« Je suis le renard du Petit Prince ! »

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  Le soleil déjà haut accabla Camille dès sa descente du bus. Elle s'imaginait, en arrivant à Séoul, que le temps passant, elle s'y ferait. La chaleur était bien différente de celle des étés de sa Touraine natale.

  Toute la frivolité des minutes précédentes s'envola. Ce n'est plus seulement la chaleur qui lui pesait soudainement, mais aussi le mal du pays !

  Camille avait cette particularité qui l'agaçait : son visage laissait transparaître toutes ses émotions. Elle détestait ça : on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert.

  La voyant ainsi, Namjoon ralentit le pas puis s'arrêta à sa hauteur.

  — Camille ? Ça ne va pas ? s'inquiéta-t-il sincèrement.
Elle leva les yeux vers lui, désolée.
— Si, si, ce n'est rien... juste un peu le mal du pays tout à coup. C'est bête. Ne fais attention. C'est encore loin ? lui répondit-elle sans fard en reprenant sa marche.
  — Non, pas plus de cinq minutes. Mais, Jagiya... Pourquoi crois-tu que ce n'est pas important ? Dis-moi. Raconte.
  — Non, vraiment, ce n'est rien...Après tout, je ne suis pas là depuis si longtemps ! Je suis bizarre ?

  Alors, il lui raconta comment, en tournée, ou même pendant les voyages à l'étranger bien plus courts, pourtant, lui aussi pouvait le ressentir. Et, elle avait même le droit de rire, il emportait des snacks et des ramens avec lui !

  — Oh ! s'écria Camille rassérénée. Mercredi dernier, j'ai craqué ! Tu sais, le mercredi, en France, on appelle cela "le jour des enfants". C'est assez fréquent que pour le repas du midi, on leur cuisine des petits plats qu'ils aiment bien. Alors, comme ça, j'ai décidé de cuisiner avec Dambi quelque chose qui me rappelait ces mercredis !
  — Vraiment ? Elle a dû apprécier ! Cuisiner avec toi et manger à la française ! C'est très chic !
Camille rit de bon coeur.
  — Pas vraiment ! On a fait du "hachis parmentier" ! dit-elle en français. Ce n'est pas la saison... mais j'en avais envie.
  — Du "hachis parmentier" ? essaya-t-il de répéter tant bien que mal.
   — Oui, une purée de pommes de terre accompagnée de viande de bœuf...
— Waouh ! s'écria le gourmand qui sommeillait dans ce grand gaillard. Tu cuisinerais pour moi aussi ?
  — Non ! Nous...
Elle n'eut pas le temps de continuer sa phrase !
  — Mais pourquoi ? Tu n'as pas le temps ? C'est compliqué ? C'est interdit aux adultes ?
— Joonie !!! Je voulais juste te proposer de cuisiner avec moi ! répondit-elle mi attendrie mi amusée.
  — Moi ? Cuisiner ? Sais-tu comment ma famille m'appelle ? Et je ne parle pas des membres du groupe !
  — ...
  — « Pose ça là ! » dit-il d'un air absolument contrit.

  Camille leva les sourcils d'étonnement. Elle avait bien remarqué sa maladresse, mais jamais au point de la trouver handicapante ou dangereuse ! Et, dans leurs moments de tendresse ou de sauvagerie, elle trouvait sa balourdise vraiment craquante.

  Les pensées de Camille et leur conversation furent suspendues. Ils étaient déjà arrivés au pied de l'immense immeuble de verre haut de dix-neuf étages. Namjoon la conduisit vers une entrée éloignée de la principale.

— L'entrée des artistes ! dit-il en présentant la porte encadrée de deux vigiles.
Il sortit son badge et le présenta tout en disant aux deux hommes indéridables :

—  Elle est avec moi.

  Camille se sentit subitement impressionnée. Elle avait totalement oublié les jeux coquins du bus et son coup de blues d'il y a quelques instants à peine. En suivant son compagnon, elle lui trouva une prestance qu'elle n'avait jamais remarquée jusqu'à présent.

  — Avant de descendre au sous-sol voir l'expo, tu aimerais visiter mon studio ? proposa-t-il.
— C'est possible ? Oui ! se réveilla soudainement la petite curieuse.
  — Une partie du sixième étage nous est réservée. Elle se trouve près du grand studio de danse. C'est spacieux et confortable ! Nous avons été impressionnés en emménageant !

Moon Children (Namjoon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant