Juste une caresse

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Je n'ai pas posté ici depuis presque un an. Et je dois dire qu'une part de moi a clairement manqué l'écriture. Je remercie mon amie Anaïs pour sa motivation et pour son envie de lire mes écrits même après cette longue absence. 

Je vous souhaite une belle lecture !

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Le tournage était terminé et Fred leur annonça qu'il devait s'en aller car il avait du travail à finir à Maison Grise. Quant à Pierre et Benjamin, ils décidèrent de se rendre plus tard au bureau pour ranger le matériel et vérifier les rushs de la vidéo. La porte d'entrée claqua derrière Fred et les deux hommes se retrouvèrent seuls. Ils n'avaient toujours pas bougé du lit où ils étaient installés, profitant de quelques instants de silence après un tournage intense. Le format du "Tu ris, tu perds" ne demandait pas de grands moyens techniques mais ils finissaient toujours quelque peu fatigués après avoir tant ri. De plus, Pierre se délectait de sa première victoire sur ce format, plutôt inattendue mais tout à fait bienvenue.

-J'arrive pas à croire que je t'ai battu, sourit Pierre en se tournant vers Ben qui était étalé à ses côtés, les bras derrière la tête.

-Te vante pas trop, une seule victoire comparé à toutes tes défaites, y a pas de quoi se la ramener, répliqua Benjamin.

-Je te croyais pas si premier degré!

-Tu sais à quel point je peux te trouver insupportable quand tu gagnes un jeu, répondit le brun en croisant son regard.

Pierre leva les yeux au ciel sans rien ajouter. Il savait que son ami n'avait pas tort. Il était mauvais perdant et s'il avait le bonheur de gagner à un jeu, il en devenait si insupportable que ses amis en étaient venus à préférer le réconforter d'une défaite plutôt que de le voir se pavaner pendant des heures.

Cela dit, le blond avait tout particulièrement apprécié ce tournage. Hormis sa victoire, il avait trouvé Benjamin plutôt réceptif à ses taquineries lors de la vidéo. Il avait pris un malin plaisir à le déstabiliser en caressant son pied et il n'avait pas manqué la teinte rosâtre que les joues du brun avaient pris suite à ce geste. Il avait répliqué que c'était de l'anti-jeu lorsque Fred avait voulu lui retirer un point parce qu'il avait ricané mais Pierre savait que c'était une défense de façade pour ne pas admettre qu'il avait apprécié la caresse du blond.

Et à sa grande surprise, Benjamin avait répliqué quelques minutes plus tard en en faisant de même avec le pied de Pierre. Il était inhabituel que le brun rentre dans ce genre de jeu face à une caméra. Il était davantage réceptif lorsqu'aucun public n'était là pour les voir interagir ensemble même s'il conservait toujours son caractère pudique. Au fil du temps, il avait appris à connaître Pierre mieux que quiconque et il était l'une des rares personnes avec qui il s'autorisait vraiment à être lui-même. Pierre était heureux qu'il lui fasse autant confiance et que leur relation ait pu autant évoluer depuis leur rencontre. Il était désormais rare qu'ils fassent une vidéo sans l'autre sur leur chaîne respective et lorsque les journées de travail se terminaient, ils aimaient s'octroyer quelques moments juste à deux, loin du bruit de l'open space de Maison Grise, loin de leurs collègues... juste eux deux dans la bulle qu'ils s'étaient constitué.

Allongés côte à côte sur ce lit, ils partageaient une nouvelle fois un moment de tranquillité bienvenue où ils profitaient simplement de la présence de l'autre.

Au bout de quelques minutes de silence, Pierre se décida enfin à prendre les choses en main. Il était peu sûr de l'issue de ce qu'il se préparait à faire mais il commençait à être lassé de sentir Benjamin si proche de lui et pourtant si loin. Il se rapprocha de l'autre homme et aventura sa main sur sa hanche, la déplaçant lentement sur le jean de l'autre homme. Il n'osait pas plonger son regard dans celui de Ben, de peur d'y voir de la peur ou du dégoût. Il sentit l'homme frissonner contre sa peau.

-Pierre, qu'est-ce que tu fais? lui demanda Ben d'une petite voix.

-T'as aimé quand j'ai fait ça pendant la vidéo, pas vrai?

-C'était sur mon pied et...et j'ai pas dit que j'avais aimé.

-Alors dis-moi d'arrêter.

Cette fois-ci, Pierre osa lever les yeux pour regarder l'objet de ses désirs. Benjamin le regardait aussi, les yeux pétillants. Ils restèrent quelques instants immobiles, perdus dans les yeux de l'autre, cherchant à sonder l'esprit de leur vis à vis à la recherche de réponses qu'ils espéraient deviner sans avoir à parler.

-Tu veux que j'arrête? demanda à nouveau Pierre.

Sa main était remontée le long des côtes du brun et il commençait à sentir son coeur tambouriner à l'intérieur de sa cage thoracique.

-Non, lâcha finalement Benjamin.

Il eut l'air lui-même étonné de sa réponse mais finalement, elle était complètement logique.

Pierre le sentit frissonner contre lui lorsqu'il se plaça au-dessus de son corps, le surplombant et encerclant son visage de ses mains. Il voulait être sûr que le brun en avait autant envie que lui. Un seul regard lui suffit pour le comprendre. Alors, ils se baissa lentement, approchant son visage de celui de Ben jusqu'à ce que leurs souffles se mélangent. A l'extérieur, la vie battait son plein. Dans cette chambre, le temps s'était arrêté. Finalement, Pierre franchit les derniers centimètres qui les séparaient et ses lèvres se posèrent sur celles de l'autre homme. C'était leur premier baiser. Leur premier vrai baiser du moins. Il n'était pas sûr que celui de leur mariage factice compte. Et ce baiser hors du temps, il le savoura entièrement. Il fut sûr de lui, plus sûr qu'il ne l'avait jamais été auparavant. Il voulait Ben dans sa vie. Il le voulait complètement, tout son être le lui criait et il entendait son coeur s'emballer et résonner dans ses oreilles, lui confirmant la perte de contrôle de ses émotions. Benjamin bougea sous lui et encercla le dos de Pierre de ses bras, collant davantage leurs deux corps ensemble. Il était si naturel que leurs lèvres soient réunies, qu'ils ne fassent plus qu'un. Pierre et Benjamin face au reste du monde.

Le blond s'enivrait de l'odeur de Ben, de sa barbe naissante qui se mélangeait à la sienne, de leurs nez qui s'entrechoquaient. Il aimait tout de ce baiser.

Quelques années plus tard, il n'avait jamais cessé de se remémorer cette scène encore et encore. Et à chaque fois qu'il y pensait, il fermait les yeux et s'imaginait la vivre à nouveau. Il aimait Benjamin, c'était une évidence. Benjamin l'aimait aussi. Avait-il besoin de plus dans sa vie?

Juste une caresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant