Vie de Valeur - Tome 2

11. Paix

          Depuis quelques semaines, Samuel et Ornella ne se quittaient plus d'une semelle. Ils s'appelaient constamment, se retrouvaient pour partager tous leurs repas et leur temps libre puis se séparaient tard le soir jusqu'au lendemain à la première heure. Talia avait pu profiter de son frère et sa charmante compagne avant d'aller voir ses parents à Kilambu. Elle constata que la nouvelle des retrouvailles de Samuel et Ornella l'avait devancée. Marcello n'y était pas pour rien. Il était si heureux de savoir ses deux protégés à nouveau réunis qu'il l'avait crié à qui voulait l'entendre. Et comme sa boutique située dans l'un des quartiers les plus peuplé du pays avait gagné en popularité, la nouvelle s'était répandue comme un feu de forêt. Au marché de Mbandu, le couple phare était au centre de toutes les discussions depuis des jours.

          Ainsi, la nouvelle parvint aux oreilles de Merveille. Excédée de voir le monde entier se réjouir du bonheur d'Ornella, elle prit une décision radicale. Le moment était venu pour elle de régler ses comptes. Elle se rendit à la hâte chez Marcello afin de découvrir où Samuel et Ornella vivaient paisiblement leur idylle. Elle entra dans la boutique en trombe, passant devant toutes les personnes qui faisaient la queue.

Marcello : Bonjour, je serai ravi de vous aider mais il vous faudra patienter.

Merveille : Vous êtes bien Marcello Tshimbu, le tailleur ?

Marcello : Qui le demande ?

Merveille : Merveille Imani Mavula !

          Le silence se fit autour d'eux. Tout le monde à Kilambu connaissait le nom des MAVULA. Marcello s'arrêta un moment pour regarder la demoiselle d'un peu plus près. Sa beauté légendaire ne l'était plus autant. Ses traits fins étaient déformés par la rage et le manque de sommeil. Elle était terne, sans plus aucun éclat si ce n'était des flammes dans le regard.

Marcello : Je n'avais encore jamais eu le déplaisir de te rencontrer en personne. Tu n'as vraiment pas bonne mine ! Tu m'excuseras, j'ai du travail.

Merveille : Je n'ai aucune envie de vous excuser ni de patienter.

Marcello : Tu veux sûrement avoir des nouvelles d'Ornella, n'est-ce pas ? Tu n'entends pas les nouvelles qui circulent ? Elle est heureuse, amoureuse, épanouie ! Tu veux voir comme elle s'en sort bien sans vous ?

          Marcello se retourna pour décrocher plusieurs photos de son mur, derrière le comptoir. Il les glissa sous le nez de Merveille et pointa Ornella souriant à pleines dents puis elle et son Samuel, enlacés, riant sous un Soleil radieux. Ornella était plus belle que jamais. Elle ne ressemblait plus à la fille frêle qu'elle était. Elle n'avait plus les joues creusées mais bien pleines et on devinait ses formes plantureuses sous sa jolie robe légère et colorée. On discernait à peine les anciennes meurtrissures qu'elle avait honte de montrer autrefois.

Marcello : Tu vois comme elle se porte bien ? Vivalès lui va à ravir ! Elle rayonne, grâce à Dieu ! Quitter votre maison est la meilleure chose qui lui soit arrivée. Malheureusement pour vous ! Elle portait la bénédiction de Dieu dans votre foyer et depuis qu'elle s'en est allée, vous avez cessé de prospérer. Tu sais pourquoi ? Parce qu'elle a toujours eu la faveur de Dieu sur sa vie malgré ce que vous vous êtes efforcé de lui faire croire. Elle est bien plus heureuse là où elle est. Laisse-la vivre à présent.

          Au lieu d'être excédée et de vociférer contre Marcello, Merveille sourit. Vivalès ? Très bien. Marcello fut intrigué, presque apeuré. Elle retourna la photo et s'adressa au vieux tailleur.