DarylJe crois que Dorian est sorti du wigwam encore plus inquiet que moi. Il ne cesse de me toucher comme s'il avait peur que je disparaisse devant ses yeux. En même temps, je ne peux lui en vouloir puisqu'il est sous l'influence d'un tabac qui le rend bien différent de l'homme introverti que je connais. Étant donné que je conduis la moto, j'ai trouvé plus sage de passer mon tour lorsque la vieille femme est revenue avec un verre d'eau à la main. J'ai donc toutes mes facultés, ce qui n'est pas du tout le cas de mon beau brun.
Après une dixième fois où Dorian passe sa main sur mon visage, je commence à me demander ce que le chaman a pu lui raconter comme sornettes pour le mettre dans cet état. Encore une fois, j'ai failli à ma tâche.
L'inquiétude le ronge.
– Tu veux bien me dire ce que tu as eu comme révélation ? demandé-je afin qu'il cesse de tourner autour de moi, à l'affût de je-ne-sais-quel danger imaginaire.
– Je ne peux pas.
– Ce n'est pas un souhait, tu sais. Cela ne disparaîtra pas en me révélant quelques infos.
– Si seulement c'en était un, je te dirais tout, se lamente-t-il. Il faut que je trouve comment faire avant que ce soit toi. Il faut que tu restes.
– Je me demande ce qu'ils ont utilisé comme herbe, dans ce calumet, rigolé-je en essayant de décrypter ses phrases sans queue ni tête. Allez beau brun, on va retourner à l'entrée de la réserve. Toi, tu as grand besoin d'une bouffée d'air.
Il ne dit pas un mot de plus, songeant sans doute à ce que l'Amérindien lui a mis dans la tête. Dès que nous mettons un pied dans le sentier, Dorian attrape ma main avec fermeté. Chaque mouvement que je fais pour être plus à l'aise lui fait renforcer sa prise qui finit par devenir douloureuse. Je serre les mâchoires ; pour le temps qu'il nous reste à marcher, je vais endurer. Quelques minutes plus tard, je souffle de soulagement en voyant le grand totem qui marque la fin du sentier, ainsi que ma délivrance. L'emblème représente divers animaux qui nous saluent tous ; un dernier aurevoir dans ce lieu hors du temps. Je récupère enfin ma main endolorie alors que Dorian demeure silencieux. Moi qui croyais lui changer les idées en venant ici, on dirait que cette première destination n'a pas eu l'effet escompté.
Après avoir revêtu nos combinaisons, je grimpe sur la moto et Dorian en fait autant. Il semble avoir réussi à passer par-dessus ses peurs de me déranger car il insère tout de suite ses bras autour de ma taille et cale sa tête contre mon épaule. Cela me fait plaisir qu'il se sente à l'aise. Ou peut-être est-ce toujours cette anxiété qui le tenaille. Dans tous les cas, nous roulons une autre demi-heure pour finalement atteindre notre dernière destination.
Mon beau brun a encore les yeux dilatés à outrance, mais je crois qu'on peut dire que ce sera encore plus amusant pour lui.
— Un lac ? dit-il en se penchant pour voir l'eau à des centaines de pieds en contrebas.
Je le tire avec entrain vers la longue grue qui servira de point de départ pour notre plongeon. Il n'est plus question de lui cacher notre activité puisqu'au moment où nous arrivons sur le ponceau, entre la terre ferme et la grue, une jeune femme se jette dans le vide en criant à tue-tête. Je regarde aussitôt Dorian qui ne semble pas trop apprécier l'idée.
— Tu vas voir, ce n'est pas si mal. Tu as dit aimer l'adrénaline, tenté-je alors que je le sens retenir ma main pour ne pas que j'accède à la grue.
— N'y va pas ! me supplie-t-il aussitôt.
— C'est sans danger. Tout est bien vérifié avant chaque plongeon.
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Burn out
RomanceQuand le grand champion automobile Dorian Firsten, étouffé par l'emprise d'un père tyrannique, rencontre le pilote de Superbike Daryl White, sa vie s'en trouve complètement chamboulée. Face à ce qui l'entoure, le jeune motard n'est que joie de vivre...