Corruption

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Ses yeux vitreux reflétaient la faible lueur de la lune. Du sang tâchait ses vêtements déjà déchirés, tandis que certaines de ses cicatrices s'étaient rouvertes alors que de nouvelles étaient apparues, abîmant ainsi un peu plus son corps déjà meurtri par les épreuves de la vie. Ses bandages se détachaient à quelques endroits. 

Il restait là, immobile, avec ses cheveux bruns et poisseux qui lui collait le front.

Chuuya, à ses côtés, avait toujours l'esprit embrumé par les méandres de Corruption. Il se rappelait des ennemis en surnombre et de puissants utilisateurs de pouvoir dont ne parlait pas le rapport donné par Mori.

La respiration hachée, les membres tremblants et du sang coulant de ses yeux, sa bouche et ses oreilles, il essaya avec tant bien que de mal de se relever et finit par s'effondrer sur lui-même.

Il hissa de douleur et sentit une nouvelle quinte de toux monter en lui. Il cracha alors le sang resté au fond de sa gorge.

Sa tête tournait toujours lorsqu'il chercha du regard l'ex capitaine de la mafia.

Quand il le trouva, son cœur rata un battement.

"Dazai".

Pas de réponse.

"Daza-" .

La panique le faisait trébucher sur ses mots et rendit sa respiration plus erratique qu'avant. Alors, avec la voix rauque et le souffle court, il appela son partenaire une nouvelle fois. Encore. Et encore. Mais celui-ci restait désespérément mué. Alors, dans un dernier effort, il se mit à ramper. 

Plus proche, il essaya de l'appeler une nouvelle fois. 

"Dazai !!"

Toujours rien. 

Il se rapproche encore plus, même si il tremblait de toutes parts, que ses os grinçaient et que son ventre se tordait de douleur.

Quand il fut à ses côtés, il s'empressa de vérifier sa respiration avec le peu de force qu'il lui restait. Chuuya, qui était déjà terrorisé avant, sentit son sang se glacer. Il chercha alors son pouls, pour ne pas le trouver. 

Il sentit alors les larmes lui piquer les yeux si fort qu'il fut obligé de les fermer. Lorsqu'il les rouvrit, Dazai était toujours aussi immobile, toujours aussi silencieux et toujours aussi froid. 

Il voulait croire à un mauvais rêve, vraiment. Mais il ne sentait pas l'habituel bourdonnement réconfortant de No Longer Human sous ses doigts. Il n'y avait plus cette petite lumière dans ses yeux qui s'allumait quand il était heureux. Il n'y avait pas non plus ce petit sourire réconfortant qu'il arborait constamment après l'utilisation de Corruption.

Tous signes de vie s'étaient éteints.

Les larmes se mirent à couler.

Une par une.

Puis elles se déversèrent sur ses joues comme une cascade. Les pleurs incessants rendaient sa respiration encore plus compliquée qu'elle ne l'était déjà.

Ses poings s'aggripèrent fermement à son manteau beige, et il se mit à crier.

"Pourquoi tu dois m'abandonner toi aussi !"

"Tu m'avais promis de ne plus jamais me quitter !"

"S'il-te-plait, ne me laisse pas seul !"

"Je suis désolé, c'est de ma faute, réveille toi !"

Sa voix se cassa rapidement, et les sanglots reprirent de plus belle.

Sa tête recommença à tourner, ses paupières à s'alourdir, et c'est à ce moment qu'il s'évanouit.

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Se fut Mori avec ses yeux froids et son sourire cruel ainsi que Kouyou et sa mine sombre qui l'accueillirent au réveil.

Un affreux "BIP-BIP" sonore résonnait dans ses oreilles, aggravant ainsi son horrible mal de crâne. 

Ses oreilles sonnaient, et les lumières accrochées au plafond l'aveuglait. Ses paupières papillonèrent le temps de s'habituer à la soudaine luminosité. 

Kouyou détourna le regard face à son air perdu lorsque le jeune homme la regarda.

Le boss, lui, se pencha vers Chuuya, arborant un sourire innocent: "Quand je t'ai confié cette mission, je ne pensais pas que tu allais aussi te débarrasser du traître qu'était Dazai."

Il ricana.

"De plus, tu n'y est pas allé de main morte ! Il lui manque la moitié de sa jambe ! Il est mort à cause de la perte de sang, je mentirais si je disais que ce n'était pas extrêmement douloureux", ajouta t- il d'une voix douceureuse.

Il continua de parler mais Chuuya ne l'entendait plus. Le son semblait comme coupé, les images ralenties.

Le jeune homme sentit son cœur se déchirer, les miettes qui en restaient être jetées au feu et se fut là que les larmes recommencèrent à couler sur son visage vide d'émotions.

CorruptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant