— Bah dit donc, tu en fais une mine. Qu'est-ce qu'il se passe ?
À peine rentrée des courses, Fédérica était montée voir Giana dans sa chambre pour savoir si tout c'était bien passé avec Pietra, mais la triste tête qu'elle tirait lui fit comprendre que les choses n'avaient pas dû se passer comme sur des roulettes.
Emmitouflée dans un peignoir, les cheveux mouillés et la peau encore écarlate suite à la longue douche presque agressive qu'elle avait prit, Giana était recroquevillée sur sa chaise, et toujours devant sa fenêtre, les yeux vagabondant ça et là, perdus sur le petit amas de terre qui constituait la tombe de son petit Dario.
— Gia ? Que s'est-il passé ? s'enquit-elle prudemment.
Elle se posta devant la jeune femme qui n'osait plus la regarder.
— Gia ? Parle moi, je t'en prie.
— Il n'y a rien à dire Fédérica.
Devant l'air livide et absent qu'elle arborait, Fédérica ne put s'empêcher de se sentir coupable. Il s'était passé quelque chose et Le Soldat l'avait encore malmené comme d'habitude. Le fait de savoir qu'elle avait pris un bain lui fit redouter le pire. Sa peau, d'où elle perçut de légères marques de griffures sur ses bras firent battre son cœur de peur. Fédérica souhaita plus que tout se tromper.
Il n'avait pas osé lui faire une atrocité pareille ?
— Gia, rassure moi, il ne t'as pas...
— Non. J'étais en colère c'est tout. C'est la première fois que je déteste mon corps. Je ne sais pas ce qui m'a pris Fédérica. J'ai simplement voulu... évacuer tout ça. Toute cette colère qui m'étouffe et me bouffe de l'intérieur.
Elle se prit la tête entre les mains, dépassée par les événements et épuisée d'avoir trop pleuré en l'espace de quelques heures.
— Je vais devenir folle Fédérica, je le sens.
— Tu as besoin de dormir.
Tendrement, Fédérica la prit par la main et l'amena jusqu'à son lit où Giana se coucha sans faire d'histoire. Elle ferma les yeux et s'endormit presque aussitôt, bercée par le bruit d'une musique classique qu'elle entendit jouer au loin, sous ses pieds.
Elle passa la journée entière à dormir sans jamais ouvrir les yeux. La nuit arriva, et avec elle, la faim, la soif qui firent vite de couper court à son sommeil réparateur. Rassérénée, Giana se leva, s'étira de tout son long puis troqua son peignoir contre des sous vêtements confortables et une longue robe de chambre noire. Elle s'aventura hors de sa chambre sans craindre de croiser Le Soldat à une heure aussi avancée de la nuit.
La jeune femme descendit les escaliers à vitesse grand V, pressée de calmer son estomac qui criait famine.
Lorsque fût le moment de passer devant la chambre de Pietra, elle sentit son poil se hérisser sous sa robe et ses cheveux se dresser sur sa tête, encore traumatisée par les événements de la veille. Giana se jura que plus jamais elle ne mettrait un pied dans cette pièce maudite et n'approcherait sa folle de sœur. Le cœur cognant hardiment dans sa poitrine, elle pressa le pas, hâte de laisser derrière elle ce sombre couloir quand des voix bien distinctes qui provenaient de la chambre de Pietra parvinrent à ses oreilles, qui, de par sa curiosité maladive, parvenaiten à capter le plus petit chuchotement. Surtout quand il s'agissait de chuchotement plus que suspect comme ceux-là. Un peu comme un vilain et gros secret qui ne devait absolument pas être révélé. Quelque chose de pas très jolie.Giana mena une lutte intérieure contre son envie d'aller coller son oreille contre la porte, sans succès. La curiosité l'emporta sur la raison et la prudence. Jurant et pestant contre elle-même, elle se retrouva assez vite dans une position délicate et plus que susceptible de lui créer des problèmes si jamais elle se faisait choper la main dans le sac.
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Gia et Le Soldat
Roman d'amourÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...