Chapitre 18

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Ma pause déjeuner a failli être phagocytée par des exigences administratives. Cependant, le piège du retour de mon mari s'est refermé sur moi. Benjamin ne m'a laissé aucune chance, le voici installé dans mon cabinet avec des plats asiatiques dont j'ignore le nom. Je vois juste du riz et du poulet dans mon assiette.

« Ne fais pas cette tête, je sais que tu aimes.

— Je ne suis juste pas d'accord que tu décides de mon emploi du temps à ma place.

— C'est le privilège du futur ex-mari : pouvoir faire ce que tu aurais habituellement formellement refusé.

— Et est-ce si grave, au fond ?

— Oui, tant que tu continueras à ne pas regarder ton portable qui n'a de cesse de clignoter ».

En effet, depuis plusieurs minutes maintenant, les bandeaux lumineux qui entourent mon téléphone ne cessent de se parer de leurs plus belles couleurs. Grâce à la chaleur de ces dernières, je sais parfaitement qu'il s'agit d'un message par SMS. Ma pause déjeuner étant, de force, consacrée à Benjamin, je me refuse à regarder.

« Tu as conscience que je vais le faire à ta place ? ».

Sans complexe, le concerné néglige mon attention. En effet, je le sais. Il ne me laissera aucun répit. Je saisis mon téléphone et, évidemment, constate que l'expéditeur n'est autre que Nathan. Je ne parviens pas à réfréner un léger sourire, qui constitue alors l'ardent indice dont Benjamin avait besoin.

« Lis, allez, à voix haute ».

Bonjour Alban, merci de votre retour si positif hier. Puis-je vous proposer chacun des soirs de la semaine ? Avec une nette préférence pour aujourd'hui. Où vous voulez. Je serai là. Bonne journée, Nathan.

Je ne laisse transparaître aucune émotion, je ne donne aucune chance à Benjamin. Il se ruera bien assez vite sur moi dans quelques secondes.

« Accepte ! J'avais prévu d'aller récupérer des affaires pour les rapporter ici.

— Je ne comptais pas gérer mon emploi du temps en fonction de toi, tu sais.

— Oui, tu as raison, jouons au jeu des époux divorcés distants. Ça ne prend plus, nous sommes libres. Et je suis convaincu que tu meures d'envie de le revoir.

— Je te reconnais une légère exactitude dans le premier cas, mais tu es à côté pour ta seconde idée.

— Tu ne veux pas le revoir ?

— Je dis simplement que je ne suis pas aussi impatient que toi.

— Arrête, je t'ai déjà dit que ce n'était qu'une poussée libidinale passagère...

— Je ne faisais pas référence à ce point.

— Alors pense juste à lui qui a attendu exactement vingt-quatre heures pour te répondre, sans doute pour ne pas paraître trop impatient ».

Un rapide coup d'œil à l'horloge murale me confirme les dires de Benjamin. Nathan a attendu précisément qu'un jour se soit écoulé pour répondre. Je capitule et lui réponds.

Rendez-vous est donc pris en bas de mon immeuble, là où je vous ai déposé. Nous irons dans un bar à cocktails non loin. Je terminerai vers vingt heures. Disons trente minutes plus tard. ASA.

« Cinq, quatre, trois, deux, un... »

La notification apparaît avec une seconde de retard.

Génial ! A ce soir !

« Tu es fier de toi ?

— Tu n'as pas idée.

— Espèce de voyeur.

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant