Nous étions de retour à Caras Galadon depuis peu de temps et avions à peine avalé un morceau de lembas ou de fruit avant d'être convoqués par Haldir à l'infirmerie. Gimli et Legolas m'accompagnèrent, malgré ma demande de me laisser y aller seule. J'y retrouvais Elanor, mon père ainsi qu'Elfaron.
- Bien, maintenant que nous sommes tous réunis, expliquez-moi ce qu'il s'est passé ? Elanor ?
- Je me suis retrouvée encerclée par quatre Orques, l'un d'eux a détourné mon attention et un autre a profité pour me blesser à la jambe. Je ne pouvais plus prendre appui et j'étais en difficulté quand votre fille m'est venue en aide.
- Litya ?
- Je confirme sa version, je l'ai vu en difficulté et je lui ai porté secours, mais les Orques, nous voyant seules, se sont précipités sur nous et nous nous sommes retrouvées acculées. Et j'ai constaté que votre second n'a pas daigné venir vers nous alors qu'il avait constaté que nous étions en mauvaise posture.
- Elfaron ?
- Je n'ai rien à dire. Si elles savaient se battre, elles n'auraient pas eu de difficultés à se débarrasser de leurs adversaires.
Je serrais les poings et ouvris la bouche, prête à lui répondre vertement. Mais Legolas posa une main ferme sur mon épaule, m'intimant au silence. Je le laissais s'avancer et faire face à l'Elfe.
- Vous parlez à une personne qui a grandi parmi les rôdeurs du Nord, a combattu pendant la Guerre de l'Anneau, s'est distingué au Gouffre de Helm et à Minas Tirith. Et qui a chevauché auprès du Roi Elessar lors de l'assaut des Portes Noires du Mordor. Pouvez-vous répondre d'autant d'exploits ?
Apparemment, ceci suffit à faire taire le second. Le silence se fit durant un moment jusqu'à ce qu'Haldir reprenne la parole.
- Nous laisserons cela de côté mais je vous demande, à chacun, de vous respecter. Nous avons tous subi des épreuves, nous ne devons pas douter les uns des autres. La sanction sera autre si cela se reproduit.
Il congédia Elfaron et souhaita un bon rétablissement à Elanor avant de sortir, suivi de mes compagnons. Je restais un instant avec la soldat, lui demandant s'il fallait prévenir quelqu'un. Elle me signifia que non, qu'il était déjà au courant et je pris congé. Une fois dehors j'avisais Legolas, seul, appuyé contre un jeune bouleau, qui m'attendait. Je me dirigeais vers lui et posais ma tête contre son épaule tandis qu'il m'entourait de ses bras.
- Où est Gimli ?
- Il est allé prendre ce qu'il appelle un vrai repas afin, je cite, de se remettre de cette charmante petite bagarre avec les Orques.
- Il ne changera pas, toujours le ventre qui prime.
- C'est ainsi que je l'apprécie.
- Et moi de même. De quoi voulais-tu me parler ?
- Oh, c'est inutile au final, je me rends compte que tu as déjà constaté qu'il ne fallait pas se fier à Elfaron.
- Il me faut te faire un aveu : je l'ai rencontré hier soir, après le repas. Il a paru curieux à mon égard et je n'étais pas à l'aise lorsqu'il me parlait. Il a ensuite traité Gimli de barbare et ma réponse ne lui a certainement pas plu.
- Ton père m'a signalé que demain, nous n'irions pas en patrouille et que nous irions nous entraîner. Je vais presque souhaiter croiser le fer avec son second. Il a tenu quelques propos fort désagréables pendant que je patrouillais en sa charmante compagnie.
Je relevais la tête et croisais son regard pétillant. Je ne doutais pas un instant de l'issue du combat et lui adressais un sourire avant qu'il ne se penche sur mes lèvres.
Nous profitâmes tous deux de la douceur de la nuit tombée, marchant et parlant doucement, jusqu'à ce qu'il fit trop sombre et il me raccompagna jusqu'au talan de mon père, au pied duquel il me laissa pour rejoindre le sien.
Grimpant rapidement, je rentrais chez Haldir, surprise de le voir adossé à la rambarde du balcon. J'allais vers lui, inquiète, mais il m'adressa un sourire tendre.
- As-tu bien profité de la soirée avec Legolas ? Je suis désolé que vous soyez obligés de vous tenir éloignés la nuit, mais les traditions sont lentes à changer.
- Ne vous excusez pas, Ada. Nous savions que les règles ne seraient plus les mêmes une fois que nous serions de retour parmi les nôtres. Oui, la soirée a été belle et douce.
- Je souhaitais te donner un dernier conseil concernant Elfaron. Il n'a fait que vous tester. Méfiez-vous de lui, il fera ce qu'il est nécessaire pour avoir le dessus sur vous, surtout toi. Il n'hésite pas à sacrifier ceux qu'il aime pour parvenir à ces fins, comme tu as pu le constater avec la jeune garde, qui n'est autre que sa fiancée.
- Elanor ? Comme ose-t-il la traiter ainsi ?
- Bien que cela soit rare, la jalousie chez les Elfes prend parfois des proportions incroyables. Et c'est ce qu'il se passe avec lui. Depuis trop longtemps je suis le Gardien de la Lòrien à ses yeux. Il ne souhaite que ma place et sait pertinemment que ta perte me ferait partir vers les Havres Gris. Qui plus est, tu n'existais pas à ses yeux il y a quelques mois de cela, et depuis, voilà que tu as participé à la Guerre de l'Anneau et que tu es fiancée au Prince de la Forêt Noire. Tout nous réussit, dans son esprit étroit.
- Je serais prudente à l'avenir. Bonne nuit, Ada.
Je le serrais dans mes bras et partis dans ma chambre plongée dans le noir. Une fois la porte refermée, je me dirigeais vers la fenêtre que j'ouvris en grand afin que la lumière du porteur de Lune éclaire la pièce. Un bruit furtif derrière moi me fit me raidir et je me retournais vivement en dégainait ma dague. J'eus un soupir de dépit en voyant le sourire goguenard de Legolas, confortablement installé sur mon lit. Posant un doigt sur ses lèvres fines, il me fit signe de m'approcher et je posais mon arme sur un meuble proche avant d'aller me blottir dans ses bras.
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Les rôdeurs (TERMINÉE)
FantasíaLitya est une elfe, élevée par les rôdeurs au décès de sa mère, peu après sa naissance. Peu curieuse de son passé, elle a vécu au gré des changements de la Terre du Milieu. Lorsque le Mordor se réveille, elle accompagne Aragorn à Bree et son destin...