Star-crossed souls, part 1: Sunset

Chapitre 27

Cela fait six mois pile depuis la bataille de Crait, bientôt un mois depuis celle sur Mandalore.
Et tandis que la résistance se relève petit à petit nichée quelque part dans la forêt vierge, le premier ordre, lui, gagnait considérablement en puissance. Mandalore n'est rien de plus qu'une tâche d'encre dans un grand livre ouvert et inachevé, du moins c'était ce qu'avait conclu Pryde pour remotiver les troupes. En ces jours pourtant, le premier ordre est puissant... mais divisé, déchiré même de l'intérieur.
Face à l'immense chantier sur lequel se dressaient fièrement des destroyers fraîchement rénovés, le général allégeant observait cette magnifique avancée avec une pointe d'amertume. Il savait que derrière ces machines de guerres au prix exorbitant nichait un malaise qui ne faisait que s'accroître depuis ces derniers temps.
Sur une passerelle adjacente, le général Griss observait lui aussi le déploiement des destroyers. Sans que cela ne soit particulièrement prévisible, les deux hommes s'étaient trouvés un parfait terrain d'entente depuis les dernières réunions du conseil suprême, une bonne alchimie qui ne cessait de se développer, quelque chose de rare en ces moments plutôt rythmés de désaccords et d'engueulades:
«-Général Griss! Pryde apparut aux côtés de son compère, bras tendu vers lui.
-Mon général. Répondit Griss en lui serrant la main.
-Vous êtes venus assister à cet événement, dans le froid, de votre plein gré. Fit Pryde, cynique, comme à son habitude.
-Et bien, je suis en repos aujourd'hui, et les journées sont longues dans ma cabine.
-Je comprends.»
Mains dans le dos, le regard vers l'horizon, il n'y avait, pour une fois, aucune hostilité entre deux mêmes membres du premier ordre. Une entente qu'il fallait mettre à profit, Pryde l'avait bien compris.
«-Comme vous êtes en repos, Pryde se retourna soudainement vers Griss, se mettant à parler à voix basse, que diriez vous de venir prendre un verre plus tard dans la soirée.
-Oh. Avec joie.
Pryde esquissa son habituel sourire narquois, emplit d'une légère fourberie qu'il ne maîtrisait que trop bien. Griss quand à lui savait qu'en se liant d'amitié avec le bras droit du suprême leader, il ne pourrait qu'en tirer des bénéfices.
-Bien, alors rendez vous à mon bureau d'ici la tombée de la nuit, là bas nous pourrons discuter affaires sans trop d'oreilles attentives autour de nous.»
Griss fut un peu surpris malgré tout, y avait-il un ragot qui lui aurait échappé, à lui un membre du conseil suprême. L'homme ne put s'empêcher de tergiverser plus longtemps dans le froid sur le sujet, après tout, Pryde était parfois bien mystérieux.

Au même instant dans le secret le plus total, Selemn s'était réfugiée auprès de l'ex amirale Rae Sloane. les jours devenaient longs et difficiles pour la jeune femme qui, depuis le début de cette journée, ne s'arrêtait pas de vomir tripes et boyaux.
Selemn était forte, savait prendre sur elle sans soucis, mais cette fois elle avait fini par céder à cette torture qui, en plus, ne faisait que l'inquiéter de plus en plus.
Depuis quelques temps maintenant, elle savait que le meilleur des refuges était Sloane et son bureau lumineux donnant sur les plateaux enneigés de la planète. Demali savait que la générale ne quittait que très peu celui-ci et qu'il y aurait toujours de place pour y être réconfortée.
«-Tenez, buvez encore un peu. Sloane était au petit soins pour la rouquine penchée au dessus de son seaux, l'air minable, avachie. Vous sentez que ça va mieux? S'inquiéta la générale.
-À peine... marmonna Selemn, pâle et affaiblie, elle faisait peine à voir.
-Allez, Sloane passa gentiment sa main dans le dos de celle qu'elle protégeait. Ce n'est rien de grave.
-Je me demande comment je vais tenir encore six mois dans cet état. S'énerva presque Demali, sentant une nouvelle vague de nausées monter.
-Allons, allons, à ce stade je ne suis plus sûre que votre grossesse soit la seule raison de votre état. Selemn leva les yeux vers elle, intriguée. Je pense surtout que vous êtes trop stressée ma pauvre.»
Demali fut happée par ses pensées, oubliant son mal de ventre, preuve qu'il y avait une grande part de psychologique dans ses maux. Sloane avait sans doute raison, elle ne s'était jamais sentie aussi mal que depuis son retour de Mandalore.
Sloane se pencha vers elle, attendant une réponse, qu'elle s'ouvre un peu.
«- C'est vrai, débuta la jeune femme, mais je me sens faiblir, je suis épuisée, plus aussi performante que je ne l'étais, mon corps change, j'ai l'impression d'être sans cesse observée et pourtant je me tue à me cacher, à rester droite... et c'est d'autant plus dur que je sais que ça ne sera pas possible indéfiniment. Selemn reprit son souffle, elle était au bord des larmes, affaiblie par ce jeu dangereux qui la mettait elle et son bébé en danger.
Pourtant Sloane ne semblait pas s'inquiéter, pas le moins du monde. Toujours aux côtés de la belle rousse, elle inspira profondément et lui prit les mains.
-Vous savez, vous êtes une grande figure ici, vous êtes bien plus libre que beaucoup d'entre nous... je suis persuadée qu'une mission bien calibrée où une fausse maladie bien dissimulée en duperont plus d'un. Malgré sa bonne volonté, et son ton enjoué, Selemn ne semblait pas suivre la générale.
N'oubliez pas que parmis nous il n'y a pas que des génies, même très peu.» C'était osé de penser ça, un peu prétentieux, mais pas irréel. Au moins, au final, cela avait eu le mérite de faire sourire Demali un instant.