Aujourd'hui encore.

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"La première fois que je t'ai vu, c'était en septembre, à la rentrée des classes. Je ne dirai pas, comme dans ces films, que ça a été le coup de foudre, ou qu'au contraire je t'ai détesté de suite. Non. Pour moi tu n'étais rien d'autre qu'un nouveau visage à retenir.
Pourtant, 1 an plus tard, tu es devenu le seul visage que je recherchais dans un endroit bondée de monde.

Il pleuvait, le jour de ton arrivé. Je m'en souviens car on ne parlait que de ça. Le temps est toujours le sujet de conversation le plus courant et avec lequel tu es sûr que quand tu le mentionnes, quiconque en face de toi, pourrait continuer la conversation.
"Une des premières fois que l'automne arrive aussi tôt." disaient - ils.
On avait même dû attendre 10 minutes sous la pluie car notre professeur était en retard. Enfin bref.

Ce jour là, tu t'étais posé à l'entrée, attirant le regard de tout le monde. Ils ne purent s'empêcher de te détailler.
J'entendis déjà les gloussements des filles: "Oh mais il est trop beau...!".
Et puis aussi les grognements des garçons:
"Pff... Il fait trop le mec lui...".
Pourtant moi je ne te décrirai pas de la sorte. Tu étais plutôt grand, portant un t-shirt moulant qui laissait paraître que tu avais un torse musclé. Ton visage était légèrement incliné sur le côté, écartant tes cheveux noirs jais de ton visage. Tes mèches de cheveux semblaient emmêlés comme si tu venais tout juste de te réveiller ce qui était sans doute le cas. Pourtant ta peau hâlée semblait douce et lisse.
Tu tenais fermement ton sac sur l'une de tes épaules. Tu avais un petit air nonchalant.
Je dois t'avouer que lorsque mon regard avait croisé le tien, j'ai tressailli.
Tes yeux marrons, presque noirs, jetaient des regards acérés et froids. C'est à ce moment que j'ai compris le sens de l'expression "fusiller du regard".
Tu es rentré et sans aucune hésitation, tu t'es mis à mes côtés.
Aujourd'hui encore, je me demande bien pourquoi tu t'étais installé à cet endroit. Tu aurais pû te mettre à côté de n'importe qui mais il avait fallu que ce soit moi.
Je me souviens que tu t'étais tourné vers moi, tu m'avais fixé avant d'entrouvrir tes lèvres comme si tu voulais me dire quelque chose. Mais tu n'en fis rien.

Bien que tu étais agréable à regarder, vivre à tes côtés ne devait pas être bien plaisant. C'est ce que je m'étais dit en tout cas. Tu montrais toujours cette attitude de "Je m'en fous de tout, je n'ai besoin de personne".
En effet après quelques mois, je te trouvais tout sauf sympathique. Tu n'étais pas du tout sociable et si tu parlais à quelqu'un c'était seulement pour le rembarrer avec une réplique bien sèche. Tu te croyais au dessus de tout le monde, tu étais égoïste et semblais toujours en colère.
Les pires journées, on pouvait carrément apercevoir une aura noire se développer autour de toi, ce qui éloignait tout le monde.

C'est seulement après que j'ai compris que certains de tes traits n'étaient qu'un vulgaire masque.
Ce que tu ne remarquais pas était que ce masque avait tendance à vaciller.

Je me souviens d'une fois où je marchais dans le parc. Le ciel était grisâtre et il faisait froid, mais cela n'empêchait pas les enfants d'y jouer.
Je t'avais vu là bas, assis sur une balançoire, fixant le vide devant toi. Tu semblais tellement apaisé et heureux que cela m'avait figé sur place.
Une petite fille d'environ 5 ans s'était élancée vers toi en rigolant. Tu t'étais relevé et l'avais prise dans tes bras en la faisant tournoyer. Un sourire s'était emparé de tes lèvres, te rendant encore plus attirant. Et moi, j'étais resté là, immobile et fasciné, à observer la scène qui s'offrait devant moi.

C'est à ce moment que j'avais compris que tu avais un bon côté. Et je crois que c'est à ce moment que je suis tombé amoureux de toi.

Ou alors c'était lors de notre première discussion. Tu t'en souviens?
On était en français. On était censés écrire un poème sur un sentiment. J'avais choisi la colère et toi l'indifférence.
Soudainement, tu as arraché mon poème des mains, et tu l'as lu.
J'essayais désespérément de voir tes réactions mais comme d'habitude le masque était présent.
Tu t'étais alors tourné vers moi avant de dire toutes mes fautes et les choses qui n'allaient pas. Je m'étais entassé sur ma chaise, complètement assailli par les critiques. Je n'en avais pas l'habitude.
Puis ton regard avait changé. Il s'était adouci.

Aujourd'hui encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant