CHAPITRE XIX - WYATT

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Mon crâne va exploser. Je peine à ouvrir les yeux, parce que la douleur qui compresse mon cerveau me donne envie de vomir. Ça faisait bien longtemps que je n'avais plus subit de nausées dues à la douleur, mais je jure que cet état ne m'avait pas manqué.

Mais où suis-je ?

Dans un soupir, je finis par déclarer forfait. La curiosité est trop forte, j'ouvre les yeux. Ce qui est certain, c'est que je ne suis pas chez moi, et mes souvenirs sont bien trop flous pour que je me rende compte de l'endroit où je me suis fourré hier soir, alors j'attends. J'attends... mais pas plus de quelques secondes, parce qu'une voix s'élève.

- Douze heures de sommeil, qui dit mieux ?

Julian.

Même si j'avais des pertes de mémoire fréquentes, jamais je n'oublierai la voix de Julian. La semi-obscurité qui règne dans la pièce me fait chercher un instant, et mon regard se bloque soudainement sur une silhouette, assise à quelques mètres de moi. C'est lui. Oui, si je frissonne à ce point, si mon cœur s'emballe et que mon souffle s'accélère, c'est qu'il s'agit bel et bien de Julian.

- Puis-je allumer la lampe de chevet, ou tu préfères que j'attende ?

- Allume, grommelé-je.

Ni une ni deux, la pièce s'éclaire. Assis sur une chaise, Julian est là. Chapelet en mains, les yeux fatigués mais toujours aussi beaux, Julian est bel et bien à mes côtés. Je percute seulement sa phrase, d'ailleurs : Douze heures de sommeil. Donc, ça veut dire qu'il m'a veillé durant douze heures ? Il est resté à mes côtés, comme je l'ai fait lorsqu'il était à l'hôpital, n'est-ce pas ?

Actuellement, je n'en sais rien et je m'en fiche pas mal, parce que je suis incapable de réfléchir plus longtemps. Tout ce que j'ai besoin de savoir, seul lui le sait.

- Où sommes-nous ?

- Dans l'hôtel le plus proche du Caprice.

Le Caprice ? Comment connait-il cet endroit ?

- Avant que tu ne poses la question, c'est devant ce bar que tu es tombé dans les vapes. Lorsque tu as repris connaissance, j'en ai profité pour t'emmener dans un endroit avec un lit digne de ce nom, m'explique-t-il. Ensuite, tu n'as pas attendu une minute pour t'endormir de nouveau.

- Comment connais-tu cet endroit, Padre ?

Julian sort de sa poche une carte de visite. Evidemment, c'est celle du Caprice. Evidemment, c'est la mienne.

- Elle est certainement tombée de ta poche lorsque tu es allé chercher mes affaires. J'ai supposé que tu étais là-bas, j'avais un pressentiment, avoue-t-il. Donc, je suis venu jusqu'à toi.

- Mais pourquoi être venu ? soupiré-je. Ça fait quelques jours que j'essaye de m'éloigner, et toi, tu viens vers moi ?

Je tente de me lever, parce qu'un élan de nervosité m'anime soudainement, mais la douleur qui compresse mon cerveau m'en empêche. Pour être tout à fait honnête, je n'ose même pas le regarder. Je ne veux pas le regarder.

- Moi aussi, je voulais que tout ça s'arrête, Wyatt.

Mon cœur s'emballe violemment. Dans sa voix, je discerne une pointe de tristesse, mais également de contrariété. Pour éviter d'envenimer les choses, je garde le silence.

Mais pas lui.

- Je me déteste pour ça, mais il m'est impossible de ne pas penser à toi, comme il m'est impossible de penser à toi ! Tu es, à la fois, la personne la plus ignoble que j'ai rencontré dans ma vie, et celle qui m'a sauvé. Un démon, mais également un ange gardien, explique-t-il. Quelque chose de puissant m'attire inlassablement vers toi, ça doit être la raison pour laquelle je te hais. Et que Dieu me pardonne pour ces paroles, mais je suis certain qu'il comprend.

GOOD BOYS GO TO HELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant