avait même pas le mérite d'être posée. Peu importe l'heure, il irait trouver Levi pour lui souhaiter sa fête.

Il analysa son apparence avant de partir de son bureau, passant une main dans ses mèches blondes, et remettant correctement son col de chemise en place. Il devait être plus que présentable, surtout qu'il n'allait pas voir n'importe qui.

Erwin ouvrit la porte, et, alors persuader qu'il tomberait face au couloir plongé dans l'obscurité la plus totale, il vit une petite silhouette devant la porte, croisant les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés. Le blond eut un mouvement de recul, n'étant de toute évidence pas préparé mentalement à voir le noiraud de si vite, et si près, si rapidement.

-"Levi?" dit-il, surprit.

Il ouvrit d'avantage la porte de son bureau, et invita son Caporal à rentrer d'un geste ample de la main. Ce dernier s'exécuta, marmonnant d'inaudibles râlements entre ses lèvres. Levi se dirigea vers le canapé émeraude, dans lequel il s'affala, faisant basculer sa tête vers l'arrière.

-"Tu t'étais enfin décider à sortir de ton trou?" dit-il d'un ton tranchant.

Sur ce coup là, Erwin devait se l'avouer, il n'avait aucune défense. Le travail l'avait emporté sur ses pensées, lui faisant même oublié l'importance de cette journée dédiée à son Caporal. Il placa une main derrière sa nuque, et un sourire niais et désolé se forma sur ses lèvres.