Chapitre 9

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Dorian

Je croyais réussir à satisfaire mon père. S'il n'y avait pas eu cet accident, je serais accueilli aux puits avec un peu plus de chaleur. Papa n'est pas démonstratif, mais au moins je n'aurais pas la crainte de devoir affronter sa colère. De la pure angoisse court dans mes veines. Il m'a averti assez souvent aujourd'hui. Je dois donc m'attendre au pire. Il n'y a pas que la température de l'habitacle qui me donne des sueurs intenses. Affronter mon père est encore l'une des pires choses à laquelle je dois me soumettre.

J'arrête le moteur et entends la foule scander le nom du premier de ma qualification. Je le félicite et vais ensuite saluer les mécanos qui ont un rôle aussi important que nous dans une course. Les techniciens me remercient et me complimentent à leur tour. Je souris un peu afin de paraître heureux de ma seconde place. Au fond de moi, je sais très bien que ce n'est qu'un réflexe pour retarder le moment. Tous mes efforts de la journée, de la semaine ou même de l'année seront piétinés dès que je me retrouverai en face de mon paternel.

Je me retourne en soupirant et enlève enfin mon casque. J'ai à peine fini que je suis fauché par des bras qui s'enroulent autour de mon cou et une tête blonde qui hurle à mon oreille.

— Tu es le meilleur, beau brun ! Tu te rends compte de la remontée que tu as faite ? Tu es bien le seul qui me fais aimer la course automobile. Bravo ! BRAVOOO !

— Je n'ai pas la pole position, Daryl. Je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat.

Le blond se détache aussi vite de moi que lorsqu'il m'a sauté dessus. Son regard est médusé. Je n'ai rien dit de si extraordinaire. C'est pourtant vrai, je n'ai pas assuré.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Je crois que tu n'es pas dans ton état normal, répond-il avec un regard plus que soucieux. Tu as fait de ton mieux. Si la qualification s'était terminée normalement, tu aurais dépassé ton compétiteur, dont je n'ai même pas retenu le nom. C'était insensé ce que tu as fait. J'ai encore des frissons de folie qui me traversent juste en y repensant. Allez, beau brun, il faut aller fêter ça !

Il me frappe le bras pour me féliciter et nous nous dirigeons vers mon équipe. J'en viens à oublier que je n'ai pas atteint l'objectif de papa et ris de bon cœur lorsque Daryl me raconte ce qui s'est passé de leur côté. Il a une façon adorable de décrire comment il se sentait.

— Je ne comprends pas comment c'est possible que la tête de Carlos tienne encore sur ses épaules. De la manière dont je l'ai secoué, il aurait dû être en mesure d'auditionner pour la nouvelle version du film Sleepy Hollow.

Après m'être bien dilaté la rate, je lui demande de quoi parle ce film.

— Quoi ? Tu n'as jamais vu cette production.

— Quand ce n'est pas la course, je m'entraîne, et quand je ne m'entraîne pas, je dors, rigolé-je encore.

— C'est une vraie honte ! Ce soir, on se le visionne.

— J'ai un couvre-feu, je ne crois pas que ce soit une bonne idée, déclaré-je en arrêtant de sourire. Mon père ne voudra jamais.

— On se fout de ton père, s'exclame-t-il, outré par mon manque de connaissance cinématographique. Tu dois aussi parfaire ton éducation. Je suis un maître en la matière.

Oh non ! On ne s'en fout pas ! S'il savait comment est papa, il ne songerait même pas à lui désobéir.

— Je comprends maintenant pourquoi tu as de si piètres résultats aujourd'hui, lance une voix mauvaise derrière Daryl. Si tu choisis les badineries à ton métier, il ne faut pas s'étonner de tout ça !

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant