À tambour battant, tel était l'ampleur du bruit assourdissant de l'impact des gouttes de pluie sur le sol de la ville de Belle-vue ce soir là. Dans la violence de cet orage qui semblait vouloir engloutir la ville toute entière, une jeune fille se battait à se frayer un chemin malgré ses jambes ruisselant de sang et tremblant encore de la douleur d'un enfantement primipare épuisant, qu'elle s'était débrouillée à effectuer toute seule du début à la fin.
Oú pouvait-elle Ainsi se diriger tenant dans l'étau de ses bras, ce nouveau né dont le cordon ombilical coupé de façon tout à fait rudimentaire pendait encore au beau milieu de son ventre?Elle s'appelait Rachel, n'avait que vingt ans et avait pendant huit mois et demi réussi l'exploit de cacher sa grossesse à tout son entourage.
Il faut dire que la vie n'avait jamais été particulièrement douce pour la jeune fille qui n'ayant ni père ni mère, malgré son jeune âge ne vivait que du travail du sexe.
Sa beauté était pourtant sans égale dans toute la ville et tous les hommes étaient attirés non seulement par l'abondance de ses formes mais aussi par sa jeunesse. Elle était le résultat d'un épatant mélange entre une femme mulâtre et un homme blanc et était elle même souvent confondue aux blancs de par la clarté de sa peau. Ses yeux étaient d'un bleu brillant et ses long cheveux bruns ondulés semblaient luire de mille flammes, même dans les ténèbres de cette nuit orageuse.
Elle s'était retrouvée enceinte sans avoir une petite idée de qui pouvait bien être le père de cet enfant parmi les nombreux hommes qu'elle avait satisfait sexuellement au cours de l'année de la conception. Une seule chose était sûre, c'était que ce bébé, qui sortant du ventre, avait la peau plus sombre que celle de sa mère, n'était pas d'un homme blanc et Dieu savait que ne pas être blanc dans la ville de Belle-vue comme dans le pays tout entier était un gros handicap.Ancienne colonie française, le pays avait pendant longtemps été sous la domination et l'oppression du peuple caucasien. Même après la fin de l'ère coloniale, le peuple noir resta réduits au tâches secondaires, le ménage, le jardinage, le service de salle, la maçonnerie entre autres, pendant que les blancs eux, régnaient en maîtres absolus. Ils possédaient toutes les terres, les plus belles maisons, les postes les plus stratégiques tant dans la politique que dans tous les autres secteurs gouvernementaux. Rien ne liait les deux camps.
Les séquelles de la ségrégation raciale ayant régné dans le pays pendant des centaines d'années étaient restées bien visibles.
pendant longtemps les mariages interraciaux et les relations sexuelles entre blancs et noirs étaient explicitement interdits par la loi, le métissage apparaissant beaucoup plus comme une forme de dégénérescence qui affaiblissait la race prétendument supérieure, altérant ainsi la pureté du sang et diminuant les aptitudes naturelles des deux races. Une amende très lourde était d'ailleurs infligée aux personnes coupables de relations sexuelles interraciales. Il fallait à tout prix préserver la pureté de la race blanche, d'où une seule gouttes de sang noir dans les veines et on n'était en aucun cas considéré comme de race blanche.
Dans une conjoncture socio -anthropologique pareille, une jeune fille ni noire ni blanche comme Rachel était rejetée de tous. La communauté noire ne la reconnaissant pas comme faisant partie des leurs et la blanche non plus. Tout ce qui lui restait donc à faire était de devenir des filles de joie, au service des hommes qui venaient vers elles uniquement quand tous les chats devenaient gris.N'ayant donc ni force ni moyens financiers pour élever un enfant, manquant même de moyens nécessaires pour se payer un avortement clinique, Rachel prît la lourde et pénible décision de soigneusement dissimuler sa grossesse et d'abandonner le bébé aux portes d'un orphelinat après sa naissance.
C'est donc vers là que se dirigeait la jeune fille, le cœur éclater en mille morceaux de la douleur d'être obligée de renoncer à son enfant.
Elle finit par arriver devant l'orphelinat des Sœurs de la perpétuelle indulgence, qui à force de recevoir des enfants abandonnés par leurs parents n'avait presque plus de place pour en accommoder plus.
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AU DELÀ DE TOUTE ÉPREUVE
AvontuurLe destin de trois orphelins qui voient leur relation complètement bousiller à cause de la jalousie et de la trahison mais aussi nous nagerons tous dans une profonde histoire d'amour entre un jeune homme noir et un jeune blanc de bonne famille dont...