Les fées.

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Mélissa aurait pû être une jeune femme tout à fait normal avec une vie tout à fait banale. Reste alors à définir la "normalité".

Personne n'aura oublié le jour R, le jour de la Révélation. Ce 14 mai 2016, où ils se sont ouverts au monde, ces créatures jusqu'à lors considérées comme fantastiques. Un coming out en quelque sorte.

Mélissa ne faisait pas partie de ces espèces. Ce n'est pas pour autant qu'elle était une humaine ordinaire. Après tout, elle n'était pas humaine du tout. Ni elle, ni ses parents, grands-parents et autres ancêtres avant eux. Mais son peuple avait décidé de rester caché, ils n'étaient pas du même avis que ces Loups garou brutaux, de ces sorcières malicieuses ou encore autres gobelins friands de fortunes. Non, les fées avaient préféré, comme d'autres, ne pas confirmer leur existence aux humains banals.

Si bien qu'il est important pour la suite de cette histoire de préciser quelques petites choses. Premièrement, n'allez pas croire qu'une fée est un être minuscule et sans défense. Non, elle est aussi humanoïde qu'un humain normal. Bon, si l'on regarde vraiment de plus prêt, il est possible de distinguer une oreille un peu plus pointus qu'à l'ordinaire... Mais, vous pourriez passer des heures à fixer son dos, jamais vous ne percevrez ses légendaires ailes. Elles sont capables de les dissimuler et elles les dissimulent toujours à la vue des autres peuples. Ces membranes translucides renferment tous les secrets de leurs pouvoirs, de leur espérance de vie et sont capables de merveilles. Un point faible tel le talon d'Achille.

S'il est dit qu'on ne née pas bon ou mauvais, l'adage s'avère complètement faux chez les fées. Dès les premières années de sa vie, on s'aperçoit bien vite dans quel camp se penche la fée. Capable des pires crimes contre l'humanité, les fées peuvent aussi bien être à l'origine du plus beau des miracles...

De ce fait, le destin choisit pour Mélissa fût le bien. Toujours prête à aider son prochain, elle était la femme la plus attentionnée qu'il soit. C'est sûrement ce qui causa sa perte.

D'originaire de la campagne un peu plus au nord, elle s'était installée loin de sa famille suite à un désaccord avec son père. Il y avait toujours eu une petite tension entre eux et le décès de sa mère n'avait fait qu'accélérer son éloignement. Juste assez pour prendre ses pots préférés et débarquer en ville.

C'est ainsi qu'elle se retrouva à travailler au centre ville dans une charmante boutique de fleurs. Émotive, comme de nombreuses Fées avant elle, ses actions en étaient bien souvent impactées. Mais elle n'avait jamais regretté sa décision et était bien plus heureuse ici. Surtout depuis que ce jeune postier s'occupait de la livraison quotidienne du courrier à la boutique.

Lorsque le doux son de la clochette raisonna dans la petite boutique, ce matin-là, Mélissa leva promptement la tête de son bouquet. Si elle ne se méprenait pas, il s'agissait de son visiteur préféré.

Elle s'empressa de lâcher la paire de ciseaux pour revenir au comptoir. Il était là, tenant deux gros paquets dans les bras. Elle le salua chaleureusement et l'invita à déposer les colis sur la petite table. Le facteur remonta sa casquette et elle put contempler ses jolis yeux noisettes. Il lui parla de la météo agréable en ce début de printemps. Ils échangèrent ainsi quelques banalités. Le coeur de la jeune femme se serra lorsqu'il lui souhaita une bonne journée. Ces moments étaient trop courts à son goût, mais elle n'osait pas faire le premier pas. La timidité était son principal handicap, surmonté d'une insouciante naïveté.

Elle le regarda se rapprocher de la porte. Peut-être que demain, elle oserait...

Il se retourna soudainement. Un sourire incertain, il prit une respiration et se lança. Était-elle libre pour la soirée ? Aimerait-elle dîner avec lui dans ce nouveau restaurant au coin de la rue ? Il s'excusa, il ne voulait pas l'importuner, il comprenait qu'elle décline sa soudaine invitation.

Mais elle en mourrait d'envie, depuis le premier jour où il avait franchi le seuil de la boutique. Alors elle accepta, essayant de cacher son enthousiasme. Elle se mordit la lèvre, il ne fallait pas céder à cette vive émotion. Mais dans son dos, elle sentait ses ailes frétiller d'impatience. Il s'éloigna et la jeune fée retourna à ses occupations.

Encore vingt minutes et elle pourrait quitter son tablier. Il lui faudrait encore trente minutes pour retrouver sa demeure. Le plus compliqué allait être de trouver la tenue adéquate pour ce rendez-vous. Tout en étant dans les temps... La ponctualité, ça n'avait jamais été son fort. Mais ce soir, elle devait être au top !

La patronne lui toucha le bras, faisant revenir Mélissa à sa tâche. Il fallait qu'elle finisse la commande avant de pouvoir quitter le travail.

A la fin de la journée, Mélissa arriva légèrement en avance à l'arrêt de bus. Elle aurait pu vite retrouver son jardin fabuleusement fleuri et se préparait au rencard de sa vie.

Mais juste avant que le bus n'arrive, elle aperçut cet homme d'une cinquantaine d'années, chargé de ses paquets. Elle fronça les sourcils et ne fût guère étonnée lorque l'un des sacs se déchira. Les provisions s'étalèrent sur le trottoir. Ni une, ni deux, la jeune Fée se précipita pour venir en aide au malheureux. C'est à cet instant que sa bienveillance la perdue et elle fonça tête baissée dans le piège.

Le mignon postier, lui attendit longtemps encore après l'heure convenu dans ce petit restaurant de quartier... mais jamais il ne revut cette douce fleuriste au visage de poupée...

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 13, 2022 ⏰

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