Chapitre 4

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Kaan avait connu de nombreuses douleurs dans sa vie. Les cicatrices qui balafraient son corps en témoignaient. Il avait reçu de nombreux coups, eu de nombreuses plaies. Certaines s’étaient infectées, le laissant aux portes de la mort parfois. D’autres l’avaient fait se tordre de douleur et priait pour que son calvaire s’arrête.

Cependant, tout ça n’avait rien de comparable par-rapport à ce qu’il ressentait en ce moment.

Sa sœur poussa un hurlement de bête sauvage, enfermant sa main douloureuse dans un étau. Il serra les dents en retenant un cri. Heigia était littéralement entrain de lui broyer la main et, il en était persuadé, si elle continuait à ce rythme, elle allait finir par lui casser.

-Pousse ! s’écria-t-il, désespéré.

La jeune femme le fusilla du regard. Ses cheveux bruns étaient collés sur son visage ruisselant de sueur. L’entièreté de son corps malingre était contracté pour expulser l’enfant dans son ventre qui prenait du temps à sortir.

-Que crois-tu que suis-je entrain de faire là ? cracha-t-elle.

Entre ses jambes, la guérisseuse à moitié dissimulée par la couverture qui cachait les parties intimes de Heigia l’encouragea.

-Allez-y, vous y êtes presque, je vois la tête. Poussez !

Kaan maudit la terre entière quand une nouvelle contraction secoua l’utérus de sa grande sœur. Cette fois, il en était certain, un os de sa main avait craqué.

-Je ne devrais même pas être là, se lamenta-t-il en se levant. Je vais chercher Mère, il s'agit davantage de sa place que la mienne.

Sa sœur tira sur son bras. Elle ressemblait à une louve sauvage.

-Si tu bouges de là, je te jure que je t’arrache les dents une par une pour m’en faire un collier.

Il se rassit. Les menaces de Heigia ne devaient jamais être prises à la légère.

Il ne put retenir un glapissement de douleur quand un deuxième os dans sa main produit un bruit sinistre qui se perdit dans le hurlement de la jeune femme entrain d’accoucher. Quelques secondes plus tard, des pleurs retentirent et l’intégralité du corps de Heigia se détendit. Un léger sourire flottait sur ses lèvres.

-Félicitations Heigia, c’est un petit garçon, la félicita la guérisseuse en enveloppant le nouveau né qui braillait dans un linge d’une couleur douteuse.

Épuisée mais heureuse, sa sœur prit le bébé qui lui ressemblait comme deux gouttes dans ses bras, consentant enfin à lâcher sa main. Immédiatement, il la secoua et la fit bouger, vérifiant si elle était encore fonctionnelle. Heureusement, elle l’était.

-Regarde, minauda Heigia à son chérubin, c’est ton oncle Kaan juste ici.

Le bébé arrêta de pleurer sitôt qu’elle commença à le bercer en fredonnant doucement. L’impression de déjà vu serra le cœur de Kaan. Il ne dit rien, gardant ses ressentis pour lui. En cet instant magique, sa sœur n’avait pas besoin qu’il lui rappelle tout ce qu’elle avait perdu.

Après quelques minutes, elle se tourna vers lui, toujours assit sur sa chaise qui observait la scène en silence.

-Tu veux le prendre ? lui proposa-t-elle.

Un rictus dégouté prit place sur les traits de son visage et il fronça le nez.

-Non merci. Il est encore plein de sang et de jus de tes, euh, de par là où il est passé pour sortir.

Heigia ricana et il devina sans mal le commentaire sur la faiblesse des hommes qui se profilait dans son esprit.

-Comment vas-tu l’appeler ? lui demanda-t-il pour changer de sujet.

AU NOM DE LA LOYAUTÉ, LA VENGEANCE VIENDRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant