Chapitre 1

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Tous les sens aux aguets, deux poignards aux lames particulièrement tranchantes bien en main, Achlys avançait à pas de loup dans cette partie de la forêt qui lui offrait une visibilité quasi-nulle. Les arbres se serraient les uns contre les autres, leurs branches filaient vers le ciel et leur épais feuillage d’un vert éclatant formait des arcs au-dessus de sa tête qui peinait à laisser passer la luminosité naturelle. En temps normal, elle savait apprécier la beauté de ce paysage mystique. Seulement, en ce moment, elle devait bien avouer que Mère Nature ne lui était pas d’un grand secours.

Elle s’immobilisa quand un bruit à peine perceptible se fit entendre sur sa gauche. Elle écouta attentivement, tâchant de déterminer s’il s’agissait là simplement d’un animal se trouvant non loin d’elle ou d’une menace humaine. Elle balaya les environs du regard, aussi affûté que celui d’un lynx, mais rien ne semblait troubler la quiétude du bois. L’écorce des arbres continuait de se murmurer des secrets, les rongeurs détalaient sur la mousse verte recouvrant le sol et les buissons fourmillaient de divers petits insectes venus grignoter leurs feuilles.

Elle reprit sa marche, tendue comme un arc, et s’enfonça plus profondément au cœur de la forêt. Plus elle avançait, plus l’obscurité gagnait du terrain et le silence se faisait. Elle n’entendait plus les oiseaux piaillaient joyeusement et sautiller de branches en branches avec un bruissement d’ailes. Pour ne rien arranger, une légère brume opaque progressait dans sa direction. Bientôt, elle s’enroula autour d’elle, tournoyant lascivement autour de son corps aux muscles bandés.

Elle s’efforça de contrôler les battements de son cœur et de garder un rythme cardiaque régulier. Il était essentiel qu’elle reste le plus calme possible et, surtout, la plus concentrée possible. Elle devait garder absolument tous ses sens en alerte, sans que l’un d’eux ne soit importuné par une bouffée d’angoisse.

La brume s’épaissit encore davantage et elle dut changer de tactique. Jusque là, elle avait principalement utilisé sa vision et son ouïe. Or, sa vue ne lui servait plus à rien à présent qu’elle distinguait à peine à quelques mètres devant elle. Achar lui avait apprit à se fier à son instinct.

-Ton instinct ne te trompera jamais, lui avait-il souvent répété. Alors écoute-le.

Et, en ce moment, son instinct lui soufflait qu’elle n’était pas seule dans cette partie du bois.

Quelqu’un rôdait près d’elle et la suivait depuis un bon bout de temps maintenant. Seulement, elle n’arrivait pas à localiser sa position exacte. Aussi rapide et furtif qu’une ombre, il disparaissait avant qu’elle n’est pue le trouver.

Privée de sa vue, elle se focalisa sur les sensations de son corps. Au même titre que l’instinct, les ressentis du corps ne mentaient jamais. Si sa nuque la picotait désagréablement, il y avait fort à parier que quelqu’un était en train de l’observer. Si elle se tendait brusquement, une menace se rapprochait d’elle. Si des coulées de sueurs froides courraient le long de son dos, alors le danger n’était plus que a quelques mètres.

Elle réajusta sa prise sur ses poignards et continua d’avancer prudemment. Dans son dos, son épée battait ses reins à chaque pas.

Soudain, tous les poils de son corps se hérissèrent brusquement. Elle n’eut pas le temps de sonder la brume du regard qu’un homme de grande taille aux épaules carrées sortit de derrière l’imposant tronc d’arbre derrière lequel il se dissimulait. Une  longue épais au manche gravé de symboles représentant des loups en main, il fondit droit sur elle. Elle eut à peine le temps de réagir et de dégainer sa propre épée que, déjà, il était sur elle.

Un intense combat s’engagea. Les attaques fusaient dans toutes les directions, les coups s’enchainaient de plus en plus vite, de plus en plus forts. Les lames s’écrasaient l’une contre l’autre dans un concert de bruits métalliques. Achlys tourna autour de son assaillant. En un clin d’œil, elle avait deviné qu’elle ne devait, sous aucun prétexte, se retrouver au corps-à-corps avec lui. Il n’était pas beaucoup plus grand qu’elle mais la puissance qu’il mettait dans ses coups d’épée lui indiquait qu’il aurait facilement le dessus en cas de combat rapproché. Elle avait beau être entraîné au combat depuis des années maintenant, elle ne pouvait rivaliser avec autant de force.

AU NOM DE LA LOYAUTÉ, LA VENGEANCE VIENDRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant