Chapitre 11

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Daryl

J'essaie de distraire Dorian autant que je le peux. Le brun finit enfin par céder à mes suppliques de goûter à la crème glacée. Lorsqu'il il engouffre sa première bouchée, ses yeux se ferment. Son visage change d'expression et cela me rassure. Il semble en transe, laissant ses papilles profiter de la douceur de notre collation improvisée. Ce n'est pas humain d'obliger son fils à de tels sacrifices. Sérieusement, ne pas manger de sucre, c'est demander à son corps de survivre sans énergie. Il est pilote, bon Dieu ! Comment cela serait-il compatible ?

Mon beau brun ouvre ses orbes chocolat et m'admire comme si j'appartenais à une caste inatteignable recouverte d'or. Je lui ai fait plaisir, je le vois bien, et cela me rend plus heureux que je ne le devrais. Il ne faut pas que je craque. Dorian est si beau quand il sourit. Ce n'est pas le sourire réticent qu'il m'a lancé toute la journée mais un vrai et franc qui illumine son visage.

Afin de ne pas succomber aux pensées impures qui envahissent mon esprit plus qu'imaginatif, je me lève très vite et finis d'un coup le bol que j'ai entre les mains. Comme je suis impulsif et ne pense pas aux conséquences, je suis pris d'un mal de crâne instantané. J'ai bien trop ingurgité de froid d'un trait et cela m'est monté à la tête. Dorian me rejoint en me voyant serrer les tempes pour atténuer la douleur fulgurante qui envahit mon cerveau. Il ne comprend pas tout de suite, ce qui augmente son inquiétude lorsqu'une lamentation s'échappe de mes lèvres. Il me prend le coude et m'appelle de sa voix inquiète.

— Daryl ?

— Ça va, beau brun, dis-je en me redressant. J'ai mangé à toute vitesse. Ma cervelle a pris un coup de froid.

Surpris, il ne réagit pas tout de suite. Cela ne prend cependant que quelques secondes pour qu'il s'esclaffe de mon étourderie. Que peut-il bien y avoir dans ce rire pour qu'il me rende dingue à ce point ? C'est à mon tour de figer, incapable de retirer mon regard de ses traits relâchés.

Je vais craquer !

Si près de moi, et si inaccessible à la fois. Je veux essayer d'écouter les conseils de Lana, mais cette hilarité est trop addictive. Il me faut trouver autre chose pour ne pas lui sauter dessus comme un adolescent en rut. Mon seul instrument de défense est de lui envoyer un poing dans l'épaule en riant avec lui.

— C'est comme ça que tu me remercies ? Je suis offusqué de ton manque de compassion à mon égard, rigolé-je en prenant son reste de crème glacée. Finalement, c'est vrai que tu ne mérites pas tout ce sucre, tu deviens un vrai démon quand tu y goûtes.

Dorian se redresse, lui qui se prenait les côtes avec une larme de joie au coin de l'œil.

Il reprend son sérieux, comme s'il croyait que je le ramenais à l'ordre. Ce n'est pas ce que je voulais ! Il est tellement contrôlé par son père qu'il n'a même plus le réflexe d'une simple boutade qui se voulait amusante.

— Tout doux, beau brun ! Je ne suis pas en train de te critiquer. Il faut que tu apprennes à te relaxer un peu.

Il passe une main dans ses cheveux. Le pauvre, n'a aucune idée comment se défaire de ce moment malaisant. Il n'est pas question qu'il se sente embarrassé par une simple moquerie. Je décide donc de passer à autre chose.

— Que dirais-tu de faire à manger en ma charmante compagnie ? Je te jure que tu vas adorer mes pâtes. Je peux même te laisser choisir la saveur. Carbonaras ou rosées ?

Il réfléchit longtemps. Que peut-il bien se passer dans cette jolie tête ? Sa réflexion est trop sérieuse pour n'être qu'une décision basée sur ses préférences. Peut-être qu'il n'aime pas les choix que je lui offre. Bien sûr qu'il déteste ! Si son père lui a rentré dans la tête que ce n'est pas bon pour lui, son esprit a associé interdiction avec immangeable.

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant