"je reviendrai quand tu revolera"

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Cette nuit là, Laura ne dormit pas. Dans son esprit ses pensées cogitaient, s'entrechoquant et filant à toute allure, traversant de long en large sa boîte crânienne et se répercutant à l'infini sur les rebords de cette dernière.
La jeune fille devait partir, elle allait s'en aller.
On le lui avait annoncé tout à l'heure, lors du repas du soir. Elle partirait pour 2 mois dans une école d'écriture parmie les plus réputées, encadrée par les plus grands hauteurs de ce siècle. Sa famille s'était démenée comme une folle pour lui faire la surprise ! Laura était aux anges: son rêve allait se concrétiser.

Cependant, partir deux mois signifiait ne plus avoir de contact avec ses proches pendant cette période. Ce n'était pas bien compliqué cela dit, ses meilleures amies comprendraient; mais il y avait ce garçon. Celui qui obnubilait ses rêves, qui les représentait au même titre que son envie de devenir écrivaine : Matthéo. Il s'appelait Matthéo. Ce dernier avait pourtant clairement fait comprendre à la jeune fille, il y a quelques mois, qu'il n'y aurait rien entre eux. Pourtant, ces derniers temps, cela semblait différent. Elle en était sûre: il pourrait se passer quelque chose. Mais voilà, deux mois sans rien tuerait sûrement ces semblants de sentiments. Il fallait donc que Laura agisse avant de partir.

Quitte à ce qu'elle se soit faite des films, quitte à ne pas éprouvé de choses réciproques et même quitte à le perdre; elle s'en fichait. Elle se devait de le savoir avant de partir -ne serait-ce que pour le bien-être de sa santé mentale. Elle l'aimait et si une solution pour le lui faire comprendre existait, elle l'emploierai coûte que coûte. Elle réfléchit donc toute la nuit là-dessus, cherchant le meilleur moyen de déclarer sa flamme à son crush :
~ Une lettre? -Non, trop cliché !
~ Une chanson? Il aimait la musique après tout. -Non cela prendrait trop de temps !
~ Et cette liste s'allongea encore...

Laura avait beau chercher, rien d'assez bien n'apparaissait à ses yeux.
Et cela continua sur une semaine -une semaine à chercher, en vain. Durant cette période, les deux adolescents se croisèrent quelquefois au lycée sans que rien ne se produise, si bien que la veille de son départ arriva. C'était un vendredi et il pleuvait à seaux.

Et c'était ce même vendredi que Laura se tenait là, à la dernière heure de cours, devant la porte de la salle de classe de Matthéo, sans aucune idées préméditées. Elle tocqua alors d'un courage inédit et entra, hésitante. Elle était fébrile et blanche comme un linge, mais la jeune fille arborait un visage interdit face aux autres. Elle le lui dirait. Comment? Peut-importe ! Sa tête cependant remplie d'appréhension, Laura ne se rendit pas compte qu'elle s'était arrêtée, figée, le dos face au grand tableau d'ardoise taché de craie. Elle observa alors chacuns des visages peints d'interrogations qui l'observaient, et, ne se souciant pas des dires incessants du professeur, s'avança vers la plus belle paire d'yeux de la terre. Ces yeux marrons foncés presque noir, si mystérieux qui, pourtant si froid de l'extérieur, abritait la plus belle des chaleur. La jeune fille y voyait la vie. Alors, sans actes prémédités et en un instant de plantation générale, elle s'approcha lentement de Matthéo. Elle qui au départ était hésitante, fut éprise d'une confiance inexplicable. Son cerveau ne savait rien, son cœur lui, savait tout.

Arrivée devant lui, Laura sourit simplement et, dans un geste totalement incontrôlé, attrapa une courte mèche brune qu'elle enroula autour d'un de ses doigts. Puis, en une caresse suspendue, glissa sa main sur sa joue. Il la regardait avec incompréhension tandis que les muets curieux autour d'eux dégagaient trop d'émotions pour ne pouvoir en citer que quelques unes.
La main de Laura, caressant distraitement la joue du jeune homme dériva ensuite à l'est; cajolant à présent doucement la nuque de Matthéo ; chaques caresses devenant plus vivaces et téméraires encore que les précédentes. Il eut alors l'audace d'appuyer sa joue contre la paume de main de Laura , qui sentit son cœur s'emballer à ce geste. Elle ne se rendit pas compte que la distance entre leur deux visages avait considérablement diminuée. Ils étaient maintenant si proche qu'ils pouvaient sentir le souffle chaud et enivrant de l'autre sur leurs pommettes. Le jeune homme prononça alors le prénom de sa tentatrice dans une plainte lasse et impatiente, ses lèvres s'ourlant avec parcimonie autour de chaque syllabes prononcées. Le pouce de Laura, remonté au niveau de la ligne de la mâchoire du garçon, n'était qu'à quelques infimes centimètres de cette bouche si envoûtante et ensorceuleuse qu'elle rêvait de faire sienne. La jeune fille le fit taire de ce doigt intrépide qui effleurait maintenant le coins de ces lèvres appétissantes qui s'étiraient en un sourire las et impatient.

Leurs bouches entrouvertes, les deux adolescents se regardèrent, se détaillant minutieusement. Laura se sentit transportée au-travers des yeux de Matthéo, pénétrant ainsi son esprit et voyageant vers un monde n'existant que pour eux. Ils étaient deux, ils étaient ensemble, ils étaient bien. Vue de l'extérieur, la scène paraissait irréelle, tandis qu'ils s'observaient d'un regard si profond et intense que leurs pupilles se reflétaient l'une dans l'autre.

Et dans un dernier effort, ils scellèrent leurs lèvres avec amour et tendresse. Après un bref moment de perplexité durant lequel le jeune homme se laissa faire, la bouche du garçon ainsi posée sur celle de Laura embrassait finalement sa jumelle. Ce fut tout d'abord, délicat et hésitant, bien que cette attitude doucereuse laissait bientôt à un déchaînement de passion trop longtemps refoulée, rythmé par les battements irréguliers et effrénés de leur cœur.

Ces lèvres si tentatrices pour Laura, s'accolaient aux siennes telles deux parties d'un cœur trop longtemps séparées. Ces gousses roses bien trop impatientes s'entrouvrirent avec synchronisation pour laisser le passage à leur langue qui dansaient à présent le plus beaux des ballet. Les adolescents se séparèrent alors :
- je t'aime, lui murmura t'elle en un souffle rauque.
Et le garçon en face d'elle sembla s'illuminer, le regard pétillant. Ses yeux d'habitude si sombres luisaient à présent d'une teinte magique inexplicable. Enfin, si l'on occulte le syndrome de l'amour bien-sûr.
Il l'observa alors d'un regard dont lui seul avait le secret, la transperçant et mettant son esprit à nu face à lui. Et dans un moment d'arrêt du temps, lui répondit que s'était réciproque, avant de sourire.

Le temps ne tournait toujours plus autour d'eux quand bientôt, ils furent ramener à la réalité : la sonnerie marquant la fin des cours venait de retentir.
Bizarrement, rien aux alentours ne bougeait, si ce n'est que la pluie s'était arrêtée ; mais consciente qu'elle devait s'en aller, Laura chuchota, les larmes perlantes aux coins de ses beaux yeux :
- je dois m'en aller, je reviendrai lorsque que tu revolera, mon bel aviateur.
Et elle s'en alla, laissant là un Matthéo encore dans sa bulle et ne saisissant qu'à moitié l'importance de ces paroles. Il la regarda partir, hébété, sans ne vraiment rien faire ; et pendant deux mois, faute à pas de chance ou de destin peut-être, le jeune homme n'alla pas voler, son avion ayant un problème.

C'est ainsi que deux mois après leur baiser, les deux jeunes amoureux se trouvaient à l'aéroport, elle savant qu'il s'y trouvait, lui non.
Le garçon, plein d'espoir, s'avança sur la piste de décollage et regarda tout autour de lui : rien n'avait changé par rapport à ses souvenirs. Néanmoins, quelque chose manquait à l'appel. Laura. Il allait enfin revoler, elle lui avait promis d'être là. Elle n'y était visiblement pas.

Sur le point de perde totalement espoir, il entendit une voix au loin, comme un mirage venu d'ailleurs : sa voix. Elle l'appelait.
Il se retourna d'un seul coup et la vit ; aussi belle, quoique plus, que la dernière fois, et tous ses doutes s'envollèrent. Il la regardait, s'émerveillant, et son monde s'arrêta de tourner pour la deuxième fois de sa vie.
Elle courait vers lui, il ouvrit grand ses bras et l'enlaça. Ils se serrèrent l'un contre l'autre si fortement que l'oxygène venait à manquer. Mais cela importait peu car ils étaient enfin de nouveau ensemble. Ils partageaient une étreinte réconfortante, forte et magique, pleine d'attentes, de promesses et d'autres questionnements secondaires. Pour le moment, Laura avait rejoint celui qu'elle aimait et Matthéo serrait contre lui celle qui, plus tard, porterai son nom de famille.

Depuis ce jour, les deux adolescents ne se quittèrent plus, devenant bientôt époux pour devenir ensuite d'heureux parents.

Fin.

PS: parce que ça fait du bien, des fois, de rêver de fins heureuses. <3

C'est le premier one-shot comme ça que j'écris, j'espère qu'il vous a plu.

🔞 Oneshot Romance 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant