Chapitre 11

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Après 3h de discussion, on a tout de même fini par reprendre la route. Cette fois, les rues étaient vides et sombres. Cependant, c'était pas inquiétant mais plutôt rassurant d'être avec lui, sur cette moto qui roule comme si on était dans un circuit, rien ni personne pour briser cet instant, j'avais vraiment l'impression d'être dans un film comme la scène dans « fallen angel ». Ouais à ce moment là on était Charlie Yeong et He Zhiwu, dans notre bulle.

C'est impressionnant de voir à quel point des fabulations créées par l'Homme peuvent avoir un impact sur notre vie et notre perception des choses. Si tout ça n'avait jamais existé, est-ce que notre histoire aurait été aussi intense? On a et aura toujours besoin de se comparer, mais pourquoi on ne profite pas des moments présents sans avoir besoin de rentrer dans un rôle. C'est peut-être parce que c'est grâce à eux que nous arrivons à avoir le courage d'accomplir des choses, ils nous donnent cette force de caractère qui était absente auparavant.
Alors oui, je remercie ces réalisateurs, créateurs, artistes de me donner le courage de ressembler à ces personnes qui pourtant ne me ressemblait absolument pas au départ. Merci à eux de rendre le monde plus vivable grâce à leur imagination, car sans eux, notre vie se résumerait à être maussade.

Le temps de me faire cette réflexion, on était déjà de retour en ville et arrivaient bientôt vers chez moi. Pourtant, j'avais envie de rester avec lui, crocheté autour de sa taille, effleurant ses cheveux en mettant ma tête sur son épaule et sentant son parfum. C'est bizarre de trouver un instant si plaisant que tout s'arrête autour et qu'on ne veuille pas que le temps continue d'avancer pour qu'il dure éternellement. Ce gars que j'avais rencontrer il y a moins de 3 jours semble déjà avoir sa place dans l'histoire de ma vie. Je déteste ça, je savais que j'allais m'attacher à lui. Pourtant ça me fait peur car je sais pertinemment qu'il va fatalement me faire souffrir comme tout le monde, m'abandonnant, me laissant dans ce silence insoutenable d'un jour à l'autre. Comme Mikky l'a fait, comme mon père ou ma mère et j'en passe... J'en m'emballe peut-être trop mais les histoires n'ont jamais de « happy ending », dans la vraie vie, c'est toujours des fins remplies de tristesses et de désespoir. L'amour et la haine c'est automatique, on vit de ça.

(Jey) - C'est bon on est arrivé !
(Tressy) - Merci c'était cool, Oh attend tiens ta veste j'allais oubliée de te la repasser.
(Jey) - Merci.
(Tressy) - Bon basss bye !
(Jey) - Ouais bonne soirée.

Je commence à partir, mais n'entend pas sa moto s'éloigner, j'ai envie de me retourner pour lui proposer de monter, qu'est-ce que je fais?

(Tressy) - Jey ! Tu veux venir te réchauffer en buvant un truc en haut avant de repartir ?
(Jey) - Ouais pourquoi pas ! Attend juste trouver une place pour ma moto.

Et il la parque juste devant les escaliers qui mènent à mon entrée.

(Tressy) - T'es au courant que tu n'as pas le droit de la laisser là ?
(Jey) - T'inquiètes et puis de toute façon je n'ai pas l'intention de faire long.

Bizarrement cette phrase m'a touché, on avait passé une soirée où parler n'était pas un problème, on a tout de même réussi à parler pendant plus de 3h sans jamais avoir de blancs et là il veut faire vite?

(Jey) - Grave stylé ton appart ! T'es en coloc ?
(Tressy) - Non je vis seule, avant mon ex habitait avec moi mais il a déménagé...
(Jey) - Oke
(Tressy) - Tu veux boire quoi?
(Jey) - C'est égal, ce qu'il y a.
(Tressy) - Hummm de l'eau ? Désolée j'ai pas grand chose...
(Jey) - C'est parti pour un verre d'eau alors.

Tout en me parlant, j'entend des pas dans mon salon. En revenant avec les deux verres d'eau, je le retrouve en train de contempler un photo de Vic, Gorgy, Sirine et moi lorsqu'on était en 3 ème.

(Jey) - Tu n'as pas de photo de ta famille ?
(Tressy) - Non ça fait un moment que je ne les ai pas vu...
(Jey) - Pas de très bonnes relations ?
(Tressy) - non c'est pas l'éclate mais c'est pas grave, c'est elles qui sont ma famille, les trois là.
(Jey) - Ouais je vois, ta famille de coeur...

Après avoir dit ça, il a l'air pensif, il regard un point fixe et reste comme ça un petit moment avant que je le pousse un peu avec mon épaule en lui tendant son verre. Il me regarde en me souriant, pas avec son sourire narquois, non, celui là voulait dire « t'inquiètes tout va bien » alors que j'avais bien vu que ce n'était pas le cas. Mais j'ai décidé de faire comme si de rien était, comme lui l'avait déjà fait pour moi.

La fin de soirée s'est déroulée comme ça, on a énormément parlé jusqu'à voir le soleil se lever.

(Tressy) - Je trouve toujours que la nuit est trop courte, j'adore vivre la nuit mais voir le soleil se lever m'angoisse, je ne sais pas trop pourquoi.
(Jey) - Parce que tu sais qu'une nouvelle journée est en train de commencée. Ce monde surréel dans lequel on est plongé dans la nuit s'estompe et finit par disparaître pour laisser la réalité prendre le dessus. Enfin bon, je pense que je dois rentrer !
(Tressy) - Oui, t'as besoin de quelque chose pour la route ?
(Jey) - Non ça va aller, merci. Bonne journée du coup.
(Tressy) - Bonne journée.

Et il est parti.

une histoire spéciale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant