Ma journée avait toujours été on ne peut plus normale : se lever à 7h du matin pour aller en cours, un ennui mortel jusqu'à 18h, rentrer chez moi en ayant retenu seulement la moitié, voire le quart de ce qu'on m'avait appris et puis ne plus rien faire : en bref, la routine.
Il fallait dire que je m'étais habitué à cette vie, puisque de toute façon, où j'habitais, il n'y avait pas grand chose à faire si ce n'était sortir aller au parc ou faire ses courses. Rien de bien trépidant pour moi, donc.
Parfois, il m'arrivait d'avoir des pensées négatives par rapport à moi-même comme : "Je gâche ma vie à ne rien faire" ou "Il n'y a rien que je puisse changer pour le moment" et je ne pouvais m'empêcher de m'exclamer à voix haute. Malheureusement, c'était vrai.
Mais malgré toutes ces pensées, il existait des choses qui savaient me redonner vie. L'une de ces choses, c'était la présence d'un ami des plus loyaux qui existent. Cet ami, c'était Max, ou Maxime de son nom complet. Lui seul avait la capacité de comprendre les pensées qui me passaient par la tête, c'était un ami de longue date dont je ne saurais me souvenir de la durée de cette amitié.
Il avait ce quelque chose en lui qui poussait inconsciemment les autres à l'aimer sans aucune raison apparente mais paradoxalement, il n'était pas attiré par les autres. Il n'était clairement pas comme tout le monde. C'était probablement pour ces raisons que nous étions toujours restés amis.
À côté, je faisais pâle figure lorsque lui et moi étions ensembles, mais cela ne me dérangeait pas, je préférais largement être à l'écart que d'être mis sur un piédestal ; et puis, la vie valait clairement la peine d'être vécue avec lui, alors au diable toutes ces pensées sur nous.Les cours du matin commençaient toujours avec cette horrible sonnerie qui nous rappelait que la souffrance mentale allait durer jusqu'au soir. En règle générale, écouter n'avait jamais été une priorité pour moi, je me contentais juste de faire mine d'entendre tout en regardant le vide et faire de profondes réflexions sur la vie que je menais. Mon seul moment de répit se situait le midi ou aux récréations. Même si je n'appellerais pas vraiment ça une récréation, loin de là même : cela ne faisait que retarder l'inévitable heure suivante.
Mais malgré cela, il existait parfois, en de rares occasions, des évènements pour ainsi dire "divertissants", dans le sens où voir un adolescent à terre se faire tabasser de coups de pieds par un autre était un joli plaisir visuel-non pas que je prônais la violence, loin de là-puisque c'était eux qui décidaient de se battre, mon plaisir était légitime.
Par ailleurs, je n'avais jamais été sujet de ces bagarres : moi qui n'attirais pas l'attention, j'étais plutôt un spectateur dans l'ombre.
Ainsi donc commençait ma journée, après cette heure interminable de cours du matin toujours aussi exténuante. Heureusement, un petit temps de répit m'attendait: était enfin arrivé le temps de la récréation.
Je me dirigeais donc vers un coin bien précis de la cour où personne n'allait, histoire de me reposer un peu et de me préparer pour la journée. Mais soudainement mes micro-sommeils se firent interrompre à plusieurs reprises par des cris venant du centre de la cour, il était donc impossible pour moi de me reposer. Je regardai alors, intrigué, vers le centre de la cour, là où les cris se faisaient entendre. Ce que je vis s'apparentait à une masse de gens venus de toutes classes réunis autour de quelque chose. Selon moi, il était fort à parier qu'une bagarre se préparait. Parfait, un autre moyen d'égayer ma journée après une matinée bien ennuyante !Je me rapprochai donc du troupeau afin d'en déterminer la cause, quand soudain, des cris encore plus forts que ceux que j'avais entendu précédemment se dispersèrent aux quatre coins de la cour. Mes yeux ne purent pas détourner leur attention du magnifique crochet au menton effectué gracieusement par l'un des deux bagarreurs sur le malheureux. C'était bien ce que je pensais: une bagarre. Un petit sourire innocent se dessina sur mon visage, le genre de sourire qu'on fait lorsqu'on croit avoir perdu un objet important mais qui est finalement retrouvé peu de temps après. Dans ce cas précis, c'était l'espoir de passer une journée agréable qui était passé aux oubliettes, jusqu'à ce que cette bagarre attire mon attention.
Parmi la foule, on y trouvait de tout: cela pouvait aller des typiques chercheurs de noises grandes gueules aux simplets attirés par la foule tels des papillons de nuit par la lumière dont personnellement, je faisais partie.
La raison de ces coups importait peu pour moi, et même pour les autres, d'ailleurs. La seule chose qui comptait, c'était qui des deux allait perdre ou gagner. Suite au crochet donné par l'un des bagarreurs, les deux s'échangèrent l'un des plus beaux échanges de coups auxquels j'avais assisté dans mon existence.
Malheureusment ou heureusement, le combat prit fin plus vite que prévu, étant donné que les deux n'avaient plus la force de se battre et étaient retenus par ce qui semblait être leurs camarades. Cette scène avait vraiment l'air de sortir d'un match de boxe. Ce double K.O. provoqua beaucoup de cris et d'excitation de la part des personnes autour, les bousculades étaient donc logiques. C'est la partie qui me donnait envie de fuir de ces émeutes. J'avais passé un bon moment, mais il était temps pour moi de m'éloigner sous peine de finir écrasé par ce qui semblait être des milliards de pieds. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombai face à face avec Max.-Tiens! Ce n'est pas très commun de te croiser dans ce genre d'émeutes. Je croyais que tu ne voulais pas trop te faire remarquer, dit Max sorti de je-ne-sais-où.
-Oh tu sais, de mon côté je fais passer le temps comme je peux ! Sans toi, on se sent bien seul !, répliquai-je à Max d'un ton moqueur.
-Je te remercie de l'intérêt que tu portes pour moi, je pourrais en dire la même chose de ton cas !, répondit Max en renvoyant la blague.
-Allez, viens. On va passer le temps à deux, ça sera moins douloureux que de regarder le poulailler partir en vrille à cause d'un combat perdu.
-C'est toi le chef, Clément!

VOUS LISEZ
Rouge of Love
Teen FictionL'histoire d'un homme qui a vécu le meilleur de ce que la vie a à offrir, mais aussi le pire. Accompagné de son ami Maxime, Clément se retrouve sans trop qu'il sache comment aux côtés d'Emma. Ils semblent être liés l'un et l'autre par quelque chose...