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Un faible écho résonna dans cet espace étrange, et non-identifiable. Oh, les bruits n'étaient pas rares en ce lieu, il y régnait même presque toujours un bourdonnement ambiant en arrière-plan, ronronnement des moteurs de voitures et bruissements du vent dans les feuilles. Parfois passaient des pas, et il n'y prêtait pas plus attention. Alors, pourquoi cet écho, ces pas là, eux, le faisait sortir de son sommeil ? Probablement car ce n'était pas la première fois qu'il les entendait en ce même lieu. Ce n'étaient pas les pas lourds et rapides d'un coureur, ni les multiples heurts des chaussures d'un groupe d'amis passant un instant et disparaissant aussi vite, sans cesser de plaisanter ensemble. Non, ici, il s'agissait de pas rapides. Vifs, légers et rythmés à la fois. Ils s'arrêtaient toujours pendant quelques instants, et repartaient comme ils étaient venus.

Dans son sommeil, il n'avait aucune notion consciente du temps. Il ne sentait pas les minutes, les jours, les mois passer à proprement parler, mais restait toujours dans sa tête le temps qu'il avait encore. De 777, il était passé à 217. Comment le savait-il alors qu'il était si loin dans son sommeil ? Aucune idée, mais il le savait. Tout comme il savait nombre d'autre choses sans connaître l'origine de ces informations. Il le savait, voilà tout.

C'était donc la troisième fois que ces pas résonnaient dans ce qui lui semblait être un laps de temps assez réduit. Et sans trop savoir pourquoi, il s'éveilla.

Il apparut donc, comme toujours, au niveau du pilier du pont. Il détestait se réveiller en ce lieu, et comme cela arrivait à chaque fois, il n'appréciait pas le réveil. Mais cette fois, il n'y prêta pas vraiment attention. Premièrement, car à chaque sortie du sommeil, la lumière, les sons, la vie lui agressaient les sens ; d'autant plus qu'il n'était jamais resté endormi aussi longtemps, et le retour à la réalité était d'autant plus pénible. Et, d'autre part, il entendait les pas s'éloigner. Il se dépêcha donc d'atteindre le haut du pont. Déjà, le responsable de son éveil s'éloignait, ayant reprit sa marche, comme il l'avait fait les deux fois précédentes. Il n'allait tout de même pas faire l'effort de le rattraper, d'autant plus qu'il était encore désorienté. Il aurait presque pu dire qu'il avait mal à la tête. Presque.

Mais il réalisa tout de même qu'il s'agissait d'un jeune homme, probablement un lycéen au vu de son sac... Même si son apparence relativement fine aurait pu lui faire attribuer un genre féminin. Autant que sa perception des couleurs et des formes le lui permettaient à cause de l'agressivité des rayons du soleil, il détailla l'inconnu en quelques secondes. Son sens de l'observation s'était étonnamment accru depuis 777. Le jeune homme au pas vif avait les cheveux mi-longs, tombant sur ses épaules, et renforçant, de dos, son apparence androgyne. Même s'il ne percevait pas bien les couleurs, il se doutait que les cheveux de l'inconnu était d'un noir de jais, vu leur intensité. Il se trouvait à moitié noyé dans un sweat à capuche sombre, bien trop grand pour lui, et un pantalon cargo à l'apparence tout aussi foncée, qui semblait flotter autour de lui. La seule touche de clarté dans sa tenue était apportée par ses baskets, d'apparence piteuse. Ou bien il entretenait volontairement ce style, ou bien il ne roulait définitivement pas sur l'or.

Il marchait plus lentement qu'à son arrivé. C'était un petit détail, certes, mais il avait apprit à faire attention aux détails. Pourquoi, donc, ce pas moins vif, d'un coup ? Il n'en avait aucune idée. Quelques instants après, le lycée avait disparu de son champ de vision, ayant passé le pont et, par la suite, le virage après celui-ci, s'enfonçant entre les arbres fleurissants en cette matinée.

Maintenant qu'il était de retour... Il tourna sur lui-même. Il était remit, à peu près, du choc de l'éveil, même s'il lui faudrait l'équivalent de quelques heures probablement pour regagner la totalité de ses capacités. Vu les fleurs, et les arbres d'un vert éclatant, c'était le début du printemps. Probablement début d'avril. Il avait toujours adoré cette période. La renaissance de la nature, la douce odeur des fleurs, le retour de la douceur... Quand bien même il n'avait aucune sensation desdites odeurs et chaleur.

Pour cela, il aurait du prendre forme et... Le fait qu'il venait de s'éveiller et qu'il doutait de ses capacités n'était pas la seule raison de son hésitation. Il n'avait plus aucun souvenir de qui il avait intégré pour la dernière fois, et il ne voulait pas vraiment le découvrir ainsi. Et la dernière personne dont il avait croisé le regard aurait pu être ce garçon, mais il ne l'avait vu que de dos. Sa dernière intégration devait remonter à... 300, peut-être ? Il avait sommeillé un long moment. C'était vraiment bizarre de revenir après tout ce temps. Il ne pouvait pas vraiment dire que cela lui plaisait... L'ennui était vraiment grand, tout comme la solitude. Donc il avait commencé à sommeiller de plus en plus souvent. Et c'était donc cet écho de pas qui l'avait tiré de sa transe.

Il était pensif. Pourquoi ces pas spécifiquement ? Il en avait entendu bien d'autres. De la curiosité ? Il aurait presque ressenti, au fond de lui, une forme d'intérêt. Presque. Car après tout, il ne savait même plus s'il était réellement capable de ressentir quelque chose. Il avait passé tellement de temps dans son sommeil qu'il se sentait anesthésié. Comme sous morphine...

Il hésitait à se rendormir, mais il était... Il n'avait pas vraiment envie. Peut-être le garçon allait-il revenir, et il n'avait pas envie de se rendormir pour si peu. D'autant plus qu'il venait de réaliser combien de temps était passé depuis qu'il s'était endormi. C'était de pire en pire. Plus il partait, plus quand il revenait, il était étonné de percevoir à nouveau le temps défiler, si vite et si lentement à la fois. Il sentait chaque minute, chaque seconde, et ne savait pas si cela lui plaisait ou non. Il hésita un instant. Qu'avait-il à perdre ? Rien de plus, au point où il en était. Un frisson intérieur le parcourut à cette pensée. Le temps lui revint en tête. 217. Rien à perdre.

Il détourna le regard du bout du pont, qu'il n'avait cessé de fixer, le regard dans le vague, depuis la disparition du lycéen. Et il fit demi-tour, partant donc dans la direction opposé.


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Je suis de retouuuuur

Et j'espère que ce premier chapitre vous plaira même si pour le moment tout vous semble un peu mystérieux vous allez vite comprendre hi hi

Send love le deuxième chapitre devrait arriver vite :3

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 17, 2022 ⏰

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