Chapitre 13

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Je reprends ma place de conducteur, tandis que la trottinette et l'imposant sac à dos finissent à l'arrière. Nathan s'installe à mes côtés et, en dépit de la fenêtre brisée, nous démarrons.

« C'est gentil de votre part de me déposer. Il fait beau, mais j'aurais mis bien plus de temps qu'en voiture.

— C'est tout naturel. Après tout, vous n'avez pas hésité pour venir m'aider ».

Je ne tourne pas la tête, puisque je conduis, mais je suppose que le jeune homme sourit légèrement.

« Quand nous serons arrivés en ville, je compte sur vous pour m'indiquer dans quel quartier vous souhaitez que nous nous arrêtions.

— Alors, attendez ».

Au feu rouge, je regarde en sa direction et constate qu'il est en train de chercher sur une carte le positionnement de mon cabinet.

« Si vous rejoignez votre lieu de travail, alors vous n'aurez pas de détour à faire ! C'est parfait, ainsi, je ne vous dérangerai pas ! ».

J'expire bruyamment pour signifier mon mécontentement mais acquiesce tout de même. Soit, je connais ainsi la route par cœur. Mais je m'amuse tout de même.

« Je ne vais pas au cabinet, mais chez moi, dis-je laconiquement avec malice.

— Que je suis bête ! On est samedi... Oh, et bien, dites-moi où vous habitez et...

— Juste au-dessus du cabinet ».

En dépit de la route, je ne peux m'empêcher de jeter un œil satisfait à Nathan. Il me dévisage et, tel un enfant qui comprend le piège, se met à ronchonner et à bouder. Je m'en amuse et continue de le titiller.

« De ce fait, je crains que vous ne me fassiez faire un détour immense pour aller à mon cabinet...

— Vous n'étiez pas si moqueur, tout à l'heure » râle-t-il.

Effectivement, le scud est mérité. Je ne laisserai pas l'ambiance se détériorer davantage.

« Dans tous les cas, cabinet ou domicile, je vous aurais déposé là où vous devez aller. Est-ce bien le cas si je rentre chez moi ?

— Oui, je vous le promets. Je dois faire quelques courses dans le quartier. C'est aussi pour ça que j'ai pris un si grand sac à dos ».

Mais la crainte transe mutique de mon voisin de voyage commence. Je brise la glace et renoue avec la profondeur de nos propos.

« Toujours est-il que vous aviez raison. Il est parfois plus aisé de se confier à un inconnu qu'à ses proches ».

Du coin de l'œil, je vois Nathan accepter ma remarque et reprendre une posture plus naturelle.

« Cela m'a fait plaisir de vous écouter, ne serait-ce qu'un peu. Et de savoir que l'église pour laquelle je m'investis a encore un sens pour d'autres personnes que moi.

— J'imagine que la communauté religieuse vous est aussi reconnaissante...

— Auriez-vous envie de parler davantage de votre mari ?

— Par curiosité ou pour me faire parler ?

— Peut-être un peu des deux ».

Je trouve donc la force de résumer à Nathan ma situation matrimoniale. Il écoute, il acquiesce, il prend parfois quelques respirations pour réagir mais je ne le laisse pas faire. Je suis bien trop pressé d'en finir.

« Pardon de le dire ainsi mais ... j'imagine que c'est encore plus dur quand on est psy.

— Pourquoi le pensez-vous ?

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant