7. Âme partagée (2)

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Une douce odeur de pâte à crêpe berça mon réveil. J'agitais mes pieds sous le drap blanc et tentais de me redresser. Le lit sentait la lessive et l'odeur de Bell semblait imprégnée dans la pièce. Un violent spasme de douleur traversa alors mon bras et mon flanc gauche.

Je gémis, la mâchoire serrée. Mon haut beige était complètement imbibé de sang séché. Il était devenu plus raide qu'une planche de bois et je le soulevais au niveau des endroits douloureux. Mon bras et mon ventre étaient entourés de bandages blancs et de compresses pour absorber le sang et freiner l'hémorragie. Je ne voyais aucune trace d'infirmière ou de policier, et je soupirai de soulagement.

Bell ne m'avait pas emmenée à l'hôpital. Il m'avait écoutée.

Mon tee-shirt raide contre ma peau meurtrie, je descendis du lit avec appréhension. La chambre en désordre, remplie d'antibiotiques et de pansements étalés sur le sol, tourna. Je me rattrapais sur une commode en bois. Les tâches dansantes disparurent au fur et à mesure et je mis un pied devant l'autre avec précision.

Les escaliers faillirent me décourager, mais j'entendais la télévision résonner dans le salon. Bell n'était plus très loin.

Il devait être aux alentours de midi. Le soleil illuminait la grande baie vitrée de la salle à manger. Un grand canapé vermeil trônait face à la télé qui diffusait les dernières informations d'Algore. Évidemment, j'étais la vedette.

- Aucune photo ou vidéo n'a pu être prise pendant l'accident qui n'a apparemment fait aucune victime. Le propriétaire de la voiture est porté disparu. Selon les témoins, il circulait à bord d'un véhicule bleu ciel duquel nous n'avons pas pu relever la plaque d'immatriculation...

Mon cœur manqua un battement. Le parking de Bell était à la vue de tous les voisins !

- La voiture ! m'exclamais-je avec effroi.

Bell bondit du canapé, frisant la crise cardiaque :

- Tina ! Qu'est ce que tu fais debout ?

Je vacillai. Il se précipita à ma rencontre, yeux cernés et vêtu des mêmes vêtements que la veille.

- La voiture...répétais-je en me sentant de nouveau flancher.

Il me traîna jusqu'au canapé en velours. Les pieds relevés sur l'accoudoir, il installa également deux coussins sous ma nuque et s'assis par terre, près de la table de salon, sur la moquette, pour me regarder dans les yeux.

- J'ai rangé la voiture dans mon garage juste après t'avoir soignée.

Je respirai tout de suite plus facilement. Bell avait baissé le son de la télé, mais je n'avais pas fini d'être au centre de l'attention.

- Merci.

Je soulevai alors mon tee-shirt pour dévoiler son bandage.

- Tu as fait ça tout seul ?

- Ma grand-mère était infirmière, confirma-t-il. J'étais un vrai casse cou quand j'étais petit, ça a été l'occasion d'apprendre.

Je restais pensive, n'imaginant déjà pas comment Bellamy aurait pu être un jour turbulent. Lui, ne semblait pas aussi détendu :

- Bon sang, mais qu'est ce qu'il s'est passé Tina ? Tout le monde ne parle que de toi. Tu t'es enfuie du lieu de ton accident, tu as débarqué chez moi, et tu m'as demandé de ne pas t'emmener à l'hôpital !

Il marqua une pause, les lèvres pincées.

- Est ce que tu as quelque chose à te reprocher ?

Je secouai la tête pour la lui vider de tous soupçons :

L'ANTI-HÔTE [Partie 1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant