Hélène continua de me tirer durant trois bonnes minutes avant que je ne parles.
- Maya veut me voir à ce point ? On s'est rencontré il y a deux jours seulement !
- Elle veut surtout voir la femme qui lui a sauvé la vie et celle de sa fille., dit-elle, sans me regarder.
Le rouge me monta aux joues.
- Tu exagères. J'ai juste...
Hélène s'arrêta brusquement et me jeta un regard lassé. Toute ma bonne humeur s'évapora.
- Non je n'exagères pas Iris. Les médecins lui ont confirmé qu'elle avait eu de la chance de t'avoir même si tu n'avais pas les mêmes capacités qu'une sage femme. On lui a dit que sans ton intervention, le bébé serait resté coincé ou qu'il aurait pu mourir de froid car on aurait pu ne pas penser à l'envelopper rapidement, expliqua-t-elle sans me lâcher du regard. Tu n'as peut-être pas fait « grand-chose » ( Hélène mima des guillemets ), mais c'est plein de petits détails qui ont fait que Maya est encore vivante aujourd'hui.
Je ne répondis pas, me contentant de la dévisager fixement. Mon cerveau n'arrivait pas à assimiler ce qu'elle venait de dire. J'avais sauvé la vie de Maya ? Et celle de sa fille ? En lui disant jute de rester calme ?! C'était complètement absurde, bien qu'une partie de moi était convaincue qu'Hélène ne me mentirait pas sur une chose pareille. Voyant qu'elle me regardait, attendant visiblement une réponse de ma part, je bredouillais.
- Je...ha bon ?
Ma voix était enrouée, et je ne réalisais toujours pas. Un petit sourire naquît sur ses lèvres quand elle remarqua que j'étais incapable d'articuler un mot. Hélène s'empara de nouveau de ma main et recommença à me guider. Sa poigne était plus ferme que tout à l'heure, comme si elle essayait de me rassurer. On déambula à nouveau dans ce palais, jusqu'à atteindre une petite porte. Je perçus alors le doux vagissement d'un bébé et, sans pouvoir le contrôler, sentit un sourire se former sur mon visage. Ce petit cri signifiait une chose : la fille de Maya allait bien. Hélène accentua sa pression durant une seconde puis me poussa dans la pièce. À peine je fus entrée qu'elle referma la porte derrière moi. Je ne compris pas, car elle aurait pu rester et voir Maya. En parlant du loup...elle ne me quitta pas de ses yeux perçants tandis que je m'approchais d'elle et du petit paquet qu'elle tenait dans ses bras.
- Salut Maya., soufflais-je timidement.
- Bonjour Iris. Comment vas-tu ?
- Ça va bien. Et toi ? Elle te laisse dormir un peu ?
Un sourire illumina son visage à la mention de sa fille. Maya baissa les yeux et dit.
- Pour l'instant, il dort bien.
Je me figeais un instant avant de me pencher pour voir de plus près le nouveau né.
- Comment ça IL ?
- Il faut croire que tu as besoin de lunettes puisque j'ai accouché d'un petit garçon, se moqua-t-elle, une lueur taquine dans le regard.
Mes joues s'enflammèrent. Mais quelle cruche je fais vraiment ! Pas réussir à distinguer une fille d'un garçon, non mais faut le faire !
- Bref ! À part mon évident problème de vision, il a un nom ce petit bout ?, enchaînais-je, désireuse de changer de sujet.
- Je ne pouvais plus l'appeler Iris, donc j'ai choisi Luke., me répondit Maya.
- C'est magnifique, assurais-je en tendant mon doigt vers le petit poing du bébé.
Il ouvrit sa main et la referma presque aussitôt sur mon index. Un bonheur sans nom m'envahit en pensant à ce qui aurait pu se passer si Maya lui avait donné naissance sans aide médicale. Mais pour être honnête, je l'enviais un peu d'avoir un magnifique petit bout de choux à câliner. Une image surgit dans ma tête. Une vision de moi, dans un lit d'hôpital, avec un paquet similaire dans les bras et à mes côtés...
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Le Prince Sans Couronne
PertualanganLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...