Chapitre 4

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« Voilà plus de trois siècles que des rois égoïstes et stupides siègent sur le trône d'Astia. Sirion est probablement le pire de tous, et le régime qu'il a instauré dans la ville ne saurait durer plus longtemps. Nous nous devons d'intervenir, les Astiates n'ont déjà que trop souffert de ses caprices ! N'est-ce pas notre rôle après tout ? Garder en équilibre les grandes forces de ce monde ? Sirion est vieux et sa descendance inexistante, nous nous approchons d'une situation encore jamais vue dans l'histoire de la couronne que l'on se doit de surveiller. »

Intervention d'Imlith Enuriel devant le conseil des Ombres


« Je ne m'arrêterai pas tant qu'Astia ne sera pas entièrement débarrassée de toutes les vipères et vermines qui envahissent nos rues. Alors seulement je pourrai me reposer en sachant que j'ai créé l'œuvre parfaite. »

Sirion Bulford, souverain d'Astia


Les premiers rayons commençaient à peine à se refléter sur les toits lorsqu'ils prirent la route, et de petits nuages de condensation se formaient dans leur sillage. Cela rappelait à Saral les premiers givres à l'orphelinat, lorsqu'on rallumait les feux dans les salles de tissage pour éviter que leurs doigts ne s'engourdissent. Il s'agissait des seuls moments où il ne rechignait pas à travailler, et où le crépuscule annonçait des nuits agitées à écouter siffler le vent et les toux interminables.

Il était encore trop tôt pour que l'eau se transforme en glace, mais ce refroidissement lui rappelait l'urgence de la situation, et Saral guidait Tess d'un pas déterminé entre les avenues quasi désertes. En ce lendemain de festival, Astia était comme vidée de son habituel bourdonnement. Leur passage s'accompagnait d'une odeur rance qu'il ne parvenait à identifier, un peu comme si l'on avait souillé l'entièreté de la ville. Peut-être était-ce pour cela que personne n'arpentait les rues pour se rendre au marché ou aller travailler dans les ateliers ?

À ses côtés, Tess resserrait la cape qu'il lui avait prêtée. Son visage arborait une mine sérieuse qui semblait seulement prendre conscience de leur précarité.

— Tu as déjà entendu parler des catacombes ? lui demanda-t-elle.

— Vaguement, pourquoi ?

— On m'a raconté qu'une partie du trésor de la couronne y était enfouie. Apparemment, il y a tellement de salles et de couloirs sous nos pieds que personne n'a jamais réussi à le retrouver. Imagine que l'on parvienne à mettre la main dessus... On n'aurait plus à se soucier de rien.

— Tu parles, on ne descendra pas là-bas, ce serait bien trop dangereux et l'on ne sait même pas comment y accéder.

— Je sais, mais imagine quand même, que ferais-tu avec tout cet argent ?

— Et bien, pour commencer, je prendrais un bain bien chaud, jusqu'à ce que mes doigts soient tout fripés, et ensuite je m'achèterais de nouveaux vêtements. Les nôtres sentent presque aussi mauvais que le gris qui garde la laverie.

— Avec autant de schlens, je crois que je m'offrirais un théâtre dans le centre-ville, pour raconter les histoires que j'imaginais avec ma maman et ma sœur. Ce serait fabuleux, des gens viendraient tous les soirs pour me voir jouer sur scène, et je n'aurais plus jamais faim ou froid. Tu ne rêves pas de plus ?

— Et bien, j'aimerais partir à la recherche de mes parents, savoir qui ils sont. Il doit bien y avoir une trace d'eux quelque part.

— Tu risques peut-être de tomber sur des choses que tu ne veux pas entendre.

— Je veux juste connaître la vérité. Le reste n'a pas vraiment d'importance.

— Ça vaut ce que ça vaut, mais ils conservent des archives sur chacun d'entre nous à l'orphelinat. Le problème, c'est que personne n'y a accès hormis une poignée de gris et la préfète...

Avalar - Tome 1 - Le peuple ancienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant