Chapitre 20

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Le combat faisait rage sur la place mais j'avais un plan, je devais tout faire pour réussir car aucun de nous ne lâcherai temps qu'il n'y aura pas de mort. Du coin de l'œil je regardai rapidement autour de moi pour trouver comment le faire reculer assez pour qu'il se place juste devant sa fin. 

J - Putain arrête dix secondes non ? 

Au loin je remarquai bien vite une petite carriole, je souris devant cette trouvaille qui me serait utile. Il faut maintenant que je pousse ce monstre dessus puis que je mette assez de force pour faire reculer le chariot jusqu'à la petite auberge. Autour de moi ne se trouvent plus que des ruines et des décombres là où avant se trouvaient de jolies maisons qui donnaient de la vie au village. Je soupirai triste, il faudra que je trouve un moyen de reconstruire ce petit village après cet affrontement pour me faire pardonner auprès des villageois. 

J - Tu commences vraiment à me faire chier

Mon corps chauffa de nouveau, cette douce sensation de picotements et de bien-être s'empara de moi me faisant soupirer d'aise. Je ne savais pas que la colère pouvait être aussi douce et agréable. Je relevai la tête vers la créature, me concentrai et le tapai de toutes mes forces. La bête hurla de douleur avant de tituber en reculant. Il recula, recula, écrasant tout sur son passage. Je le regardai avancer vers la carriole le sourire aux lèvres. Je ne me reconnaissais pas actuellement mais pour une fois cela ne me faisait pas peur, après tout j'allais devenir un monstre alors autant accepté cela tout de suite. Le monstre se prit le pied dans le chariot, ce qui me fit crier de joie. 

J - Yes

Je sentais mon corps prit d'une violente convulsion, j'avais soif, très soif. Je grognai essayant de me libérer de cette soif mais n'y arrivai pas. Dans un élan fou et incontrôlé je m'approchai en courant de la bête, je posai mes mains sur lui et le poussai fortement en arrière sous ses rugissements de protestations.

J - Meurs pour moi 

Le chariot se mit à rouler pendant que le monstre gesticulait dessus avant de s'en échapper. Je regardai un instant la scène obnubilée par la souffrance du monstre cela me plaisait énormément. Puis je secouai la tête pour me reprendre et m'avançai à mon tour de l'auberge. 

J - Un dernier mot ? 

Rien tout n'était plus que silence et calme. Je m'approchai du monstre, échangeai un rapide regard avec lui avant de le saisir et de le frapper. Je lui donnai un coup de poing, puis un autre et encore un autre. Petit à petit mon ennemi s'approcha de l'enseigne jusqu'à le toucher de son corps. Je relevai alors la tête vers lui et souris d'un sourire carnassier. Cette personne n'était pas moi, des larmes coulaient le long de mes joues. Dans un dernier coup la barre de ferraille transperça le corps du monstre qui hurlait la mort. Le bout ressortait de l'autre côté, du sang giclait dans tous les sens. A l'odeur de celui-ci je perdis le contrôle, la soif revint et sans que je ne puisse rien faire je me retrouvai à manger la chair de mon ennemi mort. 

J - C'est bon 

Je mangeai sans me préoccuper de ce qui m'entourait, j'étais hypnotisée  par la chair fraiche de ce monstre. Je n'étais plus là, mon esprit était partis, j'étais devenue un monstre. Alors que je en pouvais m'arrêter je me sentis tirer en arrière. Frustrée je lâchai un grognement horrible, une main serra ma taille alors que l'autre se posa sur mes yeux pour me cacher la vue. 

M - Arrête

J - Lâche moi 

M - Non ce n'est pas toi

J - Lâche moi 

M - Tu ne dois pas succomber, tu dois rester toi, tu ne dois pas te perdre comme les autres

Mon corps s'agita dans tous les sens, je luttai pour échapper à son emprise alors que celle-ci se resserra encore plus autour de moi. Alors que je hurlai une odeur de vanille arriva à mon nez, j'arrêtai tous mes mouvements, mon corps se détendit doucement et je finis par me calmer. Je repris peu à peu la maîtrise de mon corps. 

M - Voilà c'est ça 

J - Je...je 

Mireille me lâcha enfin, je sentis un haut-le-cœur me prendre et vomis tout ce que je venais d'engloutir. Alors que je vidais mon estomac mes yeux cherchèrent l'origine de cette douce odeur que seule ma Lucie avait. Je ne voyais rien autour de moi, je me perdais dans cette recherche inutile. Mireille posa sa main sur mon épaule doucement, elle me sourit et me dit. 

M - Tu cherches la source de cette odeur 

J'hochai la tête sans rien dire ne lâchant pas les alentours du regard. La vieille femme se mit à fouiller dans un sac que je n'avais pas remarqué avant. Un petit glapissement en sortit attirant mon attention dessus, Mireille fit apparaître une petite bête de son sac, elle me le tendit. D'une main frêle je l'attrapai avant de le serrer contre moi et de le humer, l'odeur de vanille venait donc bien de lui. 

J - C'est quoi ? 

M - Un familier 

J - Oui mais quoi comme espèce

M - Dans ton monde on aurait pu appeler ça un chien 

Je m'assis doucement mettant cette petite boule entre mes jambes, je la détaillai du regard, elle avait de petites pattes noires toutes poilues comme le reste de son corps enfaite. C'est vrai qu'il ressemblait à un chien malgré ses petites ailes et cornes qui ornaient son corps. Je souris doucement portant la petite bête devant mon visage, il comprit le message et se mit à me lécher content de lui.

J - Il est pour moi ? 

M - Oui mais...

J - Merci 

M - Sache que ce petit pépère va grandir très vite, il sera très grand et gros alors fait attention

J - Promis, tu ....

Alors que j'allais donner un petit prénom à cet ange j'entendis des pas précipités s'approcher de moi. Une foule de villageois fit son apparition avant de s'agglutiner devant le corps du monstre sans vite. Un petit silence se fit entendre avant qu'un hurlement de joie ne la remplace, les gens se ruèrent sur moi me remerciant en pleurant. Je me levai et leur dis.

J - Je suis désolée pour vos maisons et m'engage à les regarder 

- Ce n'est pas grave vous nous avez libérés

J - Je le sais mais je me doit de vous offrir le mieux pour vous alors vos maisons seront rebâties 

- Merci 

M - Rentrons nous reposer 

Je ne dis rien de plus, saluai tout le monde avant de me mettre en marche vers le manoir. Etrangement je ne me sentais pas mieux, au fond de moi cette petite faim m'appelait, j'avais peur de me perdre et peur de devenir comme Roland. Je ne voulais pas, c'est donc perdue dans mes pensées que je remontai les petites rues vers la maison. 

Le recueil des petits cauchemars TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant