Je tentais de suivre Legolas qui collait Aragorn, fendant la foule de soldats en plein préparatifs, Gimli sur mes talons.
- Nous placerons nos troupes de réserves le long du mur. Ils viendront en appui aux archers par-dessus la porte.
- Aragorn ! Vous devriez vous reposer. Vous ne nous servirez à rien à moitié en vie, avança l'elfe.
- Mon Seigneur ! Aragorn !
Eowyn remontait la foule de paysans qui allait s'entasser dans les cavernes du Gouffre et se planta devant mon ami.
- On m'envoie avec les femmes dans les cavernes.
- C'est une honorable mission.
- S'occuper des enfants, trouvez de la nourriture pour nourrir les hommes à leur retour. Quelle gloire y-a-t-il à cela ? S'énerva-t-elle.
- Gente Dame. Un jour viendra pour le courage sans gloire. Vers qui se tournera votre peuple en dernier recours ?
- Laissez-moi être à vos côtés ! Supplia Eowyn.
- Je n'ai pas le pouvoir d'en décider, contra Aragorn.
- Ne décidez-vous pas de faire rester les autres ? De la faire rester, elle ? Et ils se battent à vos cotés parce qu'ils ne veulent pas être séparés de vous. Parce qu'ils vous aiment... Je suis désolée.
Sur ces mots, elle tourna les talons et s'en fut, nous laissant gênés.
- Aragorn, n'essayez même pas de m'envoyer dans les cavernes, sinon je vous achève, tout héritier du Gondor que vous êtes ! Ça vaut pour vous Legolas ! Fis-je en coulant un œil noir vers ce dernier.
Ma répartie réussit à les faire sourire, ce que j'avais espéré. Nous reprîmes notre chemin, allant jusqu'à l'armurerie du Fort. A l'entrée de celle-ci, Legolas me retint un instant, laissant Aragorn et Gimli rentrer sans nous.
- J'avais espéré que tu te tiendrais à l'écart des combats, mais je suppose que c'est peine perdue ?
- Je ne veux pas être séparée de vous tous. De toi surtout, souriais-je tristement. S'il faut mourir cette nuit, que ce soit ensemble.
Il me serra contre lui et nous entrâmes.
- Fermiers, forgerons, garçons d'écuries. Aucun n'est un soldat, fit remarquer Aragorn.
- La plupart ont déjà vu passer trop d'hivers, ajouta le nain.
- Ou trop peu. Regardez-les. Ils sont terrifiés. Ça se lit dans leurs yeux. Boe a hûn : neled herain dan caer menig ! Persifla Legolas.
Je regardais l'elfe avec des yeux ronds. Pourquoi s'énerver ainsi ? Nous n'avions pas d'autre choix que de nous battre ! Il le savait !
- Si beriathar hýn. Amar nâ ned Edoras, argumenta le rôdeur, en regardant Legolas.
- Aragorn, men i ndagor. Hýn ú-... ortheri. Natha daged aen !
- Alors je mourrais comme l'un d'entre eux ! Conclut Aragorn en sortant rageusement.
- Laissez-le, mon ami. Laissez-le, fis Gimli en retenant Legolas.
Je lançais un regard mauvais à ce dernier et sortit de l'armurerie, tentant de rattraper Aragorn mais il avait déjà disparu. Je soupirais et partis me calmer sur les remparts. Je ne comprenais pas la réaction de mon semblable. Certes j'avais peur de mourir ce soir. Dix mille Orques marchant sur nous, les chances de réussite étaient quasi-inexistantes. Mais partir aussi défaitiste, cela signifiait en plus une mort certaine car où était alors la rage de se battre pour tenter de vivre ? Je redescendis lentement les degrés pour revenir à l'armurerie afin d'aller chercher un deuxième carquois de flèches. A peine je poussais la porte que j'entendis sa voix.
- Nous avons eu raison de vous faire confiance jusqu'ici. Pardonnez-moi, j'ai eu tort de désespérer.
- Ú-moe edhored, Legolas, répondit le rôdeur.
- Ayons foi dans les Hommes, ils sont courageux... ajoutais-je en finissant d'entrer.
Je posais une main rassurante sur le bras de l'elfe et souris à l'héritier au trône du Gondor qui me faisait face.
- Si on avait le temps, je ferais ajuster cette cotte ! Râla Gimli, en essayant de s'équiper de ladite cotte. Elle est un peu serrée à la poitrine.
Je haussais les sourcils mais retins un commentaire sur la distance entre la tête et le sol, préférant le silence à une énième joute verbale. Le rire d'Aragorn fut coupé par le son d'un cor, mélodieux, ce fut Legolas qui réagit le plus vite.
- Ce n'est pas un cor d'Orque !
Nous nous précipitâmes dehors, descendant les escaliers qui menaient vers l'entrée du fort, constatant qu'une armée d'elfes y pénétrait. Je reconnus sans peine leur chef et un murmure m'échappa.
- Ada...
Je courus vers Haldir, bousculant tout le monde, peu soucieuse des convenances, trop heureuse de le voir en ce jour si sombre. Je bondis littéralement dans ses bras et il me réceptionna sans peine, à peine surpris de ma réaction.
- Litya, ma fille ! Quelle joie de te savoir saine et sauve.
- Ada, vous êtes tel un rayon de soleil qui traverse un ciel bien noir. Votre venue va redonner de l'espoir à tous !
Je laissais la place au Roi du Rohan, prévenu par ses gardes de l'arrivée des soldats de la Lòrien. Je m'étais placée près de Legolas qui me prit la main, geste qui ne passa pas inaperçu auprès d'Haldir, mais il n'en montra rien.
- Comment est-ce possible ? Demanda Théoden.
- J'apporte la parole d'Elrond de Fondcombe. Autrefois une Alliance existait entre les Hommes et les Elfes. A cette époque nous avons combattu et péri ensemble. Nous sommes venus honorer cette allégeance.
Il s'était tourné vers Aragorn qui s'avança, un franc sourire sur les lèvres et lui fit une accolade amicale, qui surprit mon père.
- Mae govannen, Haldir. Vous êtes plus que bienvenus !
- Nous sommes fiers de nous battre de nouveau aux côtés des Hommes.
Legolas et Haldir se saluèrent rapidement, une main sur le cœur. Puis le Garde s'éloigna avec Aragorn et Théoden, afin de décider où placer les elfes. Je profitais et me tournais vers Legolas.
- Je voudrais avoir une discussion avec ton père avant que les combats commencent. Pardonne-moi si je m'absente.
Je hochais la tête et m'éloignais avec un nain pressé d'aller s'installer. Peu de temps après, un bon nombre d'elfes montaient sur les remparts et les autres se plaçaient dans la cour, en renfort. Aragorn, Legolas et Haldir montèrent à leur tour. Le rôdeur les laissa pour prendre poste, entouré d'elfes. Les deux elfes continuèrent vers moi, Legolas paraissant soucieux. Ils s'arrêtèrent près de moi et avant même que mon père prit la parole, je sus que ce qu'il dirait ne me plairait pas.
- Litya, le Prince de Vertbois m'a demandé que tu te retires des combats, pour ta sécurité.
- Non ! Ada, je n'ai jamais laissé personne décider de mon destin. Et je choisis aujourd'hui de me battre contre ces immondices créées par Saroumane. Aujourd'hui, j'ai décidé de venir en aide aux Hommes. J'ai décidé de me battre aux côtés de ceux que j'aime... Alors je ne bougerais pas de ce rempart.
- Soit. Je ne t'imposerais rien. Je te demande juste de ne rien faire d'inconsidéré. Tu m'es précieuse.
Je hochais la tête, muette. Il m'embrassa sur le front, salua Gimli et Legolas et s'en fut sur sa section de rempart, me laissant face au Prince qui ouvrit la bouche dans une tentative pour se justifier.
- Ne dis rien. Ecoute-moi. Il y a à peine quelques heures, je t'ai que s'il fallait mourir ce soir, ça serait ensemble. Je ne reviendrais pas là-dessus.
Il m'approuva et me chuchota quelques mots en elfique à l'oreille. Il se recula et je pris le temps de me perdre dans ses yeux, sombres à cette heure, ma main se posant sur sa joue. Enfin nous nous détournâmes l'un de l'autre et l'attente commença, sous l'orage qui grondait.
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Les rôdeurs (TERMINÉE)
FantasyLitya est une elfe, élevée par les rôdeurs au décès de sa mère, peu après sa naissance. Peu curieuse de son passé, elle a vécu au gré des changements de la Terre du Milieu. Lorsque le Mordor se réveille, elle accompagne Aragorn à Bree et son destin...