00h00

VII

C'est décidé Newt est un abruti. Abruti d'amour oui aussi, mais un idiot tout de même.

Je ne te ferai aucun mal tu sais ?

Mais oui il le savait ! Il le savait par cœur sans l'avoir appris, il connaissait aussi bien que les dates des guerres mondiales, que deux plus deux égal quatre et que Thomas... Que Thomas était Thomas et que jamais il ne lui fera du mal. Enfin... il croyait... il espérait. Car c'était difficile vous savez. Difficile de se dire que le cauchemar du début était le même que le rêve de maintenant. Ou peut-être était-ce Newt ? La peur de Newt, l'angoisse de Newt, la lâcheté de Newt, le Newt. Un peu de tout, un petit mélange nocif qui ronge le cœur du blond trouillard.
C'est con quand même ce que la peur nous fait faire... Et si au lieu de s'enfuir il était resté ? Et si il avait cherché à le connaître, à le savoir au lieu de se réfugier dans l'ignorance et ses prétendues connaissances ? Et s'il s'était refait une planète ? Parce que c'est bien connu qu'avec des si on refait le monde. On se refait même, en espérant, en croyant que la nouvelle version, celle qu'on ne sera jamais, sera meilleure. Ah doux espoir... Emporte mon cœur vers des contrées imaginaires où tout est mieux que la pauvre vie dans laquelle je suis coincé ! Emmène-le vers ses rêves où quelqu'un qui l'écoute l'attend. Enlève-le vers Thomas, si tu entends.

Je t'aime un peu trop pour oser je crois.

Enlevez le je crois et ça lui allait bien ! Même si Newt aussi, il croyait beaucoup.

Je t'aime un peu trop pour oser.

Et que con il était Newt ! Il aurait eu tellement le temps de lui répondre ! Il ne savait pas trop en réalité... Il ne savait plus. Mais bon dieu Thomas ! On ne pars pas sur une bombe pareille ! Une bombe qui a fait éclater le petit cœur fragile de Newt et envoyer des débris partout dans sa tête qui lui coupent les pensées pour installer Thomas partout, tout le temps. Il ne pense qu'à lui ! Quoi le cours de français ? Oui il est en cours de français. De quoi parle la professeur ? Il ne sait pas. Il a Thomas dans le cerveau je vous dis !

Je t'aime un peu trop.

Lui aussi il t'aime un peu plus que l'amitié ! Merde Thomas, il n'a pas pu te le dire ! Quel idiot Newt, quel abruti ! Tu le sais pourtant que le temps est court, qu'il passe sans repasser et qu'il emmène tous les non-dit, tout ce que tu n'as pas osé dire et que tu n'avoueras jamais ! Ah Newt quelle occasion manquée !

Je t'aime.

Merde Thomas... Merde. Il ne t'a même pas dit qu'il t'aimait... Que la journée se termine vite pour qu'il puisse lui dire. Et dire que ce n'était que la première heure... Newt soupira. Bon dieu qu'on l'achève.

¶

9h01
9h15
9h37
10h03
10h26
10h47
10h48
10h49
11h00
11h07
11h14
11h31

"Ça va Newt ?"

Le blond releva la tête. Qu'est-ce qu'il a, Alby à le regarder comme ça ?
Ni non, ni oui, il hoche la tête. Alby n'insiste pas mais regarde étrangement Minho. Newt ne le voit pas, Newt ne voit pas grand chose d'ailleurs.

Ils entrent dans le self après une quinzaine de minutes d'attente. Quinze minutes un peu pesantes où chacun fait mine de ne pas voir les liens s'étirer et s'éloigner, les blancs qui s'y installent dans ces vides autrefois comblés de rires et de sourires. Ils entrent dans le self, prennent leur plateau. Celui de Newt est presque vide. Ils prennent leur plateau, cherchent une place. Le self est bondé. Les gens rigolent. Ils cherchent une place, ils trouvent une table pas au centre, pas collée aux murs, un entre-deux.
Ils s'assoient. Les gens parlent. Les gens parlent toujours. Sauf eux. Eux, ils ont trop de choses à dire, trop de secrets. Les gens ont des secrets. Mais les leurs dépassent les mots. Ça va plus loin, ce sont les sentiments : Culpabilité, Honte, Tristesse, Regrets, Remords qui bouffent le cœur.