CHAPITRE 4

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INCONNU

Une semaine plus tôt.

- Je veux mon argent, ce soir, je préviens.

- T'inquiètes, Tib me répond droit dans les yeux, sans ciller.

Il sait très bien que je ne plaisante pas.

- Sinon on descend la bête, rigole Victor.

Je me doute bien que j'aurai pas mon argent mais des traces à effacer.

- Dégagez maintenant.

Ils s'en vont en fermant la porte. Doucement. J'ai horreur qu'on claque les portes. Bordel. Rien que d'imaginer le bruit ça me fout les nerfs.

Je sors une bouteille d'eau que je vide d'une traite. Je replace les feuilles sur la table et me remets au boulot pendant toute la journée.

Putain que j'suis crevé.

Je me lève de ma chaise en entendant une voiture entrer dans la cours. Les voila. En attendant qu'ils montent jusqu'à mon bureau, je sors mes clopes. J'en prends une et jette le paquet sur la table. J'ouvre la baie vitrée de la pièce et sors sur le balcon. L'air frais qui rempli mes poumons me fait autant de bien que ma cigarette.

Putain depuis combien de temps j'suis pas sorti ?

Je recrache la fumée de ma sèche en entendant la porte du bureau s'ouvrir. Sans même les regarder, je sais ce qu'ils vont m'annoncer.

- On n'a pas l'argent, me prévient directement Victor.

J'esquisse un mince sourire. Bien trop prévisible.

- Mais on a du nettoyage, me dit-il toujours fièrement.

J'inhale la fumée une dernière fois. J'écrase mon mégot sous ma chaussure, puis je leur fait face. Je souffle en levant légèrement la tête. Je rentre dans mon bureau et m'assoit sur ma chaise, les regardant un à un. Ils savent ce que j'attends.

- Personne n'était présent sur les lieux, commence Tib, on est arrivé, on l'a chopé à la sortie de son taff, il nous a reconnu direct, il a essayé de partir mais on l'a choppé. On a fait gaffe à l'emmener dans une rue un peu sombre ou y'avait personne et on a essayé de le faire parler. Me dit-il sérieusement.

- On lui a demandé où était l'argent. On lui a dit qu'il avait 10 jours de retard, mais on savait aussi que ça servait à rien de le laisser en vie. Il a dépensé ton fric ce batard. Finit Victor.

Je hoche la tête. Je soupire et leur dit de sortir.

Il faut que j'aille faire le ménage avant que quelqu'un tombe sur des traces.

- AD, entendais-je.

Je relève la tête vers Tib, l'incitant à parler.

- Y'avait une caméra dans l'angle de la rue.

J'observe cet homme quelques secondes. M'a-t-il un jour déçu ? Je pense que c'est l'homme le plus fidèle que j'ai. Et de loin.

- Je m'en occupe, je lui réponds.

Il hoche la tête et s'en va.

Je m'habille rapidement d'un jogging, d'un sweat, d'une casquette et d'un masque, full noir et je sors. Je monte dans l'arteon noire et je roule à pleine vitesse jusqu'au lieu du meurtre.

Je mets mes gants et prends mon arme que je glisse dans mon jogging. Je récupère le récipient de lessive en poudre ainsi que la brosse et je sors de la voiture. Je fais d'abord un tour des lieux pour repérer les dégâts. Je m'arrête face au mur où je devine, a été tué l'homme. Je m'accroupis et touche le sang pour vérifier qu'il soit bien sec. Je saupoudre ensuite les tâches de sang et je nettoie les traces.

Je récupère, toujours dans la plus grande discrétion, la vidéo de surveillance de la rue et je rejoins ma Volkswagen.

Une fois de retour à la baraque. Je ne fais attention à rien, et surtout pas aux hommes en train de prendre du bon temps dans le salon. Trop de bon temps.

Je serre les poings et entre dans mon bureau.

Quelle bande de chiens.

Je m'assois dans mon fauteuil et soupire.

Je récupère le contenu de la vidéo de surveillance que je branche directement à l'ordinateur. Je me sers en même temps un verre de rhum et avance jusqu'à l'arrivée des deux guignols avec leur victime. Je me focalise sur la scène.

Le coup de feu résonne dans la rue.

Pourtant, ce n'est pas ça qui attire mon attention.

Non.

C'est pas ce putain coup de feu qui m'a fait détourner les yeux.

Non non.

Il y a eu du mouvement dans le coin juste à droite.

Je remets la vidéo en arrière. Je repasse la scène en boucle.

Putain de merde.

Je prends mon téléphone et appelle directement Tib.

- Ouais, décroche t-il.

- Ramène toi, vite.

PUTAIN DE BORDEL DE MERDE.

Ysia KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant