— Hope Rosa Howell —« Je n'ai pas peur de mourir... Je suis simplement effrayée de me retrouver seule dans ma tombe. »
Stone, Oklahoma, Recto.
Flashback, 7 juillet 2017.Encore une fois. Encore une semaine. Encore une minute. Encore un instant. Le corps toujours figé, les yeux toujours imbibés de larmes noires, mes battements cardiaques s'intensifièrent avec rapidité, et mes sanglots s'agenouillèrent constamment devant mon passé. Les cris avaient cessé, et avec délicatesse, ils firent place aux vestiges ténébreux que constituèrent mon esprit. Encore une fois morte — de douleur —, j'évacuais les cendres coulant le long de mon corps. Les cendres de mes péchés. Les cendres de mes étranges souvenirs.
Ces merveilleux souvenirs.
Ils étaient du genre à me pousser d'un immeuble, caresser mes cicatrices, et embrasser mes complexes. Ils étaient le reflet de ma détresse, les bienfaits de ma liberté. Voilà comment mes souvenirs étaient : doux et violents, chauds et froids, pêcheurs et croyants, braves et narquois. Sous un brouillard de bonheur, ils étaient les seuls pour lesquels nos larmes revenaient. Ils étaient mes meilleurs chagrins et mes pires sacrifices.
Ces merveilleux souvenirs.
Ils caressèrent ma peau de façon fraternelle, puis firent glisser une lame contre mon cœur. Ils usèrent de leur amour pour mieux me tuer, ils contemplèrent ma voix s'éteindre et ma peau devenir froide, ils observèrent mes cheveux devenir ternes et mes lèvres devenir bleues, ils noyèrent chacun de mes doutes pour mieux flotter dans la rivière de mes tourments, ils quittèrent leur monde pour atterrir dans le mien, et ils chantonnèrent le son des sirènes et marmonnèrent les mélodies des princesses.
On the farm, it's rabbit pie day... So ev'ry Friday that ever comes along...
Cette douce balade était pour le moment la seule qui me garda éveillée. Je me la répétais en boucle. Je chantonnais sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrivait — je savais juste que c'était ce qu'il fallait faire. Comme si ces tristes paroles pouvaient me sauver de ce trou noir. Comme si elles étaient ma bouée de sauvetage, ou la fin d'un tunnel interminable... Je murmurais ça, au fond de ma tête. Je chuchotais ça cruellement dans les tréfonds de ma mémoire. C'était la seule lumière dans un bain de couleurs sombres. C'était ma seule lumière. Et elle continuera de scintiller aussi longtemps que mes souvenirs continueront de briller, que mon cœur continuera de battre, et que mes larmes continueront de couler. Elle restera ici, à chercher mes défauts et mes pensées.
I get up early and sing this little song... Run, rabbit, run, rabbit, run, run, run...
Au fond de moi, à travers les centaines de lésions impénitentes et derrière mes pleurs amères, l'entièreté de ma mémoire exhiba son dernier souffle. Je ne sus trouver les bons mots pour guérir mes pensées de leurs afflictions. Les murs blancs, équivoques de sens et subjugués de pouvoirs sépulcraux. Les sachets blancs, indignés par nos affronts et perdus entre nos inspirations. Les larmes blanches, dont la volupté maigrit et les défiances s'affaiblissent.
Ils étaient tous nos pires cauchemars. Pourtant, préférant souffrir et oublier, nous les choisissons en premier.
Ces gouttes chaudes qui franchissaient les frontières de mon visage avaient négligé l'acuité des chants injurieux présents dans mes prières. D'une voix faible et inaudible, je mâchouillais ces paroles lointaines. Ces paroles imaginaires.
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THE LAST HOPE
Storie d'amoreAu cœur du Stone, l'espoir se faisait silencieux. Hope était une de ces nombreuses inconnues qui espéraient sans réellement connaître la valeur de son âme. Tout ce qu'elle connaissait depuis son plus jeune âge était la patience. Patienter pour que...