Chapitre 8

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Les films défilaient les uns après les autres, je notais tout ce qui pouvait être intéressant pour nos recherches sur un petit calpin. les images qui passaient me gênaient, je sentais le mal-être de Jeanne pendant les apparitions de Roland mais aussi ses yeux suppliant d'être aidé. Je déglutis plusieurs fois durant le visionnage et tentai tant bien que mal de garder la tête haute.  

K - Elle a toujours gardé la tête haute malgré que ses yeux la trahissent 

L - Je vois ça

K - Elle a toujours parlé de toi avec amour et faisait tout pour te rendre fière d'elle 

Je ne dis rien laissant cette phrase trotter dans ma tête, elle avait raison dans aucune des vidéos elle ne s'était énervée contre moi, jamais elle ne m'avait insulté ou humilié alors qu'elle en avait tous les droits. Après tout je l'avais abandonnée coupant tous les ponts avec elle par peur mais surtout par égoïsme. Cela faisait maintenant deux heures que nous visionnons les vidéos des séances. Katrine finit par éteindre la télévision et se tourner vers moi. 

K - On fait une pause 

L - mais ...

K - Pas de mais on ne sera pas productif si nous faisons pas de pause, surtout que je sens que tu commences à te mettre mal 

L - Comment ?

K - Car je le fais aussi, je m'en veux de ne pas avoir vu sa détresse de pas avoir insisté quand elle allait mal 

L - Je m'en veux de l'avoir abandonnée et de voir qu'elle a souffert seule

K - Pour ça que nous avons besoin d'une pause, après celle-ci nous débrieferons sur ce que nous avons déjà remarqué et nous finirons la journée à lire les articles et les notes que j'avais prises durant les séances 

L - Ca me va 

Je me levai du fauteuil sur lequel j'étais assise depuis maintenant deux heures. Je devais prendre l'air, j'en avais besoin, c'est donc d'un pas lent mais décidé que je traversais les couloirs sans vie vers la sortie de l'institut. Arrivée dehors je m'étirai et pris de grandes bouffées d'air frais, je tapotai mes mains sur mes jours pour me ressaisir et descendis les marches d'escalier. 

L - Aller ma vieille ce n'est pas le moment de flancher

Je me dirigeai vers le grand chêne qui se trouvait dans la cour, là où j'avais si souvent trouvé Jeanne en train de m'attendre ou de discuter avec Katrine. Je m'assis contre son tronc et me laissai bercer par les brises fraiches qui rafraichissaient mes esprits. 

K - Vous vous ressemblez tellement 

L - Ha bon ?

K - Oui elle adorait aussi venir ici quand ça allait pas ou qu'elle voulait être seule

L - Haha c'est bien elle ça 

Posée contre l'arbre je laissai mon esprit se vider alors que Katrine fumait sa cigarette, je ne l'avais jamais vu fumer avant mais j'avais appris de sa femme qu'elle avait commencée après le décès de Jeanne comme moyen pour s'échapper de la réalité. je ne lui en voulais pas après tout nous avions tout notre truc pour fuir le monde réel. 

K - l'air frais fait du bien 

L - Oui 

J - Je vois qu'on s'amuse sans moi 

L - Jeanne ? 

Je me redressai comme je le pouvais cherchant du regard ma copine mais ne vit rien. Je haussai les épaules croyant avoir rêvé mais quand je vis sa petite tête rousse derrière Katrine je ne pus m'empêcher de sourire. 

J - Salut 

L - Que fais-tu là 

J - Tu m'as appelé 

L - Bien sûre que non 

J - Tu ne le sais peut-être pas mais ton cœur si 

Du coin de l'œil je remarquai que Katrine me regardait attentivement, comme essayant d'analyser la situation. Jeanne me sourit elle se tourna vers Katrine, la détailla du regard avant de faire le tour de celle-ci et de revenir vers moi. Mais alors qu'elle allait se poser près de moi je le vis disparaitre sous mes yeux. 

L - Non 

Trop tard elle n'était déjà plus là. Je me relevai et regardai Katrine. 

L - Elle est partie

K - Partie ?

L  - Elle a disparu comme ça alors qu'elle venait vers moi 

K - Hum étrange 

Je ne dis plus rien et elle non plus, réfléchissant à ce qui avait bien pu se passer à l'instant. Je soufflai désespérée ne trouvant pas de réponse à ma question. Je regardai Katrine qui ne semblait pas non plus avoir de réponse précise à ça. Elle s'approcha de moi et me prit l'épaule. 

K - Ne t'en fais pas nous finirions bien par trouver

L - J'espère qu'il ne sera pas déjà trop tard

Je ne savais pas pourquoi mais au plus profond de moi je ne le sentais pas, je sentais que quelque chose n'allait pas et que ça n'allait qu'empirer. La pause finie et nos esprits calmes nous retournions au travail, passant l'après-midi à relire et analyser les notes des séances. 

L - Je suis crevée 

k - Bon faisons un point et arrêtons-nous là pour aujourd'hui 

L - D'accord 

Katrine se leva et tira un grand tableau blanc devant nous, elle le nettoya rapidement avant de prendre un Velléda et de se tourner vers moi. 

K - Que savons-nous pour l'instant ?

L - Que je peux potentiellement voir Jeanne quand je dors mais aussi quand je suis réveillée du moment que je suis assez fatiguée

Katrine nota tout ce que je disais, le tableau se remplissait au fur et à mesure de nos remarques et constatations. Après une heure à écrire nous arrivions à court d'idées. Mon amie referma donc le bouchon avant de poser le stylo sur la table. 

K - Bon si je résume ce que nous savons. 

L - Va si 

K - Jeanne passe par toi pour te parler ou t'apparaitre, comme pour elle ses visions se passent en dormant ou si son état de fatigue le permet. Ensuite pour elle Roland lui apparaissait surtout quand elle était mal et qu'elle souffrait donc si elle dégageait des émotions négatives. 

L - Ce n'est pas forcément mon cas 

K - Ses apparitions pouvaient durer plusieurs jours et pouvaient être dangereuses pour elle aussi bien mentalement que physiquement 

L - J'espère que ça dura aussi longtemps avec elle 

K - Bien donc pour la prochaine séance nous devrons trouver le sentiment ou le déclencheur de son appel mais pour le moment rentrons-nous reposer

Curieuse par ses dires je regardai ma montre et constatai qu'il était déjà dix-huit heures passées. Je me levai du fauteuil pour la dernière fois de la journée, salua Katrine et partit en direction du parking. Sur celui-ci je pris ma voiture et rentrai chez moi où je m'écroulai sur le canapé, épuisée par cette journée. Je ne mis pas longtemps à m'endormir. 

Le recueil des petits cauchemars TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant