Le temps commençait enfin à se réchauffer. L'air se faisait beaucoup plus doux de bon matin, et Ray Devereux, le shérif du comté de Ventura (Californie, États-Unis), conduisait sa voiture d'une main, l'autre étant hors de la fenêtre et occupée à sentir le vent frais du matin se glisser entre ses doigts. La voix de l'indétronable Vera Lynn résonnait dans l'habitacle de sa voiture. Cependant, il ne parvenait pas à se détendre. Il fallait dire qu'un appel aux aurores l'avait sortit de son sommeil, tout comme sa femme et qui avait faillit réveiller baby Maribel, la petite dernière de la fratrie, qui avait à peine un an.
Sa femme lui avait fait les gros yeux alors qu'il s'extirpait difficilement de ses draps. Avant de quitter la chambre, il avait entendu sa femme pousser un soupir d'agacement avant qu'il ne l'aperçoive attraper son oreiller pour le rabattre sur ses cheveux, comme pour se couper de tout dérangement extérieur. Ray s'était mordu la lèvre. C'était un coup à ce qu'elle passe une soirée sans lui adresser la parole, jusqu'à ce qu'il lui offre des fleurs pour se faire pardonner.
L'appel qui l'avait réveillé le perturbait. Son collègue ne lui avait pas vraiment précisé de quoi il s'agissait réellement. Il avait juste comprit trois corps, et il n'avait pas fallu une seconde de plus pour que Ray ne se précipite sur son uniforme et son badge. Maintenant, il était les yeux rivés sur la route, une cigarette coincée dans entre ses lèvres et sa voiture filant au sud, tout droit vers Creek Road. Repérer les lieux du drame ne fut pas vraiment difficile ; une ribambelle de voiture de police étaient garées sur une bonne partie de Creek Road, à des espaces réguliers.
Ray s'arrêta devant la première, baissant sa vitre mais sans descendre. Il salua l'officier qui se trouvait là, un peu en retrait, avec son calepin et un stylo à la main. Il interrogeait un témoin, hochant régulièrement la tête pour lui faire comprendre qu'il prenait tout en note. Ray siffla pour attirer son attention.
« Shérif ! Le médecin légiste vous attend près du... Hum, du deuxième corps.
Ah ouais, deuxième corps. Très bien pour commencer la journée, dit donc. Ray hocha la tête et continua sa route jusqu'au deuxième groupe de voitures. Il gara la sienne en plein milieu de la route (de toute façon, ça ne dérangerait personne, puisque la route et ses alentours étaient actuellement balisés et fermés au public.
Les policiers présents sur place le saluèrent par politesse, et on lui indiqua les lieux du (second) drame. Ray s'avança dans les bois qui entouraient la route, suivant les balises et enjambant des troncs d'arbres qui avaient été abattus lors de la saison des orages. Le shérif arriva finalement devant l'une des scènes de crime. Il reconnut rapidement Dorothy Dawkins, la médecin légiste, accroupit et penchant sa tête au-dessus du corps, d'une façon un peu morbide.
— Hey Ray, la salua-t-elle avant même qu'elle ne se retourne vers lui, si tu veux vomir fait-le ailleurs, j'ai pas envie qu'on pollue mon spectacle.
Ray roula ses yeux dans ses orbites. Cette femme avait toujours eut un sixième sens un peu macabre.
— Bonjour Deedee.
C'était son surnom presque officiel.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il.
Dorothy se tourna enfin vers lui et sourit à pleine dents, avant de montrer d'une main le corps qu'elle était en train d'examiner. Ray passa ses doigts sur ses lèvres, en constatant l'état du corps étendu par terre. Il était désarticulé comme un pantin à qui on avait coupé les fils. Tous ses membres étaient brisés en plusieurs morceaux, et il aperçu un fémur ressortir grossièrement de sa cuisse.
— Comment ça a pu arriver ? demanda Ray à voix haute.
Dorothy poussa un petit soupir.
— À ma connaissance, ça ressemble à une chute. Ils sont tombés. De très haut.
— Ils sont combien ?
— Y'en a deux autres comme ça, dans le même état. Je peux pas t'en dire plus pour l'instant, mais, ils sont tombés.
— Depuis des arbres ?
Dorothy leva la tête. Autour d'eux s'étendait la forêt à perte de vue, et c'est à peine s'ils distinguaient la cimes des arbres. Juste quelques rayons du soleil levant parvenaient à traverser l'épaisse couche de feuilles et de branches pour mettre en valeur le corps sans vie qui se trouvait devant eux.
— Ça me semble être le plus logique.
— Et l'heure du décès ?
— D'après la rigidité, autour de deux, trois heures du matin.
— Qui monte aux arbres à deux heures du matin ?
Dorothy haussa les épaules.
— Eux, visiblement. Je t'en dirais plus quand j'en saurais plus. On se retrouve à mon cabinet ?
— Ouais, d'accord.
— Et apporte-moi un café, shérif, bien chaud et sans sucre comme je les aime...
Ray tapota son chapeau pour la saluer et il tourna ses talons, s'éloignant de Dorothy.
— À mon avis, fit la voix de Deedee dans son dos, tu devrais interroger Madame Rosenberg, avant qu'elle et sa troupe de monstres ne quitte le comté à la fin de l'été.
Ray soupira.
— Je doute que ce soit utile, aucun d'entre eux n'aurait eu les capacités physiques de faire ça.
— Si tu le dis... »
Ray jeta un coup d'œil derrière lui. Deedee avait reporté son attention sur le corps ; tenant une main inerte dans la sienne pour vérifier l'état de ses ongles.
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Bonjour, bonsoir !
Bienvenue sur cette nouvelle histoire, j'espère qu'elle sera à votre goût.
Pour ce récit, je vous amène dans une toute petite ville, très calme d'apparence, mais avec beaucoup de drama. Après tout, on aime le drama, et on aime l'été. Quoi de mieux pour cette histoire de prendre une bonne citronnade et de déguster les chapitres à l'ombre d'un arbre ?
Je vous souhaite une bonne lecture !
♥︎
— Nano.
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Freak Show [MxM]
HorrorCalifornie, 1939. Dans la petite ville d'Ojai aux États-Unis, il n'y a pas grand chose à faire, surtout en été. Alors que la petite ville découvre avec stupeur la mort improbable de trois jeunes adultes, le shérif doit faire face à un drame tout au...