Souvenirs d'une soldate du Bataillon d'Exploration [LevixOC]

Chapitre 41 : Défiance

Cette nuit avait été agitée. Finalement, je n'avais pas réussi à beaucoup dormir. Après de multiples tours dans mon lit, j'avais décidé de me lever pour de bon aux alentours de six heures du matin. Le soleil avait déjà pointé le bout de son nez et la journée s'annonçait chaude. J'étais donc sortie après m'être vêtue d'un simple t-shirt gris et d'un short en toile que j'avais apportés dans mon paquetage.

J'avais fait le tour du château complètement silencieux pendant quelques minutes et je m'étais trouvé un arbre sous lequel me reposer avant de reprendre la route pour rentrer au QG dans l'après-midi. Je pensai un instant à Levi et Eren. Je me demandai s'ils avaient réussi à trouver le sommeil cette nuit. Je m'inquiétais vraiment pour eux. Je ne savais pas ce qu'Erwin leur réservait, ce dont j'étais sûre, c'est que Levi avait besoin de repos. Et moi aussi. Seulement, la menace du titan féminin était bien réelle et il allait falloir s'en occuper rapidement. C'est sur ces pensées que je finis par me rendormir.

Le soleil se trouvait bien plus haut dans le ciel quand j'ouvris enfin les paupières. Je me frottai les yeux méticuleusement avant de remarquer qu'Eren se trouvait à quelques mètres de moi. Il me faisait dos et était assis dans l'herbe, le regard fixé vers le ciel.

Je me levai difficilement, encore sonnée de ma sieste improvisée et m'avançai vers lui. Il entendit mes pas froisser les brins d'herbe haute et se retourna avec un petit sourire.

— Bonjour, Capitaine.

Il finit à peine sa phrase qu'il se remit à contempler le ciel. J'arrivai à sa hauteur et levai moi aussi les yeux vers le ciel pour voir ce qu'il y avait d'aussi intéressant. Rien à signaler, à part quelques nuages, le ciel était complètement normal. Je ne cherchai pas plus loin et continuai de fixer un point imaginaire au milieu de l'azur.

— Salut, Eren. Levi t'a laissé sortir ?

Il hocha énergiquement la tête et me sourit. J'étais contente que Levi m'ait écoutée pour une fois, Eren avait l'air d'aller beaucoup mieux en plein air qu'hier. Il me rappelait moi à son âge, ces moments de joie et d'insouciance que j'ai pu vivre à une époque. Une époque où la menace des titans était encore lointaine pour moi. Une époque où la mort ne se trouvait pas tout autour de moi. Une époque où tout était calme et paisible.

— Il avait l'air d'aller comment quand tu l'as vu ?

— Bien. Enfin, je crois. Il se gratta la tête et laissa échapper un rire. C'est le Caporal, c'est toujours compliqué de savoir.

Je hochai la tête à mon tour, mais cette fois-ci plus lentement.

— Et toi, Eren, ça va ?

— Oui. De toute manière, je pourrais pas me laisser abattre longtemps. Je sais qu'on compte sur moi.

— C'est bien, Eren. Je suis contente que tu le prennes comme ça. Mais, n'en fais pas trop, tu as le droit de te reposer.

— Non, j'ai une mission à accomplir. Je me reposerai plus tard.

Son ton encore enjoué il y a quelques instants s'était endurci. Il était soudain devenu vraiment sérieux et l'atmosphère était presque devenue oppressante. C'est fou comme ce garçon avait la capacité de faire ressentir ses émotions aux autres. Bien que ses intentions étaient tout à fait louables, ses mots m'avaient quand même rendue inconfortable. Je savais qu'on lui en demandait trop. Ce gosse avait à peine quinze ans et tout le monde l'appelait déjà l'espoir de l'humanité, trop de responsabilités reposaient sur lui. Il en avait déjà trop vu pour son âge, rien ne pouvait bien se passer pour lui. Il était condamné. On l'avait condamné.

Je chassai mes appréhensions et mes inquiétudes de mon esprit et changeai de sujet :

— Levi t'a dit quelque chose ?