𝙺𝚒𝚜𝚜 𝚖𝚎 - ᵐᶦⁿˢᵘⁿᵍ

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Le jeune garçon déambulait dans les rues bondées de Busan, même à cette heure-ci, des coréens et coréennes pressés couraient dans tous les sens, la plupart du temps entre deux coups de fil.

Jisung s'était fait percuter plus d'une fois par quelques épaules mais, à vrai dire, il n'y prêtait aucune attention.

L'air frais du soir lui brulait les joues ainsi que ses bras nus. Il venait de se disputer violemment avec ses parents pour la énième fois cette semaine et s'était empressé de partir sans même prendre de manteau ou téléphone. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé en simple t-shirt noir et jogging dehors, à 22h, en plein mois de février marchant vers il ne savait où.

Il essayait en vain de faire abstraction à la température glaciale de dehors et se contentait de marcher pour faire passer la rage qui le submergeait.

Une seule chose occupait son esprit.

Un endroit où il serait seul, où personne ni rien ne viendrait le déranger et où il pourrait oublier, au moins pour un soir, toute la pression qu'il subissait autant au lycée qu'à la maison.

Il en avait marre d'être le petit garçon parfait. D'être le petit lycéen aux résultats parfaits, au comportement irréprochable, à la mentalité coréenne et renfermée. Il n'en pouvais plus et ce soir il avait explosé. Encore. Comme c'était de plus en plus le cas ces derniers temps.

Jisung suffoquait à cause de « cette société de merde » comme il l'avait si bien qualifiée.

Il voulait être seul. Il devait être seul. C'était un besoin urgent.

Ou alors... était-ce l'inverse... ?

Avait-il justement besoin de quelqu'un... ?

Il n'en savait rien.

La mer.

Il venait de trouver ce dont il avait besoin là tout de suite.

La mer.

Heureusement qu'elle n'était pas loin, même à pieds.

Après un certain temps, le blond s'arrêta, toujours le regard vers le sol et les bras frigorifiés pendant misérablement le long de son corps en sous-poids. Des larmes coulèrent incontrôlablement, retraçant les traits creusés de son visage crispé et fermé.

Il se laissa tomber sur ses genoux dans le sable frais. Il agrippa le noeud qui lui tordait douloureusement le ventre de ses bras. Puis il se recroquevilla sur lui-même en enroulant ses bras squelettiques atour de ses jambes tremblantes. Sa tête reposée sur ses genoux fut très vite recouverte de morve mêlée à des larmes salées.

Je suis misérable, avait-il pensé en redoublant ses pleurs étouffés.

Il ne faisait plus du tout attention aux personnes qui chuchotaient autour de lui. Seul un bourdonnement désagréable parvenait à ses oreilles rougies.

Putain... mais comment je me suis retrouvé comme ça ?

Est-ce que je le mérite vraiment... ?

Devrais-je moi aussi succomber à la libération comme des milliers d'autres coréens ...?

Sûrement.

Han resta dans cette position une bonne dizaine de minutes.

Il releva faiblement la tête.

Malgré sa vue brouillée, il pouvait profiter du magnifique paysage qui s'offrait à lui...

La mer.

C'était beau.

Oui. C'est vrai, ce serait plus simple de succomber à la libération.