Chapitre 15 : Poussière et misère

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Depuis aussi longtemps que je me souvienne, ma famille et moi nous avions toujours vécu dans une extrême pauvreté. Pourquoi mes parents, ayant déjà des difficultés à vivre eux-mêmes, s'étaient encombrés de deux enfants en bas âge ? Je n'en savais rien, et en réalité cela m'importait peu. Je n'en voulais pas à mes parents de m'avoir donné la vie, même dans ces conditions, pour la simple et bonne raison qu'ils m'aimaient sincèrement, et que ce sentiment était réciproque. Même malgré ce froid d'hiver intense, que nous devions affronter avec de vieux vêtements délabrés, dans une maison non chauffée, la douce chaleur de l'amour de mes parents m'emplissait de joie.

— Maman... maman, j'ai faim... se plaignit mon petit frère.

Il était en âge de comprendre que la situation était difficile pour tous, pourtant il se plaignait quand même, c'était insupportable.

— Tiens, prends ma part, lui ai-je dit.

— Merci !

Je ne voulais pas que nos parents, pour qui la vie était déjà si difficile, se privent de nourriture pour nous. Si quelqu'un devait se sacrifier, alors j'accepterais ce rôle avec plaisir.

Plus le temps passait, plus le froid s'intensifiaient et plus la nourriture manquait.

Finalement, nous n'avions plus assez d'argent pour payer la maison, nous nous sommes retrouvés à la rue.

Mon petit frère continuait de se plaindre encore et encore, il voulait une maison chauffée et pouvoir manger à sa faim.

Ce n'était malheureusement pas possible.

Depuis quelque temps, nos parents ont commencé à nous donner plus de nourriture, mais par ailleurs, ils ne mangeaient plus avec nous, prétextant qu'ils n'avaient pas faim et qu'ils mangeraient plus tard. Je n'étais pas dupe, j'avais bien compris qu'ils se privaient pour nous.

Un jour de neige ou la température était particulièrement basse, ce qui devait arriver arriva.

J'étais là, devant les corps sans vie de mes parents, à pleurer à chaudes larmes. Enfin chaude, je ne suis pas vraiment sûr que ce soit l'adjectif parfait.

— Papa... maman... avais-je murmuré en pleurant.

Je voulais hurler, annoncé au monde à quel point il était injuste et détestable. Pourquoi de braves et honnêtes gens devaient mourir comme des chiens tandis que de parfaits salopards pouvaient se hisser au sommet du monde ?

Je désirais tant exprimer toute cette rage, mais je ne pouvais pas. Mon petit frère était encore endormi, je ne voulais pas l'alerter.

Si seulement je pouvais les ramener à la vie, tout serait tellement plus simple...

J'ai pris les corps de mes parents, ils étaient terriblement froids, puis je les ai cachés plus loin. En revenant, j'ai trouvé mon frère toujours endormi, je l'ai réveillé avant de lui dire de me suivre.

— Où sont papa et maman ? me demanda-t-il.

Je n'avais pas le cœur à répondre à sa question, mais je me suis efforcé de lui donner une réponse crédible.

— Ils sont partis acheter à manger, ils vont nous rejoindre dans la rue marchande.

J'avais pour objectif de faire la manche, afin de pouvoir acheter de quoi me nourrir.

Mon petit frère me crut, il me crut même durant toute une semaine entière.

— Papa... papa et maman sont morts pas vrai... ? m'avait-il demandé.

Darkness show [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant