• 𝓖𝓲𝓾𝓵𝓲𝓪 •Naples, Italie, 3h46.
Je regardai l'homme en face de moi recharger son arme et tirer sur la cible devant nous. Cette dernière s'écroula au sol, et nagea dorénavant dans un bain de sang.
L'homme se retourna, et me tendit son arme, un sourire sincère sur le visage. Je le pris, le rechargea comme il m'avait appris des années plus tôt, et tira sur la femme d'à côté. La balle se logea entre ses deux yeux, alors que ces derniers me suppliaient du regard.
La femme s'écroula à son tour, laissant derrière que de misérables taches rouges.
Avoir pitié de son ennemi, c'était être sans pitié pour soi-même, or on se fatiguait de la pitié, quand la pitié était inutile.
Mon cœur battait fort dans ma poitrine, et à cet instant, je ressentais ce sentiment d'accomplissement. D'honneur.
L'homme, aussi appelé El Capo, s'approcha de moi et posa sa main sur mon épaule, la fierté se voyait sur son visage, alors qu'il me regardait droit dans les yeux.
Mon visage était fermé, et même si je savais qu'aucune émotion ne me trahissait, El Capo réussissait tout de même à deviner mon état d'excitation. Il en avait l'habitude maintenant.
- J'aurai aimé que tu sois ma fille.
La fierté gonflait autant son cœur que le miens. J'aurai également aimé ne pas avoir le père que j'avais, mais lui. Il était peut-être un monstre sans cœur, mais il m'offrait ce dont j'avais envie.
Peu m'importait ce qu'il faisait aux autres, tant que moi j'étais sous sa protection.
L'égoïsme seul permettait à l'individu de conserver son bien le plus précieux : la vie.
Et plus important encore, il m'avait permis un avenir fait de noirceur et de rouge.
- Tu peux y aller, mia figlia (ma fille).
Il tendit son autre main pour récupérer son arme, que je lui tendis avant d'hocher la tête et de tourner les talons. Il avait pris cette habitude de m'appeler « ma fille » depuis plus de trois ans, pourtant je me résignai à l'appeler par son prénom.
Je savais qu'il aurait voulu plus que ça, mais je n'en avais pas le droit. Il n'était pas mon père, et ne le sera jamais.
Je m'approchai de la porte en fer quand je vis une silhouette adossée à cette dernière, les bras croisés. Je ne lui porta aucune attention, et traversa sans un mot.
Alors que je commençai à descendre les escaliers, la voix de cette femme m'interpella.
- Tes entraînements avec mon père se passent bien ?
Je m'arrêtai puis me retournai lentement vers elle avant de lui rire au nez. Montrer sa jalousie aussi directement n'était pas une bonne chose dans ce monde. Elle ne savait pas cacher ses sentiments et émotions, voilà pourquoi son père ne l'aimait pas.
Mais était-ce mon problème ? Pas le moins du monde. Elle pouvait bien mourir sous la douleur que je ne bougerai pas le petit doigt.
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Moretti
RomanceUne femme, deux vies. Celle d'une danseuse. Celle d'une tueuse. Pourtant, un seul nom les relie entre elles. Et ce nom, parfois imprononçable, reste le mystère qui forme la barrière entre ces deux facettes. De l'autre côté, un homme revenu pour...