LIYUE. { Xing-Yun } - [TERMINÉ]

L'Empire.

Des bruits de pas retentissaient sur le sol bétonné de la ville bien agitée en ce début d'après-midi. Les commerçants promouvaient leurs commerces, les enfants jouaient bruyamment, tandis que les cafés et petits restaurants rassemblaient les foules murmurant quelques mots puis dégustant la nourriture certainement délicieuse qui leur avaient été servit. Et quant à cet homme solitaire à la posture droite et confiante, lui, marchait parmi d'autres passants dans cette cacophonie agréable à écouter, sans même savoir où se rendre. Étonnement, celui-ci faisait confiance à ses jambes et pieds habillés de jolies bottine en cuire noir, comme si ces membres-ci l'avaient déjà portés plusieurs fois sur le même chemin auparavant. Il n'avait alors plus qu'à suivre ce que son instinct lui disait.

Sa marche était sûre et ses yeux ne quittaient jamais l'horizon, regardant toujours devant lui. Son regard neutre bordait son visage monotone et aucun sourire ne se dessinait sur ses lèvres légèrement rosées. Ses bras ainsi que ses grandes mains longeaient le long de son corps mouvant seul, de façon presque automatique, tout comme l'on appuierait sur le bouton 'Allumer" d'un automate pour lui faire subir toute sortes d'actions afin de vérifier de son authenticité. Bien sûr, le jeune Feiyun ne se sentait pas comme tel, mais tout de même, il avait cette sensation de transparence à travers cette foule. La vie agitée de sa ville natale continuait sans se préoccuper de sa personne et même si quelques gens venaient le saluer assez timidement, Xingqiu ne répondait que d'un geste rapide de la tête, sans esquisse d'un sourire sur son visage bien entretenu, avant de continuer son chemin sans même se retourner. Tout lui importait en effet, son esprit n'avait qu'une seule et même consigne qui n'avait cessé de se répéter depuis que son pied se déposait sur le béton de l'extérieur.

La première chose qu'il vit, et comme il s'y attendait très honnêtement, était ce petit garçon à la peau matte et à la tête surmontée d'une chevelure bouclée et somptueuse. Xingqiu se rappelait que ses pas étaient hésitants et un peu timide parce qu'en réalité, et qu'est-ce que la réalité était si perfide, le jeune homme avait l'impression de se voir à travers ce pauvre enfant. Il s'avait qu'un jour — n'importe lequel puisque le temps n'avait jamais vraiment de notion — il serait à son tour de prendre cette place ; la place d'un vaincu, d'un perdant et de quelqu'un qui avait tout perdu. Et tout comme cet enfant, personne, à ce moment précis, ne prendrait la peine de s'inquiéter pour lui.

Ce qui était beau, lorsqu'il avait entamé la discussion avec ce garçon et qu'il lui avait donné ce pansement bleu qu'il avait toujours gardé sur lui, ce fût lorsque le garçon lui sourit avec tout le bonheur du monde qui transpirait en lui. Xingqiu l'avait si bien ressenti et cela le rendit si triste. Pourquoi ce garçon était-il si heureux pour un simple pansement ? Cela n'avait pas de sens, il ne comprenait pas, c'était une marque d'attention si banale, il était même anormal de ne pas se sentir mal pour cette enfant. Il y avait tant de questions que se posait le jeune adulte que ce garçon avait résolu en une phrase et malgré lui cela rendit Xingqiu très étrange. Étranger à lui-même.

« Merci monsieur !, s'était-il exclamé en portant l'objet avec ces deux mains de façon à mieux le voir dans le bleu du ciel dégagé. C'est pas tous les jours qu'on m'offre quelque chose gratuitement !

- Oh mais ce n'est rien, lui avait alors poliment répondu le jeune maître, un sourire entendu dessiné sur son visage. Fais attention la prochaine fois.

- Je ne veux pas de prochaine fois, et de toute façon je n'aime pas ces personnes elles sont méchantes avec moi vous savez ?

- C'est vrai ?

- Oui. Je vous préfère à eux !

- Ah bon ?..., avait alors demandé le jeune homme franchement surpris. Pourquoi cela ?